À quelques jours de la reprise des discussions sur le budget 2026, les députés ont envoyé un signal très net à l’exécutif. Le projet de loi de finances de fin de gestion pour 2025, qui sert à ajuster les comptes en fin d’année, a été rejeté en première lecture à l’Assemblée nationale.
Le résultat est sans appel : 145 voix contre, 107 pour. Le texte va tout de même poursuivre son parcours institutionnel et sera examiné par le Sénat avant de revenir dans l’hémicycle. Mais politiquement, le message est clair : la majorité ne contrôle plus grand-chose dès qu’il s’agit de budget.
Ce projet de loi de fin de gestion est pourtant un texte très technique. Il ne redessine pas les grandes orientations économiques du pays, mais affine les chiffres, ajuste les dépenses, ouvre des crédits là où c’est nécessaire.
Le gouvernement y rappelle que la prévision de déficit public reste fixée à – 5,4 % du PIB, comme dans la loi de finances initiale pour 2025 et dans le projet de budget 2026. Selon l’exposé des motifs, les dépenses de l’État resteraient « dans l’épure » du budget voté pour 2025, ce qui revient à dire qu’il n’y aurait pas de dérapage massif des comptes publics.
Trois milliards d’euros supplémentaires pour boucler l’année
Le texte prévoit également l’ouverture de trois milliards d’euros de crédits. Cet argent doit servir à couvrir des dépenses déjà engagées ou attendues, en particulier pour financer certaines aides et prestations sociales.
Ces ajustements de fin d’année sont habituels : ils permettent de coller au plus près à la réalité des dépenses, après douze mois marqués par des aléas économiques, des besoins imprévus ou des choix politiques pris en cours de route.
Mais cette fois, le contexte politique complique tout. Le projet avait déjà été repoussé en commission des Finances début novembre, ce qui laissait présager un vote chahuté dans l’hémicycle. L’an dernier, en novembre 2024, les députés avaient également rejeté le projet de fin de gestion pour 2024 en première lecture. On retrouve le même scénario, mais avec une ambiance encore plus lourde autour du budget.
Un mauvais présage pour la partie “recettes” du budget
Dans les couloirs de l’Assemblée, beaucoup y voient une répétition générale avant le vote sur la partie « recettes » du projet de loi de finances pour 2026, c’est-à-dire tout ce qui concerne les impôts, les taxes et les entrées d’argent.
Le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, le communiste Stéphane Peu, n’excluait pas, dès la matinée, un rejet massif de ce volet central : il évoquait même la possibilité que « l’unanimité de l’Assemblée nationale » vote contre la partie recettes. Une formule qui illustre bien l’isolement du gouvernement.
Même les députés issus des formations qui participent, de près ou de loin, à l’exécutif menacent de ne pas soutenir le texte. L’idée d’un large front du « non » n’a donc plus rien d’hypothétique.
Que se passe-t-il si aucun budget n’est adopté ?
La Constitution prévoit plusieurs portes de sortie si le Parlement bloque le budget. Le chef du gouvernement dispose d’outils pour éviter un blocage institutionnel complet.
Il peut d’abord recourir aux ordonnances pour faire passer le budget sans vote classique sur l’ensemble du texte. Cette méthode, lourde politiquement, reviendrait à contourner des députés déjà remontés.
Une autre solution serait de faire adopter une loi spéciale qui prolonge les crédits de 2025. En clair, on reconduirait le budget actuel, en attendant de mieux s’entendre plus tard. Mais cette loi ne résoudrait rien sur le fond : le Parlement serait obligé de revenir en 2026 sur un vrai débat budgétaire pour l’ensemble de l’année, comme si l’on reportait une dispute sans jamais la régler.


