Une maison laissée vide quelques jours ou quelques semaines lors des vacances d’été devient une cible facile pour les squatteurs à leur retour. Certains vacanciers en France ont découvert des serrures changées, des fenêtres barricadées et des inconnus bien installés dans leur propre salon. Le choc est immense, et la procédure pour récupérer son bien s’annonce souvent longue et coûteuse.
C’est précisément pour répondre à ces situations que la loi française a été renforcée en juillet 2023. Elle promet une évacuation plus rapide et des sanctions plus lourdes contre les squatteurs. Mais dans les faits, de nombreux propriétaires se heurtent encore à des situations complexes, où les occupants savent manier les bons arguments pour retarder leur expulsion.
La loi anti-squat, plus sévère depuis 2023
Le squat, au sens juridique, désigne l’occupation illégale d’un logement après effraction, tromperie ou intimidation. Depuis trois ans, les pouvoirs publics tentent de donner plus d’outils aux propriétaires pour reprendre possession de leurs biens. La loi ASAP, adoptée en 2020, avait déjà instauré une procédure accélérée permettant, dans certains cas, d’obtenir une expulsion en 72 heures. La réforme de juillet 2023 a élargi ces possibilités et renforcé les sanctions pénales.
Tout ne se règle pourtant pas d’un claquement de doigts. Les délais s’allongent dès qu’un juge est saisi, et certains squatteurs connaissent suffisamment bien les failles du système pour rester des mois, parfois des années, dans un logement qui n’est pas le leur.
Quand les squatteurs invoquent la maladie ou la naissance d’un enfant
Certains squatteurs avancent des arguments qui touchent à la corde sensible : la naissance d’un enfant, une grossesse en cours ou la maladie d’un proche. Le juge hésite alors souvent à ordonner une expulsion immédiate, par crainte de mettre une famille vulnérable à la rue.
Le cas d’Angélique et de Sullivan, partagé par Nice-Matin, le montre bien : Après avoir cessé de payer leur loyer, ils expliquent leur impossibilité de partir par l’arrivée d’un quatrième enfant et par des soucis de santé. Leur propriétaire, désespérée, a même entamé une grève de la faim au printemps dernier, après neuf mois sans loyers encaissés.
Dans de nombreux cas moins scrupuleux, ces arguments servent davantage de prétexte que de véritable justification. Mais qu’ils soient fondés ou non, ils compliquent les démarches des propriétaires, qui se retrouvent coincés dans une procédure interminable. Encore une fois, l’empathie suicidaire du système français encourage beaucoup ce phénomène de squat.
La débrouille prend le dessus
Une histoire survenue fin août 2025 en Espagne a fait grand bruit. Une femme de 78 ans, rentrée de vacances, a trouvé sa maison occupée par cinq squatteurs. Sans attendre la justice, elle a saisi un nid de guêpes dans son jardin et l’a jeté par la fenêtre. Résultat immédiat : les intrus ont fui en hurlant. La retraitée, sans remords, a même menacé de recommencer si les individus tentaient de revenir.
Cette histoire montre à quel point certains propriétaires peuvent se sentir abandonnés par le système, au point de prendre des risques inconsidérés pour récupérer leur maison.
Europe 1 rapporte que 244 squats ont été recensés au premier semestre 2025 en France, soit une hausse de plus de 50 % par rapport à l’année précédente. Ces occupations concernent plus de 2 200 personnes. Les villes du sud, comme Perpignan ou Toulouse, mais aussi le Pas-de-Calais, apparaissent particulièrement touchées.
Le profil des occupants varie. Mais il s’agit surtout de migrants en quête d’un abri, de familles sans solution de logement, mais aussi d’individus isolés qui profitent de l’inoccupation prolongée d’un bien. Certaines associations d’aide aux migrants, mais aussi des collectifs militants, participent à repérer les logements vides et à organiser ces installations.


