Après plus d’une semaine de négociations à Ottawa, la capitale du Canada, les représentants des 175 pays ne sont pas parvenus à une entente afin notamment d’imposer des limites sur la production mondiale de plastique.
Un monde sans plastique, est-ce possible?
L’adoption du traité mondial sur la pollution plastique a pour but de parvenir à un accord international sur la façon de supprimer les déchets plastiques d’ici 2040. L’ultime session de discussions qui devrait mener à une résolution va avoir lieu fin novembre.
Les représentants des pays ne sont pas parvenus à s’entendre sur divers points, notamment à savoir si des limites devraient être imposées sur la production de plastique.
Plusieurs États, notamment la Chine, l’Inde et la Russie recommandent plutôt le recyclage.
Malgré l’absence d’accord, le ton reste optimiste, comme l’a laissé sous-entendre le président du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique, Luis Vayas Valdivieso.
« Nous repartons avec une image beaucoup plus claire du travail qu’il reste à accomplir, si nous voulons tenir notre promesse [d’adopter un traité d’ici la fin 2024. »
Les particularités du futur traité sur le plastique
Ce nouveau traité, contrairement à quelques-uns de ses prédécesseurs, se veut juridiquement contraignant. Ainsi, l’Accord de Paris sur les changements climatiques adopté le 12 décembre 2015, bien qu’historique, ne prévoyait pas de cibles contraignantes.
L’Accord de Paris avait été adopté au terme de la COP21, la 21e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et visait à limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C ».
D’ici novembre, les discussions devraient se poursuivre en sous-comités afin de poursuivre le travail entamé pendant la semaine à Ottawa. Cependant ces discussions devraient se concentrer davantage sur les détails entourant la mise en place du traité et l’évaluation des substances chimiques utilisées dans la production de plastique.
Le sujet de décider des limites sur la production de plastique ne devrait pas se trouver à l’agenda, ce que critique plusieurs États, notamment le Pérou et le Rwanda.
« Les pays du Sud, qui se battent bec et ongles pour un traité solide sur les plastiques, ont été écrasés par la volonté des nations riches », a déclaré la responsable des communications chez GAIA Amérique latine et Caraïbe, Camila Aguilera.
Des membres de groupes environnementalistes ont émis leurs opinions par rapport à la position du Canada et des autres pays membres: « La production de plastique nuit chaque jour aux populations, mais les États écoutent davantage les lobbyistes de l’industrie pétrochimique que les scientifiques spécialistes de la santé », a déclaré Graham Forbes, le responsable de la campagne mondiale sur les plastiques à Greenpeace USA.
Le sujet épineux de la production plastique devrait toutefois être débattu à Busan en novembre.
La pollution plastique dans le monde, au cœur du traité sur le plastique
À l’échelle mondiale, la production de plastique a doublé selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), passant de 234 millions de tonnes à 460 millions de tonnes entre 2000 et 2019.
« La pollution plastique est en majeure partie la conséquence d’une collecte et d’une élimination inadaptées des détritus plastiques », peut-on lire dans un communiqué de l’OCDE.
Et un des points à surveiller serait les microplastiques, des déchets plastiques pouvant faire jusqu’à 5 mm. « Les microplastiques font partie des conséquences les plus néfastes et pérennise de la crise de la pollution plastique, constituant une menace croissante pour la santé humaine et planétaire », écrit l’ONU.
En termes de déchets, depuis 2015, plus de 6,9 milliards de tonnes ont été produites à travers le monde. Seulement 9 % de ces déchets ont été recyclés. La grande majorité, soit 79 %, s’est retrouvée dans la nature ou dans des décharges, écrit National Geographic, selon des chiffres de l’OCDE.
La moitié des déchets plastiques seraient des emballages. Et 73 % des déchets qui se retrouvent sur les plages du monde, comme les bouteilles d’eau, les emballages en tout genre et les sacs, sont du plastique, écrit National Geographic.
Selon des estimations faites à partir d’un rapport du World Wildlife Fund (WWF) de 2021, la production de plastique pourrait doubler d’ici 2040 et « le déversement annuel de déchets plastiques dans les océans pourrait tripler pour atteindre 29 millions de tonnes. »
La production de plastique, au cœur des récents débats, est un processus extrêmement énergivore. « Fabriqué à partir de combustibles fossiles, en 2019, les plastiques ont généré 1,8 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit 3,4 % des émissions mondiales », écrit l’ONU dans un communiqué. Les États qui se réuniront en en Corée du Sud à la fin de l’année auront la possibilité de freiner ces émissions de gaz à effet de serre.