Le Nigéria, nation la plus peuplée d’Afrique, est confronté à une inflation sans précédent, atteignant un sommet historique en mai 2024. L’inflation générale a frôlé les 34 %, soit le taux le plus élevé depuis trois décennies. Cette situation économique alarmante a eu des répercussions profondes sur la vie quotidienne des nigérians.
Le Nigéria subit une flambée des prix qui touche tous les secteurs
L’un des aspects les plus frappants de cette inflation galopante est la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 40,66 % par rapport à l’année précédente. Les prix des poissons et des céréales, essentiels pour l’alimentation quotidienne, ont particulièrement explosé. Les coûts des transports, des loyers, ainsi que des services de santé et des médicaments ont également connu des augmentations significatives. La pression sur les prix a été stimulée par les réformes du président Bola Tinubu, notamment la suppression des subventions à l’essence et à l’électricité, ainsi que la dévaluation du Naira.
En effet, sa dépréciation continue face au dollar américain, une monnaie à laquelle le Nigeria est extrêmement vulnérable en raison de sa forte dépendance aux importations, a également exacerbé la tendance inflationniste. L’affaiblissement de la monnaie locale a rendu les produits importés encore plus chers pour les consommateurs nigérians, exacerbant ainsi la crise du coût de la vie.
Des incidences économiques et sociales considérables
Les répercussions sont lourdes pour l’économie nigériane. Le taux d’inflation a atteint 33,95 % en mai, contre 33,69 % en avril, selon le dernier rapport de l’indice des prix à la consommation (IPC) publié par le National Bureau of Statistics (NBS). Il s’agit du 18e mois consécutif de hausse. Cette augmentation de 0,26 % en un mois marque une aggravation continue du coût de la vie, avec des taux d’inflation annuels bondissant de 11,54 % par rapport à mai 2023, où le taux était de 22,41 %.
Comme le souligne le rapport : “D’une année sur l’autre, le taux d’inflation global était supérieur de 11,54 % par rapport au taux enregistré en mai 2023, qui était de 22,41 %. Cela montre que le taux d’inflation global (d’une année sur l’autre) a augmenté au mois de mai 2024 par rapport au même mois de l’année précédente (c’est-à-dire en mai 2023)”.
Cependant, le rapport note également une légère amélioration : “Au contraire, sur une base mensuelle, le taux d’inflation global en mai 2024 était de 2,14 %, soit 0,15 % inférieur au taux enregistré en avril 2024 (2,29 %). Cela signifie qu’au mois de mai 2024, le taux d’augmentation du niveau moyen des prix est inférieur au taux d’augmentation du niveau moyen des prix en avril 2024”. Cette diminution indique un ralentissement de la hausse des prix sur une base mensuelle, offrant un léger répit aux consommateurs nigériens.
Les actions de la Banque mondiale pour stabiliser l’économie au Nigéria
Face à cette crise, la Banque centrale du Nigeria a tenté de maîtriser l’inflation en augmentant à plusieurs reprises ses taux d’intérêt, les portant de 22,75 % en février 2024 à 26,25 % en mai 2024. Cependant, la Banque mondiale exprime des doutes quant à l’efficacité de cette politique de resserrement monétaire. Dans son récent rapport sur les perspectives économiques globales, elle souligne la “possibilité que le resserrement de la politique monétaire ne parvienne pas à freiner l’inflation”, tout en mettant en garde contre un risque de stagnation économique pour les années 2024-2025.
Pour aider le Nigeria à équilibrer son économie et à soutenir les couches les plus vulnérables de sa population, la Banque mondiale a octroyé deux prêts d’un montant total de 2,25 milliards de dollars. Ce programme vise non seulement à renforcer les réserves de change et à stabiliser le Naira, mais aussi à encourager la diversification des revenus en dehors du secteur pétrolier. Les principaux éléments contribuant à l’inflation globale en mai 2024 sont les aliments et les boissons non alcoolisées, représentant une part significative de 17,59 %, ainsi que les coûts de logement, de l’eau, de l’électricité, du gaz et autres carburants, qui représentent 5,68 %.
Un avenir incertain pour le Nigéria
Le Nigéria , considéré comme la plus grande puissance économique d’Afrique de l’Ouest, joue un rôle crucial dans la région. Riche en ressources naturelles, le pays a développé une industrie pétrolière florissante, contribuant de manière significative à son PIB. Lagos, sa capitale économique, est un centre dynamique pour les affaires et la finance. Toutefois, la dépendance excessive à ces ressources naturelles pose des défis économiques majeurs, surtout en période de crise inflationniste.
La capacité du gouvernement et de la Banque centrale à maîtriser cette crise est mise à l’épreuve. Malgré les hausses successives des taux d’intérêt, l’inflation poursuit sa hausse. Le gouverneur de la Banque centrale, Olayemi Cardoso, a indiqué que les taux resteraient élevés aussi longtemps que nécessaire pour réduire l’inflation, mais les effets concrets de cette politique restent à voir.
La population nigériane, déjà éprouvée par une économie en difficulté, subit les conséquences directes de cette situation. Les prix des biens de première nécessité continuent de grimper, aggravant les conditions de vie. Les syndicats, en réaction aux réformes économiques, ont déjà exprimé leur mécontentement, suspendant une grève pour réclamer un nouveau salaire minimum.