La France a « fermement condamné » le 23 décembre 2025 les restrictions de visas imposées par les États-Unis à cinq personnalités européennes, dont l’ancien commissaire Thierry Breton, accusées de promouvoir la censure sur les plateformes américaines via le Digital Services Act (DSA). Cette mesure, annoncée par le secrétaire d’État Marco Rubio, cible des acteurs de la régulation numérique européenne, qualifiée d’« intimidation » par Paris, Bruxelles et Berlin. Elle marque une escalade dans le bras de fer sur la modération en ligne, avec des amendes DSA déjà à 140 millions d’euros.
Contexte des sanctions américaines
Les États-Unis ont interdit l’entrée sur leur sol à ces cinq individus, présentés comme un « complexe mondial de censure » coercitif envers des firmes comme X (ex-Twitter) d’Elon Musk. Le DSA, voté unanimement par le Parlement européen et les 27 États membres, impose aux géants tech de lutter contre la haine et la désinformation en ligne, sous peine d’amendes jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial. Sans extraterritorialité, il n’affecte pas directement les États-Unis, mais cible les opérateurs européens.
Cette décision s’inscrit dans la Stratégie de Sécurité Nationale de Donald Trump, critiquant l’Europe pour suppression de discours sur l’immigration. Les diplomates américains reçoivent pour instruction de s’opposer au DSA, vu comme un frein économique pour les techs US.
Profils des personnes visées
- Thierry Breton : Ex-commissaire au Marché intérieur, accusé d’avoir menacé Musk pour non-respect du DSA.
- Imran Ahmed : Directeur du Center for Countering Digital Hate (CCD), soupçonné de collaboration avec l’administration Biden.
- Trois autres : Responsables d’ONG allemandes et européennes anti-désinformation, étiquetés « activistes radicaux ».
Déclarations officielles françaises
Le ministre Jean-Noël Barrot a réagi sur X : « La France condamne fermement la restriction de visa imposée par les États-Unis à Thierry Breton, ancien ministre et commissaire européen, et à quatre autres figures européennes. Le DSA a été adopté démocratiquement pour que ce qui est illégal offline le soit aussi online. Il n’a aucune portée extraterritoriale. Les peuples d’Europe sont libres et souverains. »
Emmanuel Macron a ajouté : « Ces mesures constituent une intimidation visant à saper la souveraineté numérique européenne. Nos règles ne doivent pas être dictées de l’extérieur. » Ces propos soulignent une défense unie de l’autonomie réglementaire.
Réactions européennes solidaires
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, a affirmé : « La liberté d’expression est le fondement de notre démocratie européenne vibrante. Nous la protégeons. » L’Allemagne dénonce une « mécompréhension » des lois européennes, qualifiant les bans d’« inacceptables ».
Les visés répliquent avec fermeté : les représentants des ONG déclarent ne pas être intimidés par un gouvernement accusant de censure ceux qui défendent les droits humains. Des médias comme Reuters, Al Jazeera et France 24 analysent une rupture transatlantique inédite, sans précédent pour des sanctions contre ex-officiels européens.
Position américaine et justifications
Marco Rubio justifie : « Ces individus ont coordonné des pressions pour censurer, démonétiser et supprimer des vues américaines. » Sarah B. Rogers, sous-secrétaire d’État, cible explicitement le DSA comme outil de coercition. Washington défend un laissez-faire numérique absolu, opposé à la modération européenne contre la haine.
Enjeux géopolitiques du DSA
Le DSA incarne la souveraineté numérique de l’UE : 140 millions d’euros d’amendes infligées récemment à X illustrent son efficacité. Experts comme Daniel Fried notent l’absence de précédent ; Jacob Funk Kirkegaard y voit une mesure symbolique sans représailles majeures attendues.
Cette affaire révèle des visions irréconciliables : Europe pour un espace en ligne sûr, États-Unis pour une expression sans entraves. Risque d’escalade avec d’éventuelles extensions de bans ou renforcement du DSA.
Implications pour les relations transatlantiques
Symbolique mais tendue, la crise complique la coopération sur IA, commerce et sécurité. L’Europe réaffirme son unité : 90% du Parlement et les 27 États soutiennent le DSA. Pas d’impact visa immédiat pour voyageurs, mais surveillance accrue entre blocs.
Pour la France, défenseur du numérique souverain, c’est un test face à Washington. Succès diplomatique dépendra de clarifications demandées par von der Leyen.
Perspectives et débats futurs
Experts prévoient des débats houleux : lobbying US contre DSA ; ripostes verbales européennes. L’incident coïncide avec des restrictions voyages élargies (30 pays visés par bans US). Trump repositionne les techs comme atout national.
Cette confrontation cristallise un choc culturel : modération vs liberté absolue. L’Europe riposte par la souveraineté, protégeant son modèle sans concessions.


