Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front National (devenu Rassemblement National), est décédé ce mardi 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans. Sa famille a annoncé sa mort dans un communiqué officiel, précisant qu’il s’était éteint à 12 heures, entouré de ses proches, après plusieurs années de déclin physique et mental.
Personnage clé de l’extrême droite française, Le Pen aura marqué la vie politique par ses provocations constantes et son influence énorme. Retour sur une vie qui a façonné le paysage politique français, sans faire l’unanimité.
Le parcours de Jean-Marie Le Pen
Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Jean-Marie Le Pen grandit dans une Bretagne catholique et traditionaliste. Orphelin de père dès l’âge de 14 ans, il parvient à intégrer l’université et obtient une licence en droit.
Sa carrière débute dans l’armée. Après avoir servi lors de la guerre d’Indochine, il s’engage à nouveau en Algérie, où il participe aux opérations de maintien de l’ordre tout en conservant son mandat de député. Élu pour la première fois en 1956 sous l’étiquette de l’Union et Fraternité Française (UFF), il devient, à 27 ans, l’un des plus jeunes parlementaires de la IVe République.
Il quitte rapidement les bancs de l’Assemblée pour se consacrer à des causes nationalistes et identitaires. Le passage à la Ve République marque un tournant dans sa carrière politique, où il s’efforce de rassembler une droite radicale alors éclatée.
Le 5 octobre 1972, Jean-Marie Le Pen cofonde le Front National pour l’Unité Française (FN), un parti d’extrême droite qui deviendra son principal outil politique. D’abord marginal, le FN connaît un lent démarrage. Lors de la présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen obtient seulement 0,75 % des voix. En 1981, il échoue même à réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter.
C’est dans les années 1980 que le parti gagne en visibilité, notamment grâce à l’essor médiatique de Le Pen et à son discours centré sur l’immigration, l’insécurité et le nationalisme. En 1988, il parvient à rassembler 14,39 % des suffrages, un score historique pour une formation d’extrême droite.
Le moment le plus marquant de la carrière de Jean-Marie Le Pen reste sa qualification pour le second tour de l’élection présidentielle en 2002. Le 21 avril, il surprend la classe politique en éliminant le Premier ministre sortant Lionel Jospin (PS) et en affrontant Jacques Chirac. Ce « séisme politique » mobilise un front républicain inédit, et Chirac est réélu avec 82,26 % des voix.
Cet événement, vécu comme un choc à l’époque, est aujourd’hui considéré comme un tournant. Il marque l’entrée durable de l’extrême droite dans le jeu politique français, préparant le terrain pour la montée en puissance de sa fille, Marine Le Pen.
Jean-Marie Le Pen va nous rester en tête malgré son décès
Jean-Marie Le Pen n’est quelque part pas vraiment mort. Connu pour ses déclarations polémiques, qui lui valent de nombreuses condamnations, il est difficile d’oublier certaines de ses paroles même des années après. Il qualifie les chambres à gaz de « détail de l’histoire », fait des déclarations ouvertement racistes, et ne recule devant aucune provocation pour attirer l’attention médiatique.
Il a transformé le Front National en une entreprise familiale, plaçant sa fille Marine dans les hautes sphères du parti, ce qui fait que ce parti ne mourra pas de sitôt. Ce choix stratégique s’avère payant, bien que leur relation connaisse des tensions lorsque Marine entreprend la « dédiabolisation » du parti, conduisant à son exclusion en 2015.
Son décès a fait bien des heureux, qui le voient comme un personnage odieux mais cela assure sa postérité.
“Il restera l’homme qui a permis à l’extrême droite française de sortir de la marginalité dans laquelle elle était depuis 1945 Mort de Jean-Marie Le Pen, père honteux de l’extrême droite française“