La France est vue comme une terre d’asile pour de nombreux réfugiés qui espèrent connaître un avenir meilleur dans le pays des droits de l’homme. Notre pays s’est d’ailleurs engagé à les recevoir et a accueilli plus de 7,3 millions de réfugiés en 2023.
Alors que des initiatives comme la Journée des Réfugiés se préparent dans de nombreux pays, il est difficile d’ignorer que les citoyens français expriment davantage d’indifférence, de mépris voire de colère face à des réfugiés, perçus comme un poids économique et social.
En effet, de nombreuses enquêtes montrent que les Français ne sont pas aussi favorables à l’accueil de réfugiés qu’on pourrait le croire. Des chiffres de Gallup indiquent que seuls 9% d’entre eux pensaient que les réfugiés ukrainiens devraient avoir la possibilité d’obtenir la nationalité de manière simplifiée, par exemple.
Nous avons pu nous entretenir avec des organisateurs de la Refugee Week, qui a lieu en juin en Europe, dans l’espoir de mieux comprendre quels pouvaient être les barrières que nous avons face aux réfugiés.
Un nombre record de réfugiés en France
2023 a signé une année record en termes d’accueil de réfugiés en France. Le Ministère de l’Intérieur a recensé 149 511 premières demandes d’asile enregistrées en guichets uniques (GUDA). Cela représente une hausse de 8,6 % par rapport à 2022.
Depuis la crise migratoire de 2015, de nombreux réfugiés ont choisi la France comme terre d’accueil. Les communautés les plus importantes de réfugiés sont afghanes, guinéennes, turques, ivoiriennes et bangladaises dans cet ordre.
Avec de nombreux avantages sociaux à la clé, les réfugiés choisissent aussi la France parce qu’il est relativement aisé d’y rentrer puisque le pays ne pratique pas de refoulements systématiques. La France étant assez bien positionnée en Europe, elle sert également de point de transition pour les réfugiés qui souhaitent vivre en Angleterre.
Accueillir les réfugiés : Un devoir absolu?
Pour le président du Conseil des Réfugiés et le vice-président de la semaine des Réfugiés en Angleterre, Enver Solomon, accueillir les réfugiés comme le fait la France relève du devoir et de l’humanité de chacun : “Nous ne sommes pas seulement un regroupement d’individus, nous sommes une communauté. Le monde est une communauté unie où nous avons une humanité réunie et des valeurs qui sont reconnues dans des textes de droit international. Je pense que cette humanité universelle est vraiment encapsulée dans la Charte des Nations Unies. Nous avons une responsabilité collective en tant que communauté pour assurer la sécurité et l’existence de sanctuaires pour chacun d’entre nous.” explique Solomon.
Il poursuit en rappelant qu’on peut tous devenir des réfugiés: “Chacun d’entre nous peut tout perdre du jour au lendemain, peut-être qu’un jour nous aurons besoin de fuir ou serons persécutés, menacés. Aujourd’hui, malheureusement, cette notion de communauté, de responsabilité collective et cette capacité à offrir la sécurité à chacun d’entre nous est contestée.”
Solomon fait référence ici aux citoyens qui ne partagent pas l’idée d’un devoir collectif envers les réfugiés.
Vicky Tennant, représentante de l’UNHCR s’aligne avec les dires de Solomon et rajoute que le réfugiés n’ont pas souvent le sentiment d’être accueillis à bras ouverts par les populations européennes : “Pour les réfugiés qui, pour n’importe quelle raison se sentent condamnés à aller dans un nouveau pays, ils font souvent face à un accueil assez hostile et à des situations où les pays de l’Ouest leur ferment leurs portes.
Heureusement, on voit des pays occidentaux qui gardent leurs portes ouvertes, accueillent les réfugiés et font des efforts pour les inclure dans leurs sociétés. On voit les enfants réfugiés pouvoir accéder aux écoles locales. On voit les réfugiés poursuivre leurs vies, faire partie des économies locales, trouver des emplois.”
Le coût des réfugiés et la pression sociale supplémentaire sur un système mal fait
Pour beaucoup d’opposants à la Semaine des Réfugiés, le problème ne vient pas d’un manque d’empathie. Ils soutiennent plutôt qu’il n’y a pas de devoir d’accueil, contrairement à ce que pensent Enver Solomon et Vicky Tennant.
Ces militants, parfois de droite voire d’extrême-droite, ont adopté une vision chauviniste qui n’est pas sans rappeler les slogans “America First” vus pendant la campagne électorale américaine. Il s’agirait simplement de les remplacer par “France First” ou “France souveraine“, comme le dirait Eric Zemmour.
Une journaliste de Sud Radio, Maud Koffler, s’est exprimée sur les réseaux sociaux : “En France : 9,2 millions de pauvres, 4 millions de mal-logés, 3 millions de demandeurs d’emploi, 14 milliards d’euros consacrés à l’immigration, 500 millions d’euros consacrés à l’expulsion des OQTF en 2018 (14 000€ par OQTF forcée). Des chiffres, comme ça.“
Le but ici étant de rappeler qu’en tant qu’hôtes gracieux, c’est à nous de prendre en charge les dépenses liées à notre accueil des réfugiés et autres migrants. Cela prend bien sûr en compte le droit à la réunification familiale, où les familles de migrants ont le droit de venir en France pour être auprès de leur proche qui vit en France.
Alors que la France fait face à un déficit catastrophique lié à des décisions politiques et économiques désastreuses, de nombreuses personnes questionnent si nous avons les moyens d’être ces bons hôtes. Une internaute a témoigné : “J’ai entendu sur France info tout à l’heure qu’un réfugié ukrainien en France touche 6,80€/jour. Soit 612€/mois pour une maman et ses 2 enfants. C’est super pour eux. Moi, soignante suspendue, 2 enfants, 25 ans de cotisations = zéro euros d’aide depuis bientôt 9 mois“
Des systèmes comme l’Aide à la Vie Familiale et Sociale (AVFS) sont particulièrement critiqués puisque des anciens travailleurs migrants ayant peu ou pas côtisé peuvent bénéficier d’aides financières tout en retournant vivre dans leur pays d’origine. Cela correspond en effet à une “fuite d’argent” pour la France.
Pour Vicky Tennant, cela fait partie du soutien envers les réfugiés et il faut leur donner les moyens de reprendre une vie “normale” : “Je voudrais juste parler un peu du cas de la Syrie. On voit, en particulier dans les pays voisins, des réfugiés qui commencent à contempler la possibilité de rentrer et de pouvoir rétablir leurs vies. C’est très important qu’en tant que communauté internationale, nous puissions soutenir les gens qui choisissent d’exercer ce droit de retourner chez eux. Nous devons rester engagés et permettre aux gens de trouver des solutions et de rétablir leurs vies.”