En début de semaine, une proposition, remplie d’espoir, prévoirait trois étapes, au cours desquelles le Hamas devrait délivrer l’ensemble des otages israéliens en échange de la libération de prisonniers palestiniens. Le projet d’accord contiendrait également un volet humanitaire et le retrait de Tsahal de la bande de Gaza tandis que des menaces de l’Iran font monter la tension au Proche-Orient.
Gaza : Otages contre détenus
Cette fois, l’ensemble des partis semble regarder dans le même sens. Des représentants du gouvernement israélien et du Hamas se sont retrouvés dimanche au Caire pour des négociations indirectes via les médiateurs de l’Égypte, des États-Unis et du Qatar.
En guerre contre Israël depuis les attaques sanglantes du 7 octobre, le Hamas examine une proposition de trêve en trois étapes, dont la première prévoit un cessez-le-feu de six semaines, a indiqué lundi à l’AFP une source au sein du mouvement islamiste palestinien.
La nouvelle proposition prévoit également dans une première étape la libération de 42 otages israéliennes (dont des militaires, des enfants et des femmes âgées) en échange de 800 à 900 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont une centaine y purgeant de longues peines y compris à perpétuité, a précisé cette source proche des négociations.
Par ailleurs, le projet d’accord stipule l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour dans la bande de Gaza et le retour chez eux des habitants du nord du petit territoire palestinien déplacés par la guerre, a précisé cette source.
Dans un deuxième temps, tous les autres otages seraient libérés. Israël estime qu’il reste actuellement 129 otages encore captifs dans la bande de Gaza, et que parmi eux 34 sont morts. En échange seraient libérés un nombre encore indéterminé de détenus palestiniens.
Une troisième et dernière étape prévoit le retrait complet de l’armée israélienne de la bande de Gaza et la fin du siège du territoire imposé par Israël après que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Les États-Unis ont de leur côté affirmé lundi que les médiateurs avaient présenté au Hamas une proposition de cessez-le-feu. « Maintenant, il revient au Hamas de la concrétiser », a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, refusant de révéler des détails de cet accord pour ne pas le « torpiller ». Les pourparlers au Caire ont été « sérieux » mais il est trop tôt pour dire s’ils vont porter leurs fruits, a souligné la Maison Blanche.
Une trêve à Gaza espérée: « Nous sommes au moment opportun »
Le tout, alors que le ministre de la Défense israélien a jugé ce lundi « le moment opportun » pour conclure une trêve avec le Hamas à Gaza en échange de la libération des otages. « Il y aura des décisions difficiles, nous devons être prêts à payer le prix pour faire revenir les otages avant de repartir au combat. Nous sommes au moment opportun » pour le faire, a déclaré Yoav Gallant devant des recrues.
Le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News, citant une source égyptienne haut placée, a fait état de « progrès significatifs », mais des sources des deux belligérants se sont montrées nettement plus prudentes, ces nouvelles négociations indirectes au Caire n’ayant pas permis d’après elles de surmonter les blocages.
Le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a pour sa part, appelé à un accord avec le Hamas pour libérer les otages lors d’une visite aux États-Unis, qui ont exprimé leur frustration croissante à l’égard de Benyamin Netanyahou. « Un accord sur les otages est réalisable. C’est un accord difficile, c’est un accord que nous n’aimerons peut-être pas, mais il est faisable et doit donc être conclu », a-t-il déclaré à la presse à l’issue d’un entretien avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Il a précisé que l’opposition offrirait un soutien temporaire au gouvernement de droite de Benyamin Netanyahou si ce dernier approuvait un accord soutenu par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, qui prévoirait la libération des otages retenus par le Hamas et une trêve dans la guerre de Gaza, entrée dans son septième mois.
Après une trêve d’une semaine fin novembre qui a permis la libération de 80 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens, toutes les autres tentatives de négociation avaient échoué depuis.
La Paix à Gaza :« Maintenant, il revient au Hamas de la concrétiser »
Une troisième et dernière étape prévoit le retrait complet de l’armée israélienne de la bande de Gaza et la fin du siège du territoire imposé par Israël après que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Les États-Unis ont de leur côté affirmé lundi que les médiateurs avaient présenté au Hamas une proposition de cessez-le-feu.
« Maintenant, il revient au Hamas de la concrétiser », a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, refusant de révéler des détails de cet accord pour ne pas le « torpiller ».
Les pourparlers au Caire ont été « sérieux » mais il est trop tôt pour dire s’ils vont porter leurs fruits, a souligné la Maison Blanche.
Après une trêve d’une semaine fin novembre qui a permis la libération de 80 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens, toutes les autres tentatives de négociation ont échoué depuis.
Gaza court le risque des représailles
Des menaces de représailles de l’Iran ont de nouveau fait monter jeudi la tension au Proche-Orient, au moment où Israël et le Hamas semblent maintenir leurs exigences face à une proposition des médiateurs pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.
Des bombardements israéliens ont visé jeudi le territoire palestinien, notamment le sud, selon des témoins, pendant que les pays médiateurs attendent des réponses à leur dernière proposition de trêve.
Alors que les négociations s’éternisent, la guerre à Gaza suscite une nouvelle poussée de fièvre dans la région. L’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël », a déclaré mercredi le président américain, Joe Biden. Il a assuré son allié de son soutien « inébranlable », en dépit des tensions entre les deux pays autour de la conduite de l’offensive israélienne contre le Hamas.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dont le pays soutient le mouvement islamiste palestinien, avait assuré mercredi qu’Israël serait « puni » après une attaque meurtrière qui lui a été imputée le 1er avril en Syrie. Cette frappe a détruit le consulat iranien à Damas et fait 16 morts, dont sept membres du corps des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, selon une ONG.
« Si l’Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l’Iran », a répondu en persan le ministre israélien des Affaires étrangères. Face à ces tensions, la Russie a « fermement recommandé » jeudi à ses citoyens d’éviter de se rendre dans la région, « en particulier en Israël, au Liban et dans les Territoires palestiniens ».
« Nous ferons tout ce que nous pouvons pour protéger la sécurité d’Israël », a encore déclaré Joe Biden en exhortant le Hamas à « avancer » sur l’offre de trêve à Gaza.
Retrouvera t-on un Gaza plein d’espoir?
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1 170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir des données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d’après des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 33.482 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Jeudi, l’armée israélienne a annoncé avoir mené pendant la nuit « une opération de précision dans le centre de la bande de Gaza », « afin d’éliminer des agents terroristes ».
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé mercredi que la mort dans une frappe israélienne de trois de ses fils dans le nord de la bande de Gaza ne ferait pas fléchir le mouvement islamiste, au pouvoir dans le territoire depuis 2007, dans ses exigences vis-à-vis d’Israël.
« Nos exigences sont claires et nous ne renoncerons pas. Si l’ennemi croit que cibler mes fils au plus fort des négociations et avant que le Hamas ne donne sa réponse, poussera le mouvement à changer de position, il se trompe », a déclaré M. Haniyeh, basé à Doha, à la chaîne du Qatar Al-Jazeera.
Le Hamas exige avant tout un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de Gaza, une augmentation importante de l’aide humanitaire, un retour des déplacés et un accord « sérieux » d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens.
Gaza est un lieu de « Tristesse et dévastation »
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, continue à répéter que la guerre se poursuivra jusqu’à la victoire sur le Hamas et la libération de tous les otages. Il maintient en particulier son projet d’offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte à l’extrémité sud de la bande de Gaza, qu’il considère comme le dernier grand bastion du Hamas.
Ce projet suscite l’opposition de nombreuses capitales étrangères, à commencer par Washington, qui redoutent de lourdes pertes civiles dans la ville devenue un abri pour un million et demi de personnes, selon l’ONU, en majorité des déplacés qui ont fui la guerre plus au nord.
Israël avait annoncé le 7 avril que ses soldats quittaient Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza transformée en champ de ruines, après plusieurs mois de combats, afin de préparer l’offensive sur Rafah, à quelques kilomètres de là.
Israël, qui assiège totalement la bande de Gaza depuis le début de la guerre, a annoncé ces derniers jours avoir autorisé l’entrée d’une aide humanitaire accrue dans le territoire menacé de famine, avec pour objectif d’atteindre une moyenne de 500 camions par jour, soit le seuil d’avant la guerre.
Pour Ahmed Qishta, réfugié à Rafah, comme pour tous les Gazaouis qui célèbrent cette année au milieu des ruines l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan, ces mesures ne changent rien. « Nous n’avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destruction et de dévastation », a confié ce père de quatre enfants.
Auteur / autrice
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Diplômée d’une licence de langues, d’un Master Science Po - études politiques et journalisme et d’un Master d’histoire de la Russie, Louison est journaliste politique pour Le Parisien Matin. Elle est spécialisée dans les relations internationales et travaille avec des magazines locaux.
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