Les élections générales au Japon en 2024 représentent un grand questionnement qui ne semble pas enjouer les nippons.
Ce scrutin, qui doit se tenir fin octobre, survient dans un contexte de méfiance croissante du public envers la classe politique, exacerbée par les scandales financiers au sein du Parti libéral-démocrate (PLD).
Le premier ministre actuel, Shigeru Ishiba, récemment nommé à la tête du PLD, doit affronter non seulement une opposition de plus en plus affirmée, mais aussi les divisions internes de son propre parti.
Que peut-il se passer pendant ces élections générales?
Les élections de 2024 se déroulent dans un climat de turbulences politiques. Après l’annonce de la démission de Fumio Kishida en août, Shigeru Ishiba a pris la tête du gouvernement en septembre et a immédiatement annoncé la dissolution de la Chambre basse du parlement, marquant le début de la campagne électorale. La décision d’Ishiba a été vivement critiquée, en particulier par les membres de l’opposition, qui y ont vu une manœuvre politique précipitée pour capitaliser sur une fenêtre d’opportunité électorale.
D’un point de vue historique, le PLD, fondé en 1955, domine la scène politique japonaise depuis des décennies, à l’exception de quelques courtes périodes. Cependant, en 2024, il fait face à un défi inédit : la montée du Parti démocrate constitutionnel du Japon (PDCJ), dirigé par Yoshihiko Noda, ancien premier ministre. Le PDCJ a promis de concentrer sa campagne sur la réforme sociale et la transparence gouvernementale, attirant ainsi les électeurs mécontents de la gestion économique du PLD.
L’un des principaux thèmes de l’élection de 2024 est la situation économique. La population japonaise subit les conséquences d’une inflation élevée, avec des prix des produits de première nécessité en forte hausse, un grand contraste pour cette nation consumériste. Le gouvernement Ishiba a annoncé des mesures telles que des aides financières aux ménages à faibles revenus et des subventions aux gouvernements locaux pour atténuer les effets de la crise. Ces propositions ont été critiquées comme étant insuffisantes face à la gravité de la situation.
Selon un sondage réalisé en septembre, 65 % des électeurs considèrent que l’économie est la priorité absolue du prochain gouvernement. Environ 72 % des personnes interrogées estiment que le gouvernement n’a pas suffisamment agi pour contrer la hausse des prix, tandis que seulement 25 % approuvent les réformes économiques proposées par le PLD sous la direction d’Ishiba.
L’une de nos informatrices sur place nous confie que “Les Japonais ont des perspectives politiques qui ne sont pas joyeuses.”
D’autres soucis clés pour ces élections générales
La politique étrangère occupe également une place prépondérante dans les débats électoraux de 2024. Shigeru Ishiba, expert en défense, a plaidé pour la création d’une alliance similaire à l’OTAN en Asie, une idée qui a suscité des réactions mitigées. Bien que certains électeurs voient dans cette initiative une opportunité de renforcer la sécurité régionale face à la menace croissante de la Chine et de la Corée du Nord, d’autres jugent ce projet irréaliste à court terme.
Le PLD propose également de revoir l’accord de défense avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne la présence des troupes américaines au Japon. Actuellement, environ 50 000 soldats américains sont stationnés dans plusieurs bases à travers le pays, un arrangement qui a longtemps été une source de tension dans certaines régions, en particulier à Okinawa.
L’élection de 2024 pourrait également voir un renouvellement du paysage politique japonais, avec l’émergence de jeunes leaders au sein du PLD. Shinjiro Koizumi, âgé de 43 ans et fils de l’ancien premier ministre Junichiro Koizumi, est l’un des candidats les plus en vue pour succéder à Ishiba si le PLD remporte les élections. Koizumi, qui a fait campagne sur des thèmes tels que la réforme politique et le développement des énergies renouvelables, pourrait attirer l’électorat plus jeune, souvent désengagé de la politique traditionnelle.
Le PLD a traditionnellement été perçu comme un parti conservateur, mais ces dernières années, des voix progressistes comme celle de Koizumi ont émergé, plaidant pour des réformes sociales, y compris sur des questions controversées comme l’utilisation de noms de famille différents pour les couples mariés. Bien que le soutien à ces réformes soit encore minoritaire au sein du parti, leur inclusion dans les débats reflète une évolution des mentalités au sein de la société japonaise.