Pour la première fois depuis plus d’un siècle hors périodes de guerre, la démographie française a enregistré davantage de décès que de naissances sur une année civile. Au 1er janvier 2025, le pays compte 68,6 millions d’habitants, soit seulement 169 000 de plus qu’un an plus tôt. Une progression minimale, presque figée, portée essentiellement par les arrivées depuis l’étranger.
Le moteur démographique interne s’essouffle. Les Français font moins d’enfants, et la population vieillit à un rythme désormais impossible à ignorer, cela s’annonce compliqué pour nos retraites futures.
Le « réarmement démographique » reste sans effet
Annoncé comme un chantier prioritaire par Emmanuel Macron, le « réarmement démographique » devait enrayer la chute de la natalité. Pour l’instant, les chiffres ne suivent pas. Selon l’Institut national d’études démographiques, 629 000 naissances ont été enregistrées en France métropolitaine en 2024, contre 630 000 décès. Un écart minime, mais symboliquement très fort.
La tendance ne concerne pas seulement certains territoires ou catégories sociales. La baisse des naissances touche l’ensemble du pays et pourrait se prolonger dans les années à venir. Les générations en âge d’avoir des enfants sont moins nombreuses, plus tardives dans leurs projets familiaux, et souvent freinées par des contraintes économiques, professionnelles ou matérielles.
Des campagnes qui vieillissent plus vite que les villes
Le vieillissement de la population ne se répartit pas uniformément. Il frappe d’abord et surtout les territoires ruraux. Dans certaines zones, plus d’un tiers des femmes ont désormais plus de 60 ans, et près d’un homme sur trois dépasse cet âge. À titre de comparaison, les départements urbains restent plus jeunes, même s’ils vieillissent eux aussi.
Dans les campagnes, la croissance démographique ne tient plus aux naissances, mais aux arrivées de nouveaux habitants. Sans ces mouvements, la population reculerait déjà. Ce phénomène s’accompagne d’une évolution notable de la composition migratoire : la part de personnes nées hors de l’Union européenne y progresse, alors qu’elle a légèrement reculé dans les zones urbaines ces dernières années.
Vie de couple et mariages
Fait souvent méconnu, la vie de couple reste plus fréquente et plus précoce dans les territoires ruraux que dans les grandes villes. Les habitants des campagnes se marient aussi davantage. Pourtant, cela ne se traduit plus mécaniquement par des naissances.
Les couples, même installés durablement, ont moins d’enfants qu’auparavant. L’âge du mariage recule, la parentalité est différée, et l’idée même de fonder une famille nombreuse semble de plus en plus déconnectée des réalités économiques et sociales actuelles. En 2024, environ 247 000 mariages ont été célébrés en France, un niveau encore élevé, en partie soutenu par les unions reportées pendant la pandémie.
L’espérance de vie est en hausse, mais pas partout!
L’espérance de vie continue, elle, de progresser légèrement. Les hommes vivent en moyenne jusqu’à 80 ans, les femmes jusqu’à 85,6 ans. Là encore, les moyennes nationales masquent de fortes disparités territoriales. Dans les zones rurales, l’espérance de vie reste inférieure d’environ deux ans à celle des départements urbains.
L’Ined évoque plusieurs facteurs possibles, parmi lesquels l’accès plus difficile aux soins, la pénurie de médecins et la distance avec les infrastructures hospitalières. Vieillir plus longtemps ne signifie pas toujours vieillir dans de meilleures conditions.


