Cela fait des années que nous entendons des plaisanteries au sujet de nos dirigeants: Voleurs, chenapans, égoïstes…Tout y passe. Les hommes politiques ne sont plus scarés car nous ne leur faisons plus confiance.
Ce désintérêt, qui se traduit par une abstention record et un rejet croissant des partis traditionnels, s’est accentué avec les crises successives, économiques, sociales ou sanitaires. Le baromètre annuel de la confiance politique du CEVIPOF révèle une défiance structurelle jamais mesurée auparavant.
Est-ce un désenchantement justifié de la part des habitants de l’hexagone?
Des chiffres alarmants au sujet de notre confiance envers les politiques
Le dernier baromètre de la confiance politique du CEVIPOF (de Sciences Po) indique que seuls 23 % des Français font confiance au gouvernement, un niveau historiquement bas.
L’Assemblée nationale ne recueille que 24 % de confiance ce qui nous montre une stagnation par rapport à la période de la crise des Gilets jaunes. Plus grave encore, les partis politiques, piliers de la démocratie représentative, ne bénéficient de la confiance que de 16 % des citoyens, un des taux les plus bas d’Europe.
En comparaison, les chiffres sont nettement plus élevés chez nos voisins : 36 % des Italiens, 34 % des Allemands et 23 % des Néerlandais font confiance aux partis politiques. Quant aux institutions locales, elles résistent mieux à la désaffection, avec un taux de confiance de 50 % pour les conseils municipaux et départementaux, bien qu’en baisse constante depuis 2009.
Mais pourquoi ne faisons-nous plus confiance à nos dirigeants?
Des élites politiques complètement déconnectées de la réalité…
L’une des plaintes ressortie pendant cette enquête est liée au sentiment de déconnexion de la classe politique. Des plaisanteries sur Macron le jupitérien, sur Copé qui ne connaît pas le prix des pains au chocolat ou les dépenses faramineuses des institutions politiques donnent l’impression au Français que la classe politique dirigeante ne sait pas à quoi le quotidien d’un Français moyen ressemble. L’un des sondages de l’IFOP fait ressortir que 72 % des Français estiment que les dirigeants politiques « ne se soucient pas des gens comme eux ».
Des hommes politiques inefficaces, qui renforcent l’idée que la France est une terre de bureaucratie lente
En France, il y a plusieurs sujets qui font surface encore et encore ces derniers mois : L’instabilité politique pérenne de la Vème République, la réforme des retraites, l’immigration et le budget.
Ces débats sont longs, douloureux et houleux. Mais pire encore – Il n’y a jamais de résolutions fixes qui en ressortent. Les Français ont l’impression que les politiques font leur mieux pour faire traîner ces sujets. La gestion de la crise sanitaire du COVID-19 a accentué ce ressentiment, avec des mesures jugées incohérentes et un manque de transparence affolant.
Des partis traditionnels qui ne sont plus fédérateurs
L’érosion des grands partis politiques (LR, PS) au profit de formations plus radicales ou populistes illustre cette lassitude de partis qui ne rassempblent plus. La montée en puissance du Rassemblement National et de La France Insoumise traduit un besoin de rupture avec un système jugé inefficace. L’augmentation des votes blancs et nuls, ainsi que l’abstention, reflète également un désintérêt grandissant pour l’offre politique actuelle.
Une perte de confiance qui n’est pas sans conséquences
Beaucoup de lecteurs auront une réaction cynique en lisant cet article – “Oui mais ça leur est égal” ai-je entendu d’une collègue.
Toutefois, ne soyons pas si sûrs que cette confiance détériorée n’ait pas d’impact sur le monde politique.
L’un des effets les plus préoccupants de cette défiance est l’affaiblissement du processus démocratique. En 2022, l’élection législative a enregistré une abstention record de 53,8 %, tandis que la présidentielle a connu un taux d’abstention de 28 %, du jamais vu depuis 1969. Cette désertion des urnes pose la question de la légitimité des gouvernants et leur rappelle que leur poste ne tient qu’à un fil. Vote blanc équivaut à pas de nomination pour un emploi pour les hommes politiques.
Avec un retour prononcé au conservatisme dû à une mauvaise gestion des ressources et des politiques sociales perçues comme “extrêmes”, la France risque d’être gouvernée par des partis très loins de ceux qui étaient au pouvoir ces dernières années. Il y a même des Français qui soutiennent l’idée d’une dictature autoritaire. 41 % des sondés seraient prêts à accepter un dirigeant gouvernant sans Parlement ni élections, une hausse de 10 points depuis 2017. Plus encore, 73 % estiment qu’il faudrait « un vrai chef pour remettre de l’ordre », Ce qui n’est pas sans rappeler le soutien américain envers Trump.