En plein cœur des combats en Ukraine, une nouvelle pièce d’artillerie a été repérée sur le champ de bataille : un obusier M-1978 Koksan qui vient de Corée du Nord, capable de frapper des cibles à 43 kilomètres de distance.
Selon l’armée ukrainienne, cette arme aurait été détruite, vidéo à l’appui, dans la région de Louhansk. Alors que de nombreux pays apportent leur soutien à l’un ou l’autre camp, rares sont ceux qui, comme Pyongyang, s’investissent de manière aussi concrète, en déployant hommes et matériel militaire.
Une intervention massive et clandestine de la Corée du Nord
Au moment de l’écriture de cet article, la Corée du Nord aurait déployé des milliers de soldats en soutien aux forces russes, selon les services de renseignement ukrainiens, américains et sud-coréens. Il s’agit de la première implication militaire majeure de Pyongyang dans un conflit depuis la guerre de Corée (1950-1953). La diplomate américaine Dorothy Camille Shea a déclaré devant le Conseil de sécurité des Nations unies en janvier 2025 que plus de 12 000 soldats nord-coréens se trouvaient en Russie, combattant en Ukraine, notamment dans la région frontalière de Koursk.
L’Ukraine estime que dès janvier 2025, plus de 3 000 soldats nord-coréens ont été tués ou blessés. Le renseignement militaire ukrainien a noté que les forces spéciales n’avaient plus observé ces troupes sur le champ de bataille pendant trois semaines, suggérant une retraite forcée après d’importantes pertes. D’autres rapports indiquent que ces troupes ont été temporairement retirées avant d’être redéployées.
Des officiers nord-coréens auraient également supervisé l’utilisation d’armes fournies par Pyongyang, bien que Moscou continue de nier officiellement toute présence militaire nord-coréenne.
Pourquoi la Corée du Nord s’implique-t-elle autant ?
L’implication nord-coréenne dans ce conflit peut sembler surprenante, étant donné l’absence d’intérêts territoriaux directs. Il est utile de se souvenir que la Corée du Nord a un partenariat stratégique avec Moscou. En juin 2024, Vladimir Poutine a signé un traité avec Kim Jong Un incluant une clause d’assistance mutuelle. En décembre 2024, Kim a confirmé son engagement à renforcer le partenariat stratégique avec la Russie.
La Russie compense l’aide militaire nord-coréenne par des livraisons massives de pétrole et de biens de consommation, que Pyongyang peine à obtenir en raison des sanctions internationales. Un rapport d’un think-tank sud-coréen affilié au Service national de renseignement (NIS) affirme que la Corée du Nord aurait gagné près de 540 millions de dollars américains en 2023 grâce à la vente d’armes à la Russie.
Pour Pyongyang, envoyer des troupes en Ukraine est aussi une occasion unique d’acquérir une expérience militaire en situation réelle. L’armée nord-coréenne s’entraîne principalement dans des conditions simulées, et ce conflit lui permet de perfectionner ses tactiques et de tester son matériel sur le terrain.