Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement National (RN), est accusée d’avoir détourné des fonds européens en créant des postes fictifs pour des assistants parlementaires qui auraient en réalité travaillé pour le parti en France plutôt qu’au Parlement de l’UE. La condamnation, si elle survient, pourrait entraîner une peine d’emprisonnement et une interdiction d’exercer une fonction publique, compromettant ainsi sa capacité à se présenter aux élections présidentielles de 2027.
Nous pourrions spéculer qu’il s’agit là, d’une manière d’écarter une grande figure politique et plus largement l’extrême-droite du paysage politique français.
Marine Le Pen est accusée d’avoir crée des emplois fictifs.
Le cas trouve ses origines dans des allégations d’abus de fonds publics, un sujet fréquemment évoqué dans les affaires de financement politique. Les accusations contre Marine Le Pen et certains membres de son parti font suite à une enquête lancée en 2015, lorsque le Parlement européen a signalé des irrégularités potentielles au bureau européen anti-fraude (OLAF). Les fonds destinés à financer les assistants parlementaires des députés européens auraient été détournés pour couvrir les coûts des activités du RN en France.
Les procureurs affirment que les assistants parlementaires censés travailler à Bruxelles étaient en fait affectés à des tâches internes pour le RN, un arrangement qui violerait les règles de financement de l’UE. Cette affaire, qui englobe des emplois fictifs présumés de 2004 à 2016, inclut des figures notoires du RN et représente une somme estimée à plusieurs millions d’euros.
Si le tribunal suit les recommandations de la poursuite, Marine Le Pen pourrait encourir jusqu’à cinq ans de prison, dont une partie avec sursis, ainsi qu’une amende significative. Les procureurs ont requis une interdiction d’exercer tout mandat public pour une durée de cinq ans, une sanction qui l’empêcherait de concourir aux prochaines élections présidentielles en 2027. Cette interdiction serait d’autant plus conséquente que Le Pen a montré des résultats solides dans les élections précédentes, se positionnant comme d’habitude, comme une figure icônique et matriarchale de l’extrême-droite.
Cette situation n’est pas sans précédent en France, où des personnalités politiques, accusées d’abus de fonds publics ou d’autres délits financiers, ont été temporairement exclues de la vie publique. L’affaire des emplois fictifs de François Fillon a éclaté en 2017, lorsqu’il était candidat à la présidence. Il a été accusé d’avoir employé sa femme, Penelope Fillon, et deux de ses enfants dans des postes supposés fictifs comme assistants parlementaires. Penelope Fillon aurait reçu des salaires élevés pour ce travail, qui, selon les enquêteurs, manquait de preuves tangibles d’exécution. En 2020, François Fillon a été condamné à cinq ans de prison (dont deux ferme), assortis d’une amende et d’une interdiction d’exercer des fonctions publiques.
Une peine de prison ferme et une interdiction de mandat pour une figure politique féminine de cette envergure marqueraient pourtant un tournant. Le Pen soutient que les accusations sont politiquement motivées, visant à entraver sa progression vers une candidature présidentielle. Pour l’avocate, le parquet serait biaisé et aurait la volonté de “priver les Français de la capacité de voter pour qui ils souhaitent“.
Si Marine Le Pen devait purger une peine ou se voir interdire de participer à des élections, le RN pourrait subir une réorganisation significative. Actuellement dirigé par Jordan Bardella, le RN s’est imposé comme une force politique en France et en Europe, gagnant une part non négligeable des suffrages lors des dernières élections européennes. La possible condamnation de sa figure emblématique pourrait compliquer ses ambitions futures, bien que le parti ait renforcé ses positions auprès de l’électorat nationaliste et eurosceptique.
Au complot! Il est possible que Marine Le Pen soit en fait, délibérément écartée du système.
Ce n’est pas une surprise.
Marine Le Pen
Beaucoup de sympathisants du RN y voient un complot. Si l’homme politique luxembourgeois Xavier Bertrand dit qu’il s’agit de “l’hypocrisie du RN” et affirme que “La démocratie, c’est aussi le respect de la justice ” sur le plateau de RTL, il est intéressant de se rappeler que beaucoup de figures politiques ont commis les mêmes actes que Marine Le Pen ou que François Fillon sans pour autant faire face à de lourdes conséquences judiciaires qui entraveraient leur carrière.
Charles Pasqua, par exemple, Ministre de l’Intérieur sous Jacques Chirac, a été impliqué dans plusieurs affaires judiciaires, mais l’affaire où il a été accusé d’avoir financé de manière illicite le Rassemblement pour la République (RPR) en créant des emplois fictifs au sein du Conseil général des Hauts-de-Seine n’a pas conduit à une condamnation. Il a été condamné dans d’autres dossiers liés au financement illégal de partis politiques et à des abus de biens sociaux, notamment dans l’affaire de la Sofremi, où il fut accusé de détournement de fonds publics. En raison de son âge et de son état de santé et la complexité des procédures judiciaires, certaines peines ont été suspendues ou aménagées.
Contrairement aux idées de Xavier Bertrand, beaucoup d’autres figures politiques françaises pensent que la démocratie n’est pas respectée par la justice elle-même et que la voix du peuple devrait compter dans la possible condamnation de Marine Le Pen. Gérald Darmanin, député du Nord et ex Ministre de l’Intérieur s’est exprimé sur le réseau social Twitter (X) en disant “Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du Peuple“.
Jordan Bardella, le Président du Rassemblement National a également exprimé son soutien envers Marine Le Pen en dénonçant une justice partiale: “Le parquet n’est pas dans la justice: il est dans l’acharnement et la vengeance à l’égard de Marine Le Pen.“
Dans quelque industrie que ce soit, beaucoup de postes sont attribués en interne. La politique française n’échappe pas à ce constat mais il semblerait que Marine Le Pen en paie le prix bien plus que ses confrères et consoeurs d’autres partis.