Dans une démarche de représailles, la Chine a lancé une enquête sur les prix du brandy importé de l’Union européenne (UE), marquant ainsi une mesure de rétorsion contre l’enquête de l’UE sur l’afflux de voitures électriques chinoises bon marché sur le marché européen.
Le ministère chinois du Commerce a annoncé l’enquête anti-dumping vendredi, en réponse à la demande des producteurs locaux d’alcools qui dénoncent des pratiques de fixation des prix injustes. L’anti-dumping fait référence à l’exportation de biens à des prix inférieurs à leur coût de production, faussant ainsi la concurrence sur le marché.
La Commission européenne examine actuellement la documentation fournie par les autorités chinoises et s’est engagée à coopérer étroitement avec les entreprises de spiritueux de l’UE tout au long de l’enquête, selon une déclaration du porte-parole du commerce de la Commission, Olof Gill.
La nouvelle a eu un impact significatif sur les producteurs de brandy européens, affectant particulièrement les marques françaises de cognac, la Chine étant un marché crucial pour elles. Les actions de groupes de biens de consommation de luxe ont connu une baisse, Pernod Ricard chutant de près de 4% à Paris, Rémy Cointreau de plus de 11% et LVMH, propriétaire du cognac Hennessy, chutant de 1%.
Agatha Kratz, directrice du Rhodium Group, a souligné l’importance du marché chinois pour les entreprises françaises de spiritueux, affirmant que la Chine est rapidement devenue un moteur clé de revenus et de croissance pour elles au cours de la dernière décennie.
Bien que les entreprises d’alcools expriment leur confiance dans le respect des réglementations chinoises et internationales, des craintes subsistent quant à une éventuelle imposition de tarifs sur les importations de brandy français, similaire aux tarifs imposés sur le vin australien en 2020 à la suite d’une enquête anti-dumping, affectant négativement les exportateurs de vin australiens.
Kratz suggère que la démarche de la Chine est probablement une forme de représailles contre le soutien ferme de la France à l’enquête de l’UE sur les pratiques commerciales anti-concurrentielles présumées de la Chine. L’enquête de la Commission européenne, lancée en septembre, se concentre sur l’utilisation présumée par la Chine de subventions étatiques substantielles pour maintenir artificiellement bas les prix de ses exportations de véhicules électriques, entraînant une inondation de voitures électriques chinoises bon marché sur les marchés mondiaux.
Les tensions dans les relations entre l’UE et la Chine devraient persister en 2024, la Commission de l’UE lançant potentiellement d’autres enquêtes sur certaines exportations chinoises. L’enquête actuelle sur la fixation des prix du brandy de l’UE contribue à la tension dans les relations commerciales entre les deux géants économiques.