Les ministres des trois plus grandes économies de l’UE se sont réunis à Rome pour discuter de l’intensification de la coopération en matière d’affaires numériques et d’intelligence artificielle, tout comme ils l’avaient fait pour les matières premières critiques. Leur recette pour rendre les entreprises européennes compétitives consiste à rationaliser les règles, soutenir les start-ups et les PME, et à effectuer des investissements.
De grands jours pour l’IA
La technologie de pointe était au centre de l’attention lundi : les pays du G7 ont publié leur Code de conduite international pour les systèmes d’IA avancés, et le président américain Joe Biden a signé un décret visant à renforcer le contrôle gouvernemental sur le secteur. Tout cela en vue du premier Sommet de la sécurité de l’IA au monde, qui se tiendra à Bletchley Park, au Royaume-Uni, les 1er et 2 novembre.
Alors que le monde s’empresse de réglementer l’IA, la France, l’Allemagne et l’Italie cherchent à prendre la tête de l’UE. Le trio a envoyé un “message significatif” à Bruxelles et aux partenaires européens, a déclaré le ministre Urso dans un communiqué, montrant “le chemin que nous devons suivre ensemble pour naviguer au mieux dans le changement technologique et scientifique actuel”. Il a ensuite promis de poursuivre la discussion au niveau du G7 lors de la présidence italienne en 2024. Le Premier ministre Giorgia Meloni avait indiqué que la gouvernance de l’IA serait l’une des principales priorités.
Progrès par l’industrie
“Nous sommes entrés dans une nouvelle révolution technologique, et nous devons la traiter avec de nouvelles idées, de nouvelles approches et de nouveaux outils”, a déclaré le ministre italien, notant que l’élaboration de politiques en matière d’IA est une question de premier plan pour l’ensemble de l’Union, soulignant la nécessité de “travailler ensemble à ce niveau de l’UE, main dans la main avec l’industrie”. Après leur réunion trilatérale, les ministres ont rencontré des représentants de l’industrie italienne, française et allemande.
Reconnaissant le “pouvoir de transformation énorme” de l’IA (qui aura un impact significatif sur la force industrielle, la productivité et la compétitivité de l’UE), le trio a souligné la nécessité de placer cette technologie “stratégique” au cœur de la politique industrielle européenne, car l’avantage concurrentiel de l’Union dépendra de la manière dont elle exploitera et mettra en œuvre les dernières avancées. Mais comment ? Grâce à leur coopération, la France, l’Allemagne et l’Italie visent à permettre aux entreprises européennes de concurrencer dans ce secteur de pointe en réduisant les impôts, en simplifiant les procédures pour les projets multinationaux, en soutenant les start-ups et les PME, et en créant un “écosystème européen de capital-risque solide pour permettre aux entreprises innovantes de recevoir le financement nécessaire pour accélérer leur croissance”.
Une voie consiste à développer un réseau européen de connaissances et d’innovation en reliant les différents centres d’excellence nationaux, probablement par le biais d’un nouveau consortium de l’UE dédié à l’IA. Pendant ce temps, le bloc devrait concevoir ses lois sur l’IA de manière à ne pas être oppressantes, ont noté les trois ministres. Ils ont salué les récents progrès en vue de la création de l’Acte sur l’IA de l’UE, mais ont averti qu’il devrait être conçu “sans bureaucratie inutile”. Ils ont également appelé à “réformer radicalement, simplifier et accélérer les procédures administratives d’autorisation des projets d’investissement dans l’UE et à créer un environnement réglementaire simple et prévisible, en particulier pour les PME”.
Le manuel des matières premières critiques
Lors de leur réunion, les ministres Urso, Habeck et Le Maire ont également fait le point sur les progrès réalisés par le groupe de travail trilatéral sur les matières premières critiques lancé lors de leur dernière réunion. Le trio a noté “avec satisfaction” la “coordination fructueuse et agile” entre leurs pays dans le cadre des négociations de l’UE et internationales, en particulier le partenariat pour la sécurité des minéraux. Ils ont également évoqué la possibilité de coopérer sur les investissements, les tests de résistance, les stocks et les achats conjoints lorsque l’Acte sur les matières premières critiques de l’UE entrera en vigueur. Cette question ne peut être dissociée des “instruments financiers à mobiliser pour les projets d’intérêt commun”, indique le communiqué.