La décision de la commission de discipline de la FIFA concernant Cristiano Ronaldo fait grand bruit. Alors que beaucoup s’attendaient à le voir privé de plusieurs matches de Coupe du monde après son carton rouge face à l’Irlande, l’instance a finalement opté pour une punition largement adoucie : un match ferme, deux matches avec sursis. Sauf s’il y a un nouveau dérapage, le capitaine portugais pourra bel et bien débuter la prochaine Coupe du monde.
Sur les réseaux sociaux, les accusations de favoritisme ont fusé. Les fans de football y voient un système taillé pour les stars, et ont le sentiment que le règlement est devenu malléable dès qu’il s’agit de CR7.
Un coup de coude, un carton rouge… et une sanction revue à la baisse
L’affaire remonte au match de qualification contre la République d’Irlande. Sur la pelouse de Dublin, Cristiano Ronaldo perd son sang-froid. Vexé par les sifflets du public, il réagit en levant le cou et le coude vers le défenseur Dara O’Shea, loin du ballon. Geste impulsif, geste dangereux, que l’arbitre sanctionne par un carton rouge pour comportement violent.
Conformément au règlement, un premier match de suspension tombe automatiquement. Il est purgé lors de la rencontre suivante, un large succès 9–1 du Portugal face à l’Arménie, qui scelle au passage la qualification pour la Coupe du monde en Amérique du Nord.
Mais le code disciplinaire de la FIFA va plus loin en théorie : les gestes considérés comme des agressions. Les coups de coude, coups de poing, coups de pied, morsures, crachats ou coups portés à un adversaire doivent entraîner une suspension d’au moins trois matches, y compris lorsque le carton est reçu en phase de qualification. Sur cette base, la commission retient bien une sanction de trois rencontres… avant de la modifier dans la foulée.
Une sanction à géométrie variable qui interroge
La FIFA explique sa décision en s’appuyant sur un article de son code disciplinaire qui permet de suspendre, en tout ou partie, l’exécution d’une sanction. Concrètement, Cristiano Ronaldo n’a plus qu’un match à purger, déjà effectué, et reste sous probation pendant un an. Si aucun incident du même genre ne survient durant cette période, les deux rencontres restantes ne seront jamais réellement appliquées.
Les juges retiennent deux éléments principaux. Il s’agit du premier carton rouge de Ronaldo en 226 sélections avec le Portugal et le texte laisse une marge d’interprétation à la commission, qui peut décider d’adoucir une sanction.
Sur le papier, rien d’illégal. Mais dans les faits, beaucoup y voient une sorte d’exception dorée réservée au joueur portugais. Les exemples de sanctions « avec sursis » dans le passé existent, mais concernent des affaires d’un tout autre ordre : un club israélien de deuxième division sanctionné pour une histoire d’enregistrement de joueur, ou encore des supporters mexicains évitant un huis clos pour des chants homophobes lors de la Coupe du monde 2022. Jamais un geste assimilé à un coup porté à un adversaire n’avait bénéficié d’une remise si spectaculaire.
Ronaldo, Trump, Infantino…
Quelques jours avant la décision, Cristiano Ronaldo était invité à la Maison Blanche. Il y a dîné avec Donald Trump et posé, tout sourire, pour des photos avec le président américain et Gianni Infantino, patron de la FIFA. Une image de carte postale : la star planétaire, le dirigeant de la première puissance mondiale et le chef de l’institution qui organise la Coupe du monde.
La prochaine édition, prévue en Amérique du Nord, sera d’ailleurs l’un des grands événements politiques et médiatiques des prochaines années. Ronaldo y a une place particulière : il aura 41 ans et a déjà annoncé que ce serait son dernier Mondial. Il se retrouve en duel à distance avec Lionel Messi pour entrer dans l’histoire comme le premier joueur à participer à six phases finales.
Dans ce décor, chaque minute passée par Cristiano Ronaldo sur le terrain devient un produit ultra rentable : droits TV, sponsors, audiences, réseaux sociaux. Impossible, pensent beaucoup d’observateurs, d’imaginer le coup d’envoi de la Coupe du monde sans l’un de ses plus grands symboles, même vieillissant. D’où cette impression tenace, pour une partie du public, que la décision de la FIFA sert autant les intérêts sportifs que commerciaux.
Une « gifle » disciplinaire plutôt qu’un vrai carton pour Cristiano Ronaldo
En réduisant la sanction effective de Cristiano Ronaldo à un seul match déjà purgé, la commission disciplinaire a transformé ce qui aurait pu être un signal fort en simple rappel à l’ordre. La formule est claire : les deux autres matches de suspension pourront être réactivés si Cristiano Ronaldo commet un geste du même type dans l’année.
Du point de vue de l’équité sportive, le malaise est palpable. Les supporters se demandent si un joueur moins célèbre, moins influent, issu d’une sélection moins médiatisée que Cristiano Ronaldo aurait eu droit au même traitement.
L’argument central de la FIFA est le casier international vierge de CR7 en matière d’exclusion mais il ne convainc qu’à moitié. À ce niveau d’exigence, la responsabilité d’un joueur expérimenté, capitaine de son équipe nationale, devrait peser lourd. Or, on a l’impression inverse : le prestige et la longévité du joueur deviennent presque des circonstances atténuantes.
Pour les fans qui dénoncent « un jeu truqué », l’enchaînement est trop parfait : invitation à Washington, selfie avec Infantino, observation bienveillante de la commission, et, au final, maintien assuré pour le grand spectacle de l’été prochain. La sensation que les règles se plient devant les intérêts du show n’en sort que renforcée.


