Emmanuel Macron a choisi ses mots avec soin. Dans un entretien publié ce mardi par Paris Match, le chef de l’État a répété qu’il n’entendait pas dissoudre l’Assemblée nationale une nouvelle fois. Pour lui, la stabilité du pays passe avant tout, et François Bayrou demeure la pièce maîtresse de cette stratégie.
« François est mon ami, mon compagnon de route », confie Macron, qui parle du lien personnel qui les unit depuis des années. L’actuel Premier ministre a « les capacités » pour diriger le gouvernement jusqu’à la fin du quinquennat, en 2027.
En toile de fond, un climat politique toujours fragile et des menaces de motion de censure venues aussi bien de l’extrême droite que de la gauche. Mais Emmanuel Macron se montre ferme : il n’entend pas céder à la pression et répète que c’est « aux responsables politiques de savoir travailler ensemble ».
Un plan budgétaire explosif
C’est en grande partie à cause du projet de budget 2026, dévoilé il y a quelques semaines que Bayrou se retrouve sous le feu des projecteurs. Préparé main dans la main avec le président, ce plan repose sur plusieurs mesures radicales qui divisent profondément.
Parmi elles :
- le gel de la quasi-totalité des dépenses de l’État en 2026 au niveau de 2025,
- une « année blanche » fiscale qui fige le barème des impôts, des retraites et des prestations sociales,
- et surtout, la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai.
Les syndicats dénoncent une atteinte aux acquis sociaux, l’opposition accuse le gouvernement de fragiliser encore davantage les ménages, et même au sein de la majorité, certains élus s’inquiètent d’une réforme trop brutale.
Emmanuel Macron défend pourtant un plan « lucide et courageux », fruit d’un travail « longuement préparé » avec François Bayrou. Le président voit dans ces choix difficiles une nécessité pour « maintenir l’équilibre des finances publiques » et éviter un dérapage de la dette.
Le spectre de la censure
Derrière cette bataille budgétaire plane une menace : celle d’une censure parlementaire. Le Rassemblement national, la France insoumise et une partie des socialistes ont déjà prévenu qu’ils ne laisseraient pas passer un texte qui, selon eux, « écrase les classes populaires et la classe moyenne ».
Un vote décisif est attendu à l’automne. En cas de rejet, le gouvernement Bayrou pourrait tomber, relançant toutes les spéculations sur l’avenir politique de la majorité. Mais Macron veut éviter ce scénario. « Dans le contexte international, le pays a vraiment besoin de stabilité. Pas de coups politiques », prévient-il.
Emmanuel Macron cite l’exemple de l’Allemagne et de son chancelier Friedrich Merz, qui gouverne avec une coalition complexe. Il répète que la France doit s’inspirer de ce modèle, accepter les compromis et apprendre à construire des majorités de circonstance.
« Notre Parlement reflète les fractures du pays », observe-t-il. « Mais c’est précisément pour cela qu’il faut que chacun prenne ses responsabilités. »
Bayrou, figure de stabilité ou fusible politique ?
Le président affiche une confiance pleine et entière envers son Premier ministre, pourtant des analystes doutent de la solidité de cette alliance jusqu’en 2027. François Bayrou est perçu comme une personnalité respectée, capable d’incarner une certaine stabilité, mais aussi comme un possible fusible en cas d’échec budgétaire ou d’explosion politique.
Emmanuel Macron, en tout cas, semble déterminé à le protéger. Il sait que changer une nouvelle fois de chef de gouvernement serait vu comme un aveu de faiblesse. « François Bayrou peut tenir, il a les épaules », martèle-t-il.


