À New York, le limogeage d’au moins huit juges spécialisés dans l’immigration frappe la communauté judiciaire. L’administration Trump dit vouloir « restaurer l’intégrité du système migratoire ». Ses détracteurs dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins idéologiques.
Les juges d’immigration, jetés à la porte
LAssociation nationale des juges en immigration indique que près d’une centaine de magistrats ont été écartés depuis janvier. Ils ont été soit licenciés, soit poussés à la retraite. Certaines de ces figures, notamment à New York, avaient critiqué le ciblage judiciaire des migrants ou l’ingérence de l’exécutif dans les procédures.
Parmi les personnes congédiées se trouve Amiena Khan, juge en chef adjointe à 26 Federal Plaza, un bâtiment symbolique à Manhattan qui abrite à la fois les tribunaux de l’immigration et le siège local de l’agence ICE. Son limogeage est particulièrement commenté car elle avait déjà contesté, sous la première présidence de Trump, la tentative gouvernementale de dissoudre le syndicat des juges.
Le ministère de la Justice refuse de commenter les cas individuels, mais assure que la politique actuelle corrige « des années de laxisme et de quasi-amnistie » sous l’administration Biden. Selon Washington, ces remplacements visent à accélérer le traitement des dossiers et à réduire un arriéré record de plus de 3,4 millions d’affaires.
La réforme inclut également l’arrivée de nouveaux profils, tels que des juristes militaires temporaires, et un assouplissement des critères de nomination permettant à davantage d’avocats gouvernementaux de devenir juges.
Une purge idéologique typique de l’administration
Les organisations de juges et d’avocats en immigration dénoncent une politique de sanctions contre les magistrats perçus comme trop indépendants. D’anciens juges licenciés parlent de procédures « arbitraires, injustes » et d’attaques directes contre l’État de droit.
Le limogeage massif de juges nommés sous des administrations démocrates ou ayant défendu la protection syndicale montre qu’il y a peut-être une épuration politique.
Malgré la volonté affichée d’accroître le nombre de juges, le bilan est paradoxal. Le pays est passé d’environ 700 à moins de 600 magistrats actifs, alors même que les expulsions augmentent.
L’administration a dû envisager l’appel à 600 avocats militaires pour tenir l’institution à flot, signe d’une tension extrême dans le système judiciaire migratoire.


