Avez-vous déjà eu à vous rendre dans votre préfecture locale? Les préfectures font partie intégrante du paysage administratif français et assurant des services cruciaux pour les citoyens comme la sécurité publique.
Leur efficacité fait régulièrement débat. Est-ce que les préfectures sont réellement essentielles ou simplement un coût qui donne lieu à des taxes de plus en plus difficiles à vivre pour les français? Délais de traitement, difficultés d’accès aux services, les plaintes vis-à-vis des préfectures sont nombreuses.
Le Parisien Matin a eu l’opportunité d’assister à un évènement de Profil Public, axé sur le recrutement dans les préfectures, où des agents de la préfecture d’Île-de-France, dont Magalie Gretteau, à la tête des Ressources Humaines, ont pu expliquer mieux ce qu’ils faisaient et quel avenir existe pour les préfectures.
Une modernisation des préfectures qui ne se passe pas aussi bien que prévu.
Le rapport annuel du Ministère de l’Intérieur indique que les préfectures traitent chaque année plusieurs millions de demandes, qu’il s’agisse de titres de séjour, de cartes grises ou de permis de conduire. L’essor de la dématérialisation et de l’utilisation de systèmes technologiques plus avancés ont entraîné une transformation radicale du fonctionnement des préfectures.
L’introduction des services en ligne visait à améliorer la rapidité et l’accessibilité. Pourtant un rapport de la Cour des Comptes de 2023 signale très rapidement que 35 % des usagers éprouvent des difficultés à compléter leurs démarches en ligne, principalement en raison de problèmes techniques ou d’une maîtrise insuffisante du numérique. En fait, il était presque plus simple de tout faire de manière manuelle et en présentiel.
Les préfectures ont tout de même pris en compte les plaintes et tentent de réduire les délais mais beaucoup de procédures restent longues. Une demande de titre de séjour peut prendre entre 3 et 8 mois selon les régions. Une petite victoire pour la modernisation de certaines procédures: Le renouvellement des cartes grises a été réduit de 40 % en cinq ans grâce à la dématérialisation.
Mais bien qu’il y ait de nouveaux moyens en place, moins bien gérés par le public que par les préfectures, l’un des problèmes qui persiste est le manque d’effectif. Les préfectures sont souvent confrontées à un manque de personnel. Puisque les demandes ont augmenté, que le public est embêté par les nouvelles méthodes digitales et qu’il y a un manque de personnel, cela crée un cocktail explosif de burn-out et de délais constants.
Thibaut, adjoint de Magalie Gretteau explique que maintenant, les préfectures essaient de ne plus limiter l’accès aux professions dans la préfecture: “Il n’est pas nécessaire d’être fonctionnaire titulaire et d’avoir passé un concours pour travailler dans un ministère pour travailler dans une préfecture. D’ailleurs, il y a de plus en plus de contractuels, c’est une tendance naturelle par la diversification des métiers de la fonction publique. Dans une de nos équipes, nous avons des contractuels, des personnes qui sont même placées par le privé, voire par la banque.”
La préfecture propose de belles carrières mais leur suppression serait une avancée pour la France
Magalie Gretteau explique que travailler pour une préfecture est une bonne idée au vu de la “diversité” des métiers et la possibilité de changer de service et d’évoluer aussi bien horizontalement que verticalement : “On retrouve vraiment tous les métiers, vous allez trouver les métiers de la communication, d’informatique, administratifs, juridiques. Vous allez trouver aussi des métiers qu’on pense peut-être moins trouver en préfecture, des métiers techniques, comme l’enregistrement de son, l’accueil, le courrier. Donc la palette est vraiment très large.“
Malgré le fait que les préfectures soient des employeurs divers, il faut pourtant se rappeler que la suppression des préfectures serait utile sur plusieurs plans. Pour ceux qui boudent la suppression d’emplois, il faut se rappeler que la suppression de ces métiers ne supprimerait pas le besoin et pourrait permettre à des entrepreneurs de prendre la place de l’état, créant donc des métiers dans le privé.
Le privé, étant plus soumis à la satisfaction des consommateurs, cela pourrait réellement révolutionner le travail des préfectures en forçant ce travail administratif à devenir plus efficace.
De plus, il est important de se poser la question suivante : “Est-ce que les métiers du public sont des bullshit jobs?” – C’est-à-dire, est-ce qu’il y a des métiers un peu “inutiles” dans la fonction publique, qui feraient mieux d’être entièrement supprimés.
En effet, bien que l’équipe de Magalie Gretteau soit convaincue par l’efficacité et l’apport de son travail, il semblerait que les préfectures s’impliquent dans des projets qui ne devraient pas être menés par l’Etat. Par exemple, Aïssibé B., conseillère en innovation RH explique qu’elle est fortement impliquée dans le combat pour l’égalité: ” J’ai un engagement fort en matière d’égalité. Je suis moi-même référente de l’égalité au sein de la préfecture de la région d’Ile de France. Notre objectif, c’est de sensibiliser les enfants et de monter des projets autour de ces gestes pour lutter contre toute forme de discrimination.“
Ce genre d’action, bien qu’important ne devrait pas nécessiter l’intervention d’agents de la fonction publique, qui sont déjà surmenés de travail. La prévention auprès des enfants est déjà menée par les écoles publiques, privées, parfois les mairies et dans un monde idéal par les parents.