Samedi dernier, plus de 100 000 personnes ont envahi les rues de Londres pour participer à une marche organisée par l’activiste d’extrême droite Tommy Robinson. Baptisée « Unite the Kingdom », cette manifestation visait, selon lui, à défendre la liberté d’expression et le patrimoine britannique.
Quelques milliers de contre-manifestants, regroupés sous la bannière « March Against Fascism » et organisés par le collectif Stand Up To Racism, ont exprimé leur opposition. La police a déployé plus de 1 600 agents pour encadrer les deux rassemblements et éviter tout affrontement direct, avec une zone tampon installée près des institutions gouvernementales.
La foule principale s’étendait de Big Ben jusqu’au-delà de la gare de Waterloo, sur près d’un kilomètre. Pour comparaison, une manifestation pro-palestinienne en novembre 2023 avait rassemblé environ 300 000 personnes.
Un message nationaliste et anti-immigration
Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, est connu pour ses positions nationalistes et anti-migrants. Il a présenté la marche comme un rassemblement pour la liberté d’expression et la protection de la culture britannique. Les participants ont brandi le drapeau rouge et blanc de l’Angleterre et l’Union Jack, scandant « Nous voulons récupérer notre pays ».
On pouvait y apercevoir des pancartes avec des messages comme « Stop aux bateaux », « Renvoyez-les chez eux » ou « Assez, protégeons nos enfants ». Dans le camp des contre-manifestants, des pancartes proclamaient « Réfugiés bienvenus » et « Battez l’extrême droite », tandis que les participants scandaient « Levez-vous, ripostez ».
Plusieurs slogans des partisans de Robinson visaient également le Premier ministre Keir Starmer, et certains faisaient référence au militant conservateur américain Charlie Kirk, récemment tué. Un manifestant brandissait une pancarte : « La liberté d’expression est morte. RIP Charlie Kirk ».
L’homme derrière la marche

Robinson avait déjà prévu une marche « Unite the Kingdom » en octobre dernier, mais avait été empêché d’y participer après avoir été emprisonné pour outrage au tribunal. Il avait également purgé des peines de prison pour agression et fraude hypothécaire.
Fondateur de l’English Defence League, organisation nationaliste et anti-islamiste, Robinson reste une figure influente de l’extrême droite britannique. Il a exhorté ses partisans à ne pas porter de masques, à ne pas consommer d’alcool et à éviter la violence.
Londres sur le point de dégénérer
Pour encadrer les manifestations, la Metropolitan Police a mobilisé 1 600 agents, dont 500 venus d’autres forces. Des itinéraires stricts et des horaires précis ont été imposés pour prévenir tout affrontement et garantir la sécurité publique.
La commandante Clair Haynes a expliqué que la police était particulièrement attentive aux inquiétudes de la communauté musulmane londonienne, compte tenu des antécédents de rhétorique anti-musulmane et de chants offensants lors de manifestations précédentes. Elle a ajouté : « Chacun doit pouvoir se déplacer dans Londres en toute sécurité. »
Londres n’est pas étrangère aux manifestations qui dégénèrent. La capitale a connu une série de graves émeutes en 2011, déclenchées par une fusillade policière à Tottenham. La tension reste palpable lorsque des rassemblements d’extrême droite et d’opposants se croisent, comme l’ont montré ces manifestations.
La confrontation entre les partisans de Robinson et les contre-manifestants, bien que contenue grâce à un dispositif policier important, reflète un climat social divisé, où les débats sur immigration, identité nationale et liberté d’expression s’entremêlent et alimentent des réactions vives dans les rues de Londres.


