Pour le Dr Robert Silver, vétérinaire et expert en champignons médicinaux, le règne fongique est « équivalent au règne des plantes ou des animaux » par son importance sur Terre. Parmi les milliers d’espèces existantes, certaines sont de redoutables toxiques – « un quart de cuillère à café peut liquéfier votre foie », prévient-il. D’autres sont de précieuses alliées de notre santé.
Entre ces deux extrêmes, on trouve aussi des espèces comestibles prisées comme le shiitaké ou même le simple champignon de Paris, qui recèlent des propriétés médicinales puissantes. Ces « modificateurs de réponse biologique », explique-t-il, soutiennent notre système immunitaire et aident l’organisme à mieux se défendre face aux maladies.
Les champignons ont toujours été un remède
La recherche scientifique moderne s’y intéresse de plus en plus mais l’usage médicinal des champignons remonte à des millénaires. Le Dr Silver rappelle que certains, comme le turkey tail, sont étudiés pour leur potentiel dans le soutien aux patients atteints de cancer, y compris chez les animaux. Or, dans l’imaginaire collectif vétérinaire, le mot « champignon » rime souvent avec « poison ». « En tant que vétérinaires, notre première expérience, ce sont les animaux qui mangent un champignon toxique dans le jardin et tombent gravement malades », note-t-il. D’où l’importance, selon lui, de former les professionnels et les propriétaires d’animaux à distinguer les espèces toxiques des espèces bénéfiques.
Derrière le chapeau visible du champignon se cache un réseau colossal : le mycélium. Ce tissage souterrain de filaments « dégrade la matière morte et la transforme en nutriments pour la vie environnante ».
Dans les forêts, ces réseaux peuvent s’étendre sur des kilomètres carrés, et devient comme une véritable « toile mondiale » qui partage nutriments et informations entre plantes et micro-organismes. Un rôle écologique majeur, qui inspire même les chercheurs à voir dans les champignons une clé pour restaurer les écosystèmes dégradés.
Les psilocybes, déclenchent des expériences psychédéliques qui sont aujourd’hui étudiées pour leurs bénéfices sur la dépression ou le stress post-traumatique. Le Dr Silver, lui, se concentre sur les espèces qui « améliorent la santé » plutôt que de traiter directement la maladie. Les principes actifs, comme les bêta-glucanes, modulent l’immunité, soutiennent la flore intestinale et participent à une meilleure résistance globale. Mais attention : « Nous ne recommandons pas de manger les champignons crus », insiste-t-il. La cuisson est essentielle pour libérer les composés bénéfiques et neutraliser certaines substances indésirables.
Cultiver les champignons pour leurs vertus médicinales
Real Mushrooms, l’entreprise avec laquelle collabore le Dr Silver, cultive ses champignons en extérieur, sur bois mort ou substrats spécifiques, parfois pendant plus de six mois. Après la récolte, les champignons sont séchés, réduits en poudre et soumis à une extraction à chaud pour concentrer les principes actifs. Ce qui assure une standardisation et une qualité que l’on ne peut garantir en cueillant soi-même : « Dans les compléments, quelqu’un a pris la peine de vérifier que ce qui est sur l’étiquette est bien dans le produit ».
La leçon ici, c’est qu’il ne faut pas vous improviser médecin chinois bien que les champignons soient très utiles pour la santé.


