Avec le lancement du plan « Made in China 2035 », Pékin veut faire bondir la taille de son économie d’environ 40 % pour atteindre 28 000 milliards de dollars d’ici dix ans, grâce aux technologies de pointe et un renforcement massif de ses exportations.
La Chine ne veut plus seulement fabriquer pour le monde, elle veut concevoir, contrôler et vendre les technologies qui définiront le XXIᵉ siècle.
De Made in China 2025 à 2035, il y a eu une montée en gamme
«Made in China 2035 » est le grand frère ambitieux de « Made in China 2025 », qui avait déjà pour ambition de transformer l’image du pays qui a longtemps été réduit au statut « d’usine du monde » qui produit des biens de piètre qualité à faible coût.
Avec la version 2035, Pékin cherche à dominer les segments où se joue désormais la puissance économique. Cela inclut les processeurs, les batteries de voitures électriques et l’IA intégrée dans tous les objets du quotidien.
L’idée est de dépasser le Triad Power que sont les États-Unis, la France et le Japon. La Chine crée maintenant des intelligences artificielles génératives et systèmes d’IA embarqués dans l’industrie et les services comme DeepSeek.
La Chine prévoit aussi de proposer une concurrence directe à la Silicon Valley, grâce à des villes connectées via l’Intelligence artificielle. Hangzhou, par exemple, a été le terrain de jeu pour Alibaba, qui a installé de l’IA qui pouvait coordonner les feux tricolores de la ville dès 2016.
Le pays mise aussi sur des semi-conducteurs stratégiques, du design des puces à leur production. Les restrictions imposées par les États-Unis, avec le soutien de certains alliés, ont limité l’accès de la Chine aux puces les plus avancées et aux machines nécessaires pour les produire. Le plan 2035 est une réponse directe à ce verrouillage.
On compte aussi des véhicules électriques comme le modèle Y de Tesla, produit entièrement en Chine. La Chine produit également des batteries longue durée et des réseaux de recharge mondiaux ainsi que des infrastructures numériques, comme la 5G avancée et ce qui préparera la 6G.
Le discours chinois est rodé. Il s’agit maintenant de miser sur une excellence technologique que les Européens ne peuvent pas atteindre, à cause des coûts énormes de production.
Se battre face au Made in China, est-ce possible?
Pour l’Europe, le plan Made in China 2035 est une mauvaise nouvelle puisque le continent essaie désespérément de défendre son industrie, préserver ses emplois et éviter de voir ses usines se vider au profit d’importations subventionnées.
Les pratiques déloyales de la Chine et leur irrespect pour les droits des travailleurs leur permettent ainsi de produire plus, à un coût qui fidélise facilement les Occidentaux, noyés par le coût de la vie et l’inflation.
Les débats sont vifs à Bruxelles : faut-il augmenter les droits de douane sur certains produits chinois, comme les véhicules électriques ou les panneaux photovoltaïques, au risque de déclencher des représailles ?
La réponse de l’Europe n’est pas encore assez structurée pour répondre à ce défi. Bien qu’il y ait une initiative nommée “Made in Europe“, il est impossible pour le continent de pousser ses consommateurs à acheter des produits qui sont devenus trop chers pour eux.
En France, l’idée du Made in France séduisait car les Français savent que les industries locales ont un savoir-faire, mais en réalité, les prix de production ont augmenté et la compétition à l’étranger est trop forte. En octobre 2023, l’INSEE dévoilait que la part des produits Made in France avait baissé de 11 points de pourcentage. Cette même étude montrait pourtant une volonté de consommer plus de Made in France, mais la réalité rattrape les consommateurs, attirés par les prix bas.


