Le 30 mars, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a confirmé à nouveau au public qu’elle se baignerait bien dans la Seine. Et pourtant, ce projet semble loin d’être réalisable, car malgré des Jeux Olympiques approchant, l’eau est aujourd’hui encore bien loin d’être propre. C’est ce que nous a confirmé Monsieur Marc Laimé, journaliste et expert dans le domaine de l’eau et de l’environnement.
Les JO arrivant dans presque 2 mois, est-ce qu’il est encore temps aujourd’hui de faire des travaux pour nettoyer la Seine ?
« Alors quand on connaît l’ampleur des travaux qui devraient être effectués, à presque 2 mois des Jeux Olympiques, on n’a plus le temps de rien faire. Ils continuent (organisation des JO, mairie de Paris) d’affirmer que les travaux sont en train d’être terminés. Mais ce sont des mensonges complètement extravagants. Donc maintenant il reste à savoir si les autorités olympiques vont décider de maintenir les épreuves et surtout est-ce que les athlètes vont accepter de se baigner dans un tel cloaque. »
Est-ce qu’il existe un plan B si les épreuves venaient à ne pas pouvoir être mises en place ?
« Non, le seul plan B prévu c’est de décaler d’un ou deux jours les épreuves s’il y a un orage le jour même. Mais même ça, ça ne suffira pas ».
Marc Laimé nous a également indiqué que les autorités pourraient considérer les épreuves comme des baignades expérimentales. Ce statut leur permettrait de contourner la directive européenne sur la baignade qui demande de rassembler des tests d’eaux positifs concernant la qualité de l’eau pendant 4 ans.
Et pour essayer de rendre l’eau moins polluée, la mairie de Paris a lancé différents chantiers comme la construction d’un tunnel réservoir sous le pont d’Austerlitz qui devrait permettre de stocker les eaux pluviales avant de les rejeter dans la Seine. Mais ces travaux sont encore trop insuffisants pour Marc Laimé.
« Ce tunnel réservoir peut accueillir 50 000 m² d’eaux pluviales mais c’est dérisoire car chaque jour ce sont 2 millions 500 000 m² d’eaux usées qui circulent dans les égouts parisiens. Donc ça ne servira strictement à rien ».
Mais le problème n’est pas nouveau, la pollution de la Seine ne date pas d’hier et les sources de ce problème sont multiples nous explique Marc Laimé.
« Dans le Val-de-Marne, il y a énormément de mauvais branchements, de confusion entre eaux usées et eaux de pluie. Au début des opérations il y a maintenant 5 ans, il avait été identifié plus de 100 000 mauvais branchements. C’est la grande source de pollution de la Seine, mais il n’y a pas d’argent pour les remettre en état ».
Est-ce qu’il y a de réels risques pour les athlètes qui vont participer à des épreuves des JO dans la Seine ?
« Oui et on le sait parce qu’il n’y a pas que de la pollution dans l’eau, il y a aussi beaucoup de virus. Notamment dans les deux derniers Jeux Olympiques, il y a eu beaucoup de nageurs qui ont été malades. Et malheureusement, pendant les Jeux Olympiques de Paris, ce sont les épreuves les plus longues qui vont se dérouler dans la Seine (10 km et triathlon). Donc ils vont nager dans une eau totalement polluée et risquent de contracter des maladies. Du point de vue sanitaire, il peut y avoir des maladies assez graves ».
La Seine est donc aujourd’hui bien loin de pouvoir recevoir des athlètes et les épreuves pourraient même être reportées.
« C’est une éventualité. Il y a un très gros risque, car s’il y a un orage dans les jours qui précèdent les épreuves, la décision va être dure à prendre pour les autorités sportives concernées. À savoir si elles maintiennent l’épreuve ou si elles l’annulent. Il y a un véritable enjeu et nous verrons ce qu’il en est cet été ».
Le rapport est donc alarmant et malheureusement, les épreuves dans la Seine pour les Jeux Olympiques de Paris semblent compromises. Il restera donc à voir si le 10 km et la partie natation du triathlon se dérouleront dans le fleuve parisien. Pour l’instant, tout semble indiquer que les autorités sportives et gouvernementales vont maintenir ces épreuves, malgré des rapports et des études qui avancent des contre-indications quant à la « baignabilité » de la Seine.