La mort de Lucas, un jeune homme de 25 ans, après une longue attente aux urgences de l’hôpital de Hyères dans le Var en octobre 2023rappelle les graves dysfonctionnements dans le système de santé français. Un rapport accablant de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié le 6 décembre 2024, détaille les retards, erreurs et manquements qui ont conduit à ce drame. Cette tragédie est un symptôme de tensions structurelles au sein des services hospitaliers, exacerbées par des problèmes de sous-effectifs et d’engorgement.
Lucas décédé à cause de retards systématiques
Lucas, souffrant d’une infection invasive à méningocoque, a été admis aux urgences de Hyères le 4 octobre 2023 à 15h50. Le méningocoque, une pathologie rare mais grave, présente un taux de mortalité de 24 % pour les jeunes adultes atteints par le sérogroupe concerné, selon le Centre national de référence des infections invasives à méningocoques. Pourtant, malgré la gravité potentielle de la situation, sa prise en charge a été marquée par une série de retards et d’erreurs :
Les premiers soignants n’ont pas perçu l’urgence de son état. Les données recueillies auraient dû entraîner une prise en charge par un médecin dans un délai maximal de deux heures, mais Lucas n’a été examiné qu’au bout de quatre heures, et encore, dans un couloir.
Le transfert des prélèvements sanguins vers le laboratoire de Toulon a été effectué avec une heure de retard par rapport aux procédures prévues. Réalisé à 17h30, il a révélé une anomalie correspondant à une aggravation de l’état de Lucas. Cependant, cette information cruciale n’a pas déclenché de mesures spécifiques immédiates. Les signaux d’alerte, tels que la dégradation des constantes vitales, n’ont pas conduit à une intervention adaptée.
Un contexte de surcharge et de pénurie impardonnable
Le jour du drame, les urgences de Hyères étaient particulièrement surchargées, avec 114 patients reçus, soit bien au-delà de la moyenne journalière de 96. Entre 15h et 22h, 57 passages ont été enregistrés, tandis que seuls deux médecins étaient présents 70 % du temps entre midi et minuit.
Cette situation de tension a été aggravée par plusieurs facteurs structurels :
En 2023, la fermeture du service de court séjour gériatrique a contribué à l’engorgement des urgences. Le manque de places dans d’autres services hospitaliers a empêché le transfert de patients, bloquant ainsi les urgences. La pénurie chronique de médecins et d’infirmiers a limité la capacité du service à répondre à l’afflux de patients.