Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble, n’a jamais caché son ambition en matière de logement : il veut que sa ville atteigne 30 % de logements sociaux.
Pour lui, c’est une étape essentielle pour « casser les ghettos », en particulier ce qu’il appelle les « ghettos de riches ».
Lors d’une interview donnée fin juillet au Dauphiné Libéré, il affirmait que le véritable problème de Grenoble n’était pas la diversité présente dans des quartiers populaires comme La Villeneuve, mais l’existence de zones entières, souvent dans l’hypercentre, où il n’existe pas un seul logement social.
« Ce que nous cherchons à faire, c’est casser les ghettos. Mais les ghettos, il faut se rappeler que c’est surtout des ghettos de riches ! » déclarait-il alors, assumant pleinement une position qui divise. Selon lui, ces quartiers très aisés, où le prix du mètre carré s’envole, créent une barrière invisible qui empêche toute mixité réelle.
Fin 2024, Grenoble comptait 25 % de logements sociaux, c’était l’objectif imposé par la loi SRU, qui fixe un seuil minimal pour chaque commune. C’est une progression notable par rapport à 2014, où le taux était de 21,7 %. Mais pour Piolle, il reste encore du chemin à parcourir, et il n’hésite pas à défendre publiquement ce cap.
Un policier monte au créneau : “Il est hors-sol”
Ces propos, Guy, policier grenoblois, ne les digère pas. Invité des Grandes Gueules ce lundi, il s’oppose à la vision du maire : « Je réagis comme la plupart des Grenoblois : ce monsieur est complètement hors-sol, il n’a pas la réalité du terrain de Grenoble. De la mixité sociale, il y en a toujours eu. Des quartiers, il y en a. Je ne vois pas ce que ça va apporter de plus pour la ville. »
Pour lui, la priorité est ailleurs. « Ce que je vois, c’est la délinquance dans les quartiers, le trafic de stupéfiants omniprésent, la grosse pègre, la mafia qui ne cessent d’augmenter », déplore-t-il. Selon ce policier, la situation se serait aggravée pendant le mandat de Piolle : « Disons que ça s’est accéléré. Il a voulu faire de Grenoble la capitale européenne de l’écologie… On voit les résultats, en fermant les yeux sur du clientélisme. »
Et sur la fameuse notion de “ghettos de riches”, Guy ironise : « Faudra qu’on me les montre, les ghettos de riches ! »
Piolle répond aussi sur la sécurité et interpelle le ministre de l’Intérieur
Sur RTL, le maire de Grenoble n’a pas seulement parlé logement. Il en a profité pour s’en prendre à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en l’interpellant sur la lutte contre le trafic de drogue. « Il le dénonce, mais il est en charge de la lutte. Donc, où est son plan ? », a-t-il lancé.
Pour Piolle, le problème dépasse les frontières de Grenoble : « On essaye de lutter contre les trafiquants, mais on voit une montée de la violence un peu partout dans le pays. Aujourd’hui, même des communes moyennes ou rurales sont touchées, pas seulement par la consommation, mais aussi par le trafic. »
On dirait bien une obsession idéologique déconnectée des problèmes concrets que vivent les habitants. Pour les soutiens de Piolle, augmenter le nombre de logements sociaux réduira les écarts entre quartiers et évitera que certaines zones deviennent inaccessibles aux classes moyennes ou populaires.
Mais l’urgence est de régler les problèmes de sécurité et de trafic avant de se lancer dans de nouveaux objectifs immobiliers. L’expression “ghettos de riches” risque encore de faire rire pour longtemps.


