L’Iran poursuit le conflit et a lancé dans la nuit du samedi 13 avril des centaines de drones et des missiles contre Israël. Cette attaque fait planer la crainte d’un embrasement dans la région.
Pour Bruxelles, l’idée serait d’élargir à d’autres types d’armement, comme les missiles, les sanctions déjà adoptées pour interdire l’exportation vers l’Iran de composants utilisés dans la fabrication de drones.
De son côté, la République islamique d’Iran a célébré, mercredi 17 avril, « la Journée de l’armée » en saluant « le succès » de son attaque inédite contre Israël et en réaffirmant que Téhéran apporterait une réponse « féroce » en cas de riposte israélienne sur son sol.
L’opération iranienne du 14 avril « a fait vaciller la gloire du régime sioniste », a affirmé le président, Ebrahim Raïssi, lors du traditionnel défilé militaire qui s’est tenu à la périphérie de Téhéran.
Une démonstration qui intervient au moment où Israël dit vouloir faire payer à l’Iran le prix de son offensive contre le territoire de l’Etat hébreu. Une menace qu’Israël fait peser, malgré les appels internationaux à la retenue, y compris de la part de son allié américain, qui a annoncé de nouvelles sanctions contre la République islamique.
Alors que la guerre se poursuit dans la bande de Gaza avec plus de 33 899 personnes tuées, selon le ministre de la santé de la bande, administré par le Hamas.
Un conflit endurcit par L’Iran, qui célèbre sa journée de l’armée
La République islamique d’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, est un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d’une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33.686 personnes, essentiellement des civils, ont péri, selon les autorités du mouvement islamiste palestinien.
Durant la cérémonie, les forces armées iraniennes ont présenté un grand nombre d’équipements récemment développés, dont des drones-suicides et des missiles balistiques de longue portée.
Les forces armées de la république islamique d’Iran se composent de deux groupes distincts : l’Artesh, armée régulière de l’État, principalement chargée de la défense des frontières, de la défense anti-aérienne et de la protection maritime ; et les Gardiens de la Révolution, ou « Pasdarans », une armée parallèle et idéologique du régime, qui fait partie intégrante non seulement de l’appareil de défense du pays, mais, au-delà, du système de gouvernement instauré par les mollahs.
À cette occasion, le président, Ebrahim Raïssi, a répété que l’attaque de l’Iran contre Israël avait été « précise, mesurée » et « punitive », en réponse à la frappe contre son consulat à Damas le 1er avril, imputée à Israël, qui a provoqué la mort de sept militaires iraniens.
« Si la moindre agression était perpétrée par le régime sioniste contre notre sol, cela conduirait à une riposte féroce et sévère », a-t-il de nouveau averti.
« Cette opération a montré que nos forces armées étaient prêtes », a-t-il ajouté dans un discours prononcé devant les chefs de l’armée régulière et du corps des gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique.
Le conflit persiste et le président israélien appelle à contrer « la menace posée par le régime » de Téhéran
Le chef de l’État israélien a appelé « le monde entier » à contrer la menace posée par le « régime » de Téhéran, lors d’un entretien avec les chefs de diplomatie du Royaume-Uni et de l’Allemagne mercredi, à Jérusalem. « Le monde entier doit œuvrer de façon décisive et résolue contre la menace posée par le régime iranien qui cherche à miner la stabilité de toute la région », a déclaré le Président de l’État d’Israël, Isaac Herzog sur le réseau social X.
Il a affirmé avoir eu une « discussion chaleureuse » avec David Cameron et Annalena Baerbock, premiers chefs de diplomatie étrangers (Royaume-Uni et Allemagne), à faire le déplacement en Israël depuis l’attaque inédite de l’Iran contre Israël le week-end dernier.
Après avoir rencontré les deux diplomates, M. Nétanyahou s’est adressé à son cabinet, expliquant qu’il avait reçu « toutes sortes de suggestions et de conseils ». « Toutefois, je tiens également à préciser que nous prendrons nos décisions nous-mêmes », a-t-il déclaré, selon un communiqué publié par son bureau.
Ce conflit appelle à des sanctions contre l’Iran
« Dans les prochains jours, les États-Unis vont imposer de nouvelles sanctions visant l’Iran, dont ses programmes de drones et missiles », le corps des gardiens de la révolution et son ministère de la défense, a détaillé Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président, Joe Biden. Ces nouvelles sanctions vont « accentuer la pression continue exercée sur l’Iran afin d’endiguer et de détériorer ses capacités militaires », a ajouté M. Sullivan, précisant que les États-Unis s’attendaient à voir leurs alliés faire de même.
L’Union européenne (UE) envisage d’élargir le champ de ses sanctions déjà en place contre l’Iran, a déclaré mardi le chef de la diplomatie, Josep Borrell. L’idée serait, par exemple, d’élargir à d’autres types d’armement, comme les missiles, les sanctions déjà adoptées pour interdire l’exportation de l’UE vers l’Iran de composants utilisés dans la fabrication de drones.
La ministre des affaires étrangères allemande avait plaidé, mardi, pour de nouvelles sanctions de l’UE après l’attaque iranienne. Son homologue britannique souhaite que les pays du groupe du G7 imposent des « sanctions coordonnées » contre l’Iran. Lors de sa visite, il a déclaré : « Nous voulons voir des sanctions coordonnées contre l’Iran », accusant ce pays d’être derrière « tellement d’activités malveillantes » dans la région.
Les chefs de la diplomatie du G7, qui se réunissent de mercredi soir à vendredi sur l’île de Capri, en Italie, doivent envoyer « un message clair, sans équivoque » à l’Iran, a précisé M. Cameron. « Nous espérons » qu’Israël réagira « d’une manière qui contribuera le moins possible à une escalade et d’une manière à la fois intelligente et dure », a-t-il ajouté.
La ministre allemande a également appelé toutes les parties à la modération. « Tout le monde doit maintenant agir de manière réfléchie et responsable ; je ne parle pas ici de céder, je parle ici d’une retenue intelligente », a déclaré à la presse Mme Baerbock. Reprochant à l’Iran de mener « toute une région au bord du gouffre », la ministre a jugé essentiel de tout mettre en œuvre pour que « cette situation dangereuse ne se transforme pas en un incendie régional ».
« Nous sommes favorables à ce qu’il y ait des sanctions qui puissent viser aussi l’ensemble de ceux qui aident à faire des missiles, des drones qui ont été utilisés lors de l’attaque de samedi à dimanche », a déclaré, mercredi à Bruxelles, Emmanuel Macron. « Donc, notre devoir c’est d’élargir ces sanctions » visant l’Iran, a insisté le président français.
L’OTAN a officiellement condamné l’escalade de l’Iran qui a mené une attaque sans précédent samedi contre Israël. L’organisation « appelle à la retenue », afin que « le conflit au Moyen-Orient ne devienne pas incontrôlable », selon les précisions ce dimanche d’une porte-parole de l’Alliance.
« Nous condamnons l’escalade de l’Iran au cours de la nuit, nous appelons à la retenue et suivons de près l’évolution de la situation. Il est essentiel que le conflit au Moyen-Orient ne devienne pas incontrôlable », a précisé la porte-parole, Farah Dakhlallah, dans un communiqué.
À contre-pied des Occidentaux, qui ont condamné l’attaque iranienne du week-end, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé M. Nétanyahou d’en être « le principal responsable ». La frappe sur le consulat iranien a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a-t-il dit.
De son côté, le Hamas a jugé mercredi que l’attaque de l’Iran contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche était « légitime et méritée », dans une première réaction du mouvement islamiste palestinien. « La réponse de la République islamique d’Iran confirme que le temps où l’entité sioniste pouvait agir à sa guise sans avoir à rendre de comptes ni subir de châtiment est révolu », a déclaré le Hamas dans un communiqué.
Les Affrontements entre le Hezbollah et Israël vont rajouter de l'huile sur le feu au conflit.
Le Hezbollah libanais a lui aussi revendiqué mardi une attaque aux drones explosifs lancés depuis le Liban sur des positions israéliennes, puis annoncé la mort de trois de ses membres dans des frappes israéliennes. L’armée israélienne a confirmé avoir tué dans des frappes aériennes trois membres du Hezbollah, dont l’un à la tête d’une unité en charge des roquettes et des missiles.
Les affrontements à la frontière libano-israélienne sont quasi quotidiens depuis le début, il y a plus de six mois, de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, membre comme le Hezbollah de « l’axe de la résistance », un regroupement de mouvements armés soutenus par l’Iran et hostiles à l’État hébreu.
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Diplômée d’une licence de langues, d’un Master Science Po - études politiques et journalisme et d’un Master d’histoire de la Russie, Louison est journaliste politique pour Le Parisien Matin. Elle est spécialisée dans les relations internationales et travaille avec des magazines locaux.
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