Neuralink est une entreprise de neurotechnologie fondée par Elon Musk. Elle vise à développer des interfaces cerveau-ordinateur pour améliorer les capacités humaines et traiter les maladies neurologiques. En implantant des puces dans le cerveau, Neuralink permet aux individus de contrôler des appareils électroniques par la pensée. Cette technologie ouvre des perspectives sur la fusion entre l’intelligence artificielle et le cerveau humain, mais soulève également des questions éthiques et sociales sur l’avenir de l’humanité.
Neuralink: Vers l’avenir!
Le 21 mars dernier, Neuralink, l’entreprise d’Elon Musk, a dévoilé une vidéo montrant un homme déplaçant le curseur d’un ordinateur par la pensée grâce à une puce implantée dans son cerveau. C’est un progrès majeur pour la biotechnologie, mais qui soulève également des questions éthiques.
Il y a quelques années à peine, jouer aux échecs avec un ordinateur par la pensée semblait être un rêve inaccessible. Pourtant, Elon Musk a prouvé le contraire avec Neuralink, spécialisée en neurotechnologie, qui développe des implants cérébraux d’interfaces neuronales directes. Dès janvier 2024, la start-up affirmait avoir implanté sa première puce sur un patient humain pour des essais cliniques.
Nolan Arbaugh, le sujet d’essai de la start-up, est tétraplégique suite à un accident de voiture. Dans la vidéo, il démontre ses nouvelles compétences en jouant aux échecs sur son ordinateur sans interaction physique avec le clavier, grâce à l’implant. Privé de l’usage de ses membres, il retrouve une certaine liberté en contrôlant l’ordinateur par la pensée. Cette avancée ouvre des perspectives incroyables pour les personnes handicapées.
Mais comment fonctionne cette technologie ? L’implant, une puce de 23 millimètres de diamètre et 8 millimètres d’épaisseur, est composé de 1024 électrodes réparties sur 64 fils. Il est placé à la surface du cerveau, et une fois connecté, il capte l’activité neurale du porteur pour la transmettre à un ordinateur qui déchiffre les informations.
Malgré ces avancées, des questions éthiques subsistent. Si Neuralink affirme respecter l’éthique scientifique et avoir reçu l’autorisation des autorités sanitaires américaines pour réaliser des essais cliniques sur l’homme, des inquiétudes persistent. Des rapports ont révélé la mort de singes dans le cadre des tests de l’implant, soulevant des préoccupations quant au bien-être des animaux et à la sécurité des humains.
De plus, l’essor de la technologie Neuralink pose la question du transhumanisme. Ce courant de pensée prône l’amélioration des capacités humaines grâce aux avancées scientifiques et techniques. Si certains voient dans la puce de Neuralink une opportunité d’augmentation humaine, d’autres s’inquiètent des implications sur la nature humaine et l’intégrité psychique des individus.
Alors que les nouvelles technologies continuent de progresser à un rythme effréné, il est crucial de se pencher sur les implications éthiques et sociales de ces avancées biomécaniques
Neuralink: la philosophie transhumaniste
Le terme « transhumanisme » gagne en importance ces derniers temps, suscitant des débats sur l’avenir de l’humanité et les implications éthiques des nouvelles technologies conçues pour modifier le corps humain.
Dans une récente interview avec ACI Prensa, partenaire de presse en langue espagnole de l’Agence Catholique d’Information, le philosophe argentin Mariano Asla, titulaire d’un doctorat de l’Université de Navarre, a offert une analyse critique de ce sujet controversé.
Le transhumanisme, explique Asla, est un mouvement scientifique et culturel qui propose la « modification de la biologie humaine par la convergence de nouvelles technologies » telles que la nanotechnologie, la biotechnologie, l’informatique et les sciences cognitives. Cette convergence vise à « créer une nouvelle espèce » dans laquelle les frontières entre le biologique et l’artificiel « sont complètement floues ». Selon le philosophe, l’objectif est de rendre les gens « plus sains, plus intelligents, plus empathiques et plus longs. »
Cette idée de transcender les limites biologiques humaines n’est pas nouvelle. Elle remonte à Julian Huxley, qui a inventé le terme en 1957, évoquant la possibilité d’une évolution de l’humanité vers un nouveau mode d’existence.
Un exemple concret s’est produit fin janvier lorsque Neuralink, une entreprise de neurotechnologie américaine appartenant à Elon Musk, a implanté une puce cérébrale chez le premier patient humain, qui a bientôt pu déplacer son curseur d’ordinateur rien qu’en utilisant son esprit.
Selon son site web, la mission de l’implant Neuralink est de « créer une interface cérébrale généralisée pour redonner autonomie à ceux qui ont des besoins médicaux non satisfaits aujourd’hui et libérer le potentiel humain demain. »
L’un des principaux défis éthiques posés par le transhumanisme, selon Asla, est l’impact qu’il aurait sur tous les aspects de la vie humaine, de « la reproduction et la naissance à l’organisation sociale, y compris l’éducation, la vie émotionnelle, le travail et le vieillissement. »
En modifiant radicalement le corps humain, Asla souligne qu’il est nécessaire d’analyser attentivement les avantages possibles mais aussi « les coûts, les risques et les conséquences non intentionnelles possibles. »
« Par exemple, si pour prolonger la longévité de certaines personnes, il est nécessaire d’expérimenter sur des personnes en bonne santé et de les exposer à des risques imprévisibles qui ne seraient pas moralement admissibles. Une autre objection morale courante faite à ces propositions est la possibilité réelle de générer une augmentation exponentielle des inégalités humaines, donnant lieu à des classes sociales d’élite (les améliorées) et des classes vulnérables et à risque (les naturelles), » a-t-il mis en garde.
Selon le philosophe argentin, le plus grand défi que présente le transhumanisme est de retrouver une philosophie et une théologie adéquates du corps humain et a pointé l’héritage de Jean-Paul II, qui était « un pas en avant et une source intéressante pour une défense de ce que nous sommes. »
Enfin, Asla a fait référence à l’appel du pape François à discerner les propositions transhumanistes d’un point de vue éthique.
« Le pape François a démontré, comme les précédents pontifes, un véritable intérêt à répondre aux défis que notre époque présente. En dialogue avec d’autres voix et avec l’attitude pastorale de regarder vers les périphéries, je crois qu’il nous invite tous à revitaliser le message chrétien, à chercher de nouvelles formes et de nouvelles initiatives, » a déclaré le philosophe.
Pour Asla, ce dialogue entre la foi chrétienne et les récits transhumanistes peut s’enrichir mutuellement, mais « cela n’implique pas de renoncer à la vérité (qui ne nous appartient pas, mais nous a été révélée comme un don), mais plutôt de maintenir une ouverture sincère à tout ce que le monde peut nous offrir de beau et de bon. »
« En bref, le message du Christ est un message profondément divin et humain, qui ne sera jamais démodé et qui devrait également illuminer le dialogue avec les récits transhumanistes
Auteur / autrice
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Quentin est journaliste spécialisé sur les sujets de société, nouvelle technologie et pop-culture pour Le Parisien Matin
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