À quelques jours du premier tour des élections législatives, le débat sur TF1 entre Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard a mis en lumière les propositions clés en matière de fiscalité, de pouvoir d’achat, de transition écologique, de sécurité, d’immigration et concernant la place de la France dans le monde. Chacun des candidats a présenté une vision distincte pour répondre aux préoccupations des Français. Focus sur les retraites, l’impôt et le pouvoir d’achat.
Sur les retraites
Bardella favorable à un départ anticipé à 60 ans pour ceux ayant travaillé 40 ans
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a mis l’accent sur les carrières longues, considérant la réforme actuelle comme socialement et économiquement inadaptée. “La réforme des retraites est injuste et inefficace”, juge-t-il. En réponse, il propose que ceux ayant travaillé 40 annuités puissent partir à la retraite dès 60 ans. En revanche, il introduit un âge pivot de 62 ans pour la majorité et mentionne un départ à 66 ans pour ceux ayant commencé à travailler plus tard, après 42 annuités. Bardella estime que la priorité doit être donnée aux Français qui ont commencé à travailler très tôt, car ils ont souvent les emplois les plus pénibles.
Bompard pour un départ à 60 ans
Manuel Bompard, représentant du Nouveau Front populaire, envisage une approche encore plus ambitieuse. Il souhaite abroger la réforme actuelle et ramener l’âge légal de départ à 62 ans dans un premier temps. Ensuite, avant 2027, il promet de déposer une proposition de loi pour ramener cet âge à 60 ans avec 40 annuités de cotisation. Bompard argue qu’une personne commençant à travailler à 24 ans doit pouvoir partir à 60 ans, même si elle n’a pas toutes ses annuités de cotisation, en mettant l’accent sur la justice sociale.
Attal pour le maintien de la réforme actuelle
Gabriel Attal, de son côté, maintient la réforme des retraites mise en place par le gouvernement actuel. Il accuse ses opposants de promettre des mesures irréalistes avant les élections pour attirer les votes. Attal propose plutôt d’agir massivement pour l’emploi des séniors en introduisant des systèmes de bonus/malus pour les entreprises qui licencient des travailleurs âgés. Cette approche vise à créer un environnement de travail plus favorable pour les séniors, leur permettant de rester actifs plus longtemps.
Sur la fiscalité
Bardella et la rupture fiscale
“Je serai le Premier ministre de la paix fiscale”, a riposté Jordan Bardella. Il propose une exonération d’impôts pour les moins de 30 ans, défendant cette initiative comme un moyen de retenir les jeunes talents en France. Bardella souhaite également remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF) et supprimer les droits de succession pour les classes moyennes. Ces mesures visent à encourager les investissements et à alléger le fardeau fiscal des familles.
Bompard en faveur de l’équité économique
Manuel Bompard prône une refonte complète de la fiscalité avec un impôt sur le revenu à 14 tranches, la suppression de la “flat tax” et l’introduction d’un impôt de solidarité sur la fortune renforcé. Il insiste sur la progressivité de l’impôt, expliquant que tous ceux qui gagnent moins de 4 000 euros nets par mois paieront moins ou autant d’impôts qu’aujourd’hui, tandis que les plus riches, en particulier les 0,1% les plus riches, paieront beaucoup plus. Bompard dénonce l’injustice actuelle où, selon lui, les plus riches paient proportionnellement moins d’impôts que les classes moyennes.
Attal et le pragmatisme fiscal
Gabriel Attal, quant à lui, a affirmé qu’il n’y aurait pas d’augmentation des impôts des Français sous son gouvernement. Il a rappelé les réductions fiscales déjà mises en place, comme la suppression de la redevance audiovisuelle et de la taxe d’habitation. Attal propose de taxer les rachats d’actions pour financer un fonds de rénovation énergétique, visant à rénover 300 000 logements d’ici 2027. Cette mesure s’accompagne d’une règle d’or budgétaire pour éviter toute augmentation future des impôts.
Sur le pouvoir d’achat
Bardella pour une rémission drastique de la TVA
Pour le pouvoir d’achat, Jordan Bardella propose une baisse radicale de la TVA sur les énergies de 20 % à 5,5 %, estimant le coût à 12 milliards d’euros par an, bien que cette estimation soit contestée par Attal, qui la chiffre à 17 milliards. Bardella envisage aussi la suspension de la TVA en cas de forte inflation sur les produits de première nécessité. Ces propositions visent à apporter un soulagement immédiat aux ménages, bien que leur viabilité à long terme soit débattue.
Bompard et l’approche sociale
Manuel Bompard défend une hausse du SMIC à 1 600 euros nets par mois et l’indexation des salaires sur l’inflation. Il souhaite également bloquer les prix des produits de première nécessité, une mesure déjà en vigueur à La Réunion, bien que sa faisabilité à l’échelle nationale soit complexe en raison des régulations européennes et du Conseil d’État. Bompard propose la suppression de la taxe de 10 % sur les factures d’énergie et un retour sur la hausse du prix du gaz, estimant ces mesures nécessaires pour protéger les ménages les plus vulnérables.
Attal et ses propositions économiques ciblées
En matière de pouvoir d’achat, Gabriel Attal souhaite augmenter le plafond de la prime de partage de la valeur à 10 000 euros et baisser les cotisations pour les bas salaires. Il promet aussi une réduction de 15 % des factures d’électricité pour l’hiver prochain et l’achat groupé des fournitures scolaires, tout en maintenant les repas CROUS à 1 euro pour les étudiants boursiers. Ces propositions montrent une approche mesurée et ciblée pour améliorer les conditions de vie sans surcharger le budget de l’État.
Le débat entre Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard a révélé des visions profondément divergentes pour l’avenir fiscal et économique de la France. Attal prône la prudence et la soutenabilité budgétaire, Bardella promet une rupture audacieuse pour alléger la charge fiscale, tandis que Bompard appelle à une redistribution plus équitable et à des augmentations significatives des salaires. Ces choix reflètent des approches fondamentalement différentes pour répondre aux attentes des Français en matière de retraites, de fiscalité et de pouvoir d’achat. Les électeurs devront trancher en fonction de leurs priorités et de leur confiance en la faisabilité des propositions avancées.