Le 7 mars dernier, lors d’un carnaval au lycée catholique privé Sainte-Céline de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), des événements choquants ont ébranlé la communauté scolaire.
Trois lycéens ont été repérés peints en noir, arborant des lances en bois et des longues robes, selon le témoignage d’un élève en classe de terminale. Une autre élève a déclaré qu’ils avaient imité “des cris de singes”. Cette pratique, connue sous le nom de “blackface”, est largement considérée comme raciste et offensante par de nombreuses associations de lutte contre les discriminations.
Le “blackface” est une pratique qui remonte aux “minstrel shows” nés dans la première moitié du XIXe siècle aux États-Unis. Ces spectacles mettaient en scène des Blancs se maquillant le visage en noir pour se moquer des Noirs, perpétuant des stéréotypes racistes et contribuant à la propagation de la haine raciale.
Suite à ces incidents, plusieurs réactions ont émergé. La ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a vivement condamné ces actes, affirmant que “tout acte raciste à l’école, ou ailleurs, doit être dénoncé et sanctionné”. Elle a également demandé à la rectrice de faire toute la lumière sur cette affaire et de prendre des mesures immédiates pour y remédier.
Les parents d’élèves ont également agi en saisissant le Conseil représentatif des associations noires (Cran), qui a déposé plainte contre X pour “injures publiques à caractère racial, provocation publique à la haine raciale, discrimination”. Me Alex Ursulet, un des avocats de la fédération d’associations, a souligné l’importance de réagir fermement contre de tels actes de racisme.
Ces événements ont suscité une vive indignation et ont relancé le débat sur le racisme et la discrimination en France. Ils soulignent également la nécessité de sensibiliser davantage les jeunes aux enjeux liés au respect de la diversité et à la lutte contre les préjugés raciaux.
Alors que la société française aspire à l’égalité et à la tolérance, de tels incidents rappellent que le chemin vers une société véritablement inclusive est encore long. Il est essentiel que les institutions éducatives et la société dans son ensemble s’engagent à promouvoir des valeurs de respect, de diversité et d’inclusion, afin de construire un avenir où chacun peut vivre librement et sans discrimination.
Une montée de racisme en France - Une ère de controverses
La polarisation en France et l’émergence de controverses peuvent être attribuées à la montée des sentiments d’extrême droite et de discrimination raciale au sein du pays. La récente agitation autour de la participation potentielle d’Aya Nakamura, une chanteuse franco-malienne, à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris illustre ce problème.
Nakamura, connue pour ses succès mondiaux comme “Djadja”, symbolise les banlieues multiculturelles et dynamiques de Paris, mais elle a été victime d’attaques racistes de la part des factions d’extrême droite de la société française. Ces attaques non seulement déshonorent Nakamura mais ternissent également la réputation de la France sur la scène internationale.
Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a condamné ces attaques racistes, soulignant le besoin urgent d’une action collective contre le climat toxique de racisme perpétré par l’extrême droite en France. Alors que le pays se prépare à accueillir les Jeux olympiques, il doit affronter et traiter ces problèmes profondément enracinés de discrimination et de xénophobie pour favoriser une société plus inclusive et accueillante.
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Le maire de la ville réagit au blackface
Le maire de La Ferté-sous-Jouarre, Ugo Pezzetta, a réagi aux événements survenus au lycée de la ville en déclarant que l’objectif des élèves impliqués dans le “blackface” était de mettre en lumière la lutte contre le racisme. Malgré cette intention déclarée, les actions des lycéens ont suscité une controverse et ont été largement condamnées comme étant racistes.
Il était improbable que ces étudiants se livrent à un “blackface” pour dénoncer le racisme pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le “blackface” est une pratique historiquement associée à la déshumanisation et à la discrimination des personnes noires, notamment dans le cadre des spectacles de minstrel au XIXe siècle aux États-Unis.
Le fait que les étudiants aient imité des “cris de singes”, comme rapporté par certains témoins, renforce l’idée que leur intention n’était pas de dénoncer le racisme, mais plutôt de se livrer à des comportements offensants et discriminatoires.
Le contexte du carnaval au lycée ne semble pas propice à une telle déclaration politique ou sociale, ce qui rend l’intention déclarée des étudiants encore moins plausible. Enfin, les réactions négatives et les plaintes déposées par des membres de la communauté et des organisations de lutte contre les discriminations indiquent clairement que la perception générale de l’événement est celle d’un acte raciste, plutôt que d’une tentative de sensibilisation contre le racisme.
L’absence de tout contexte ou déclaration explicite de la part des étudiants ou des organisateurs du carnaval affirmant que l’intention était de sensibiliser ou de dénoncer le racisme rend cette explication encore moins crédible.
En fin de compte, il est plus probable que cette action soit le résultat d’un manque de compréhension ou de conscience des implications du “blackface”, plutôt que d’une intention délibérée de dénoncer le racisme.
Depuis que la loi asile et l’immigration en France a été rejetée, il semble y avoir une augmentation de l’insatisfaction et du racisme dans le pays. Le rejet de cette loi a déclenché des débats passionnés sur la politique d’immigration et a exacerbé les tensions sociales existantes. De nombreux partisans de la loi estimaient qu’elle était nécessaire pour réguler l’immigration et protéger les intérêts nationaux, tandis que ses opposants la considéraient comme discriminatoire et contraire aux principes fondamentaux des droits de l’homme.
Le rejet de la loi a laissé un sentiment de frustration et de mécontentement parmi certains segments de la population, qui estiment que le gouvernement n’a pas agi de manière adéquate pour répondre aux préoccupations concernant l’immigration. Cette frustration a parfois trouvé son expression dans des discours et des actes racistes, qui ont alimenté les tensions sociales et exacerbé les divisions au sein de la société française.
En l’absence d’une politique claire sur l’immigration et d’un consensus politique sur la manière de gérer les flux migratoires, la question de l’immigration est devenue un sujet de débat polarisant dans la société française.
Les tensions et le mécontentement résultant du rejet de la loi sur l’immigration ont mis en lumière les défis auxquels est confrontée la France en matière d’intégration sociale et de cohésion nationale. Il est impératif que les dirigeants politiques et la société dans son ensemble travaillent ensemble pour promouvoir le dialogue, la tolérance et le respect mutuel, afin de construire une société française plus inclusive et harmonieuse.
Auteur / autrice
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Suzanne Latre est la rédactrice en chef du Parisien Matin. Elle est une romancière publiée avec une formation en politique, diplomatie et droit. Elle est spécialiste des relations internationales et porte un intérêt particulier aux affaires irlandaises et françaises. Elle est également directrice de Spokz People, une organisation qui soutient le bien-être des personnes handicapées. Suzanne Latre contribue aux rubriques politiques et culturelles du Parisien Matin.
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