La chute du président syrien Bachar al-Assad le 8 décembre, suivie par la prise de Damas le même jour par les rebelles, a provoqué une onde de choc dans la région. Le Liban est un petit pays, déjà fragilisé par des décennies de tensions internes et des répercussions directes de la guerre en Syrie. Il est possible que le Liban n’ait plus de remparts contre Israël et soit obligé de s’y allier pour renforcer ses frontières avec la Syrie.
Un Liban inondé de réfugiés et en crise constante
Le Liban accueille déjà un nombre impressionnant de réfugiés syriens. Avec environ deux millions de réfugiés, ce pays détient le record mondial du nombre de réfugiés par habitant. Parmi eux, près de 800 000 sont enregistrés auprès des Nations Unies. La chute d’Assad a déclenché un nouvel exode : des milliers de Syriens traversent désormais les frontières pour rentrer dans leur pays sous le contrôle des rebelles.
Dans les zones frontalières, comme à Masnaa, des scènes de liesse ont été observées. Des foules acclament les retours de familles syriennes dans un contexte marqué par des slogans anti-Assad. Cet apparent soulagement ne masque pas la réalité : les infrastructures libanaises sont à bout de souffle, et les tensions sociales liées à l’accueil prolongé des réfugiés continuent de croître. Les populations locales, elles-mêmes confrontées à une crise économique dévastatrice, peinent à maintenir leur solidarité face à une pression croissante sur les services publics.
Face aux récents événements, l’armée libanaise a annoncé le renforcement de ses positions le long des frontières nord et est. Ces mesures visent à limiter d’éventuels débordements et à prévenir l’infiltration de groupes armés. Ce redéploiement répond à une double nécessité : sécuriser le territoire national contre des factions hostiles et répondre aux pressions internationales exigeant un meilleur contrôle des frontières.
Le Premier ministre Najib Mikati a insisté sur la nécessité de protéger le Liban des répercussions du conflit syrien tout en affirmant la politique traditionnelle de neutralité du pays. Mais dans les faits, cette neutralité semble de plus en plus difficile à maintenir. Les lignes de faille confessionnelles et politiques au Liban rendent la situation extrêmement fragile, les différents partis ayant des alliances divergentes dans le conflit syrien.
La chute d’Assad constitue un coup dur pour le Hezbollah, allié de longue date du régime syrien. Ce groupe politico-militaire chiite, considéré comme un pilier de l’« Axe de la Résistance » contre Israël, a vu sa position considérablement affaiblie. En plus de perdre un soutien clé à Damas, le Hezbollah fait face à des défis internes. Les récentes frappes israéliennes, qui ont causé la mort de plusieurs de ses cadres, y compris son leader emblématique Hassan Nasrallah, ont décimé ses rangs et entamé son moral.
Avec des manifestations publiques d’unité et de ferveur, les blessures laissées par les frappes israéliennes sont visibles. Dans les bastions du Hezbollah, comme la banlieue sud de Beyrouth ou la Plaine de la Bekaa, les dégâts sont omniprésents. Les pertes humaines, combinées aux destructions matérielles, posent la question de la capacité du mouvement à se reconstruire.
Le cessez-le-feu imposé au sud du fleuve Litani, qui stipule que seule l’armée libanaise pourra y être déployée, marque un changement significatif. Le Hezbollah, autrefois dominant dans cette région, est contraint de réduire ses opérations militaires, ce qui affaiblit davantage son influence locale.
Le Liban, illustration d’une inconnue régionale
La chute d’Assad rebat les cartes géopolitiques au Moyen-Orient. Israël, en particulier, observe avec attention les développements en Syrie. Le déploiement de l’armée israélienne dans la zone tampon démilitarisée du Golan souligne son inquiétude face à une éventuelle prise de contrôle de cette région par des groupes armés hostiles.
Israël a mené plusieurs frappes ciblées en Syrie, notamment contre des dépôts d’armes près de Damas, afin de limiter l’acheminement d’armes vers le Hezbollah. La perte du soutien logistique via la Syrie pourrait affaiblir davantage le groupe chiite, bien que des sources proches de l’organisation affirment que d’autres routes d’approvisionnement existent encore.
Pour le Liban, les implications sont grandes. Le pays risque de devenir un terrain de confrontation indirect entre Israël et les nouveaux acteurs émergents en Syrie. La stabilité du sud du Liban, déjà précaire, pourrait être remise en question.