Depuis son lancement, DeepSeek, un modèle d’intelligence artificielle (IA) développé par une startup chinoise, a provoqué une vague de peur dans le secteur technologique mondial.
Beaucoup d’experts pensaient que la Chine était en retard dans le secteur des IA – Ce n’est absolument pas le cas. Développé avec des ressources limitées, mais avec une efficacité impressionnante, ce modèle semble avoir des marges d’erreur inexistantes, un énorme contraste par rapport au modèle ChatGPT. Encore une fois, cela alimente des peurs quant à la croissante rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
DeepSeek, un modèle low-cost
La particularité de DeepSeek réside dans sa capacité à fonctionner avec des puces obsolètes et à un coût de développement incroyablement bas, estimé à seulement 6 millions de dollars. En comparaison, OpenAI, à l’origine de ChatGPT, a mobilisé des milliards de dollars pour entraîner et déployer ses modèles. Ce fossé dans les coûts remet en question la domination américaine dans le secteur. Avec moins de dépendance aux infrastructures coûteuses et une optimisation des ressources disponibles, qui ne choisirait pas ce modèle?
Cette innovation a surpris de nombreux analystes, car la Chine est soumise depuis plusieurs années à des restrictions américaines sur l’importation de semi-conducteurs avancés. Ces sanctions avaient pour but de freiner le développement technologique chinois, mais DeepSeek prouve que des solutions alternatives sont possibles et qu’ils sont plus que capables de contourner des barrières économiques.
Les marchés financiers n’ont pas attendu pour réagir à l’annonce de DeepSeek. Le 22 janvier, les actions de Nvidia, leader incontesté des semi-conducteurs haute performance, ont chuté de 17 %. Cela a effacé plus de 593 milliards de dollars de sa valorisation boursière en une seule journée.
Le secteur technologique mondial n’a pas été épargné non plus. Des entreprises commeMicrosoft, Google (Alphabet) et des fournisseurs de centres de données ont également enregistré des pertes importantes. Cela rappelle des réalités du marché technologique: On ne peut se reposer sur les lauriers d’une seule innovation. Il faut toujours offrir des modèles plus adéquats, moins chers et plus en phase avec les objectifs écologiques.
La menace DeepSeek est un nouveau coup de génie
Selon certains experts,l’émergence de DeepSeek est un “moment Spoutnik” pour l’IA, une référence au lancement du premier satellite artificiel par l’Union soviétique en 1957, qui marque à l’époque le début de la course à l’espace.
Marc Andreessen, investisseur influent de la Silicon Valley salue DeepSeek comme « l’une des percées technologiques les plus impressionnantes de ces dernières années ». De l’autre côté, l’ancien président américain Donald Trump qualifie cette avancée de “réveil pour l’industrie américaine“. C’est en effet inquiétant pour les Etats-Unis de voir un compétiteur de grande envergure comme la Chine prendre d’assaut le marché de cette manière.
DeepSeek soulève des questions sur la compétitivité des entreprises américaines et ouvre également la porte à une démocratisation de l’IA. En rendant l’IA plus accessible et moins dépendante d’infrastructures coûteuses, ce modèle va accélérer l’adoption de l’IA dans des secteurs jusqu’ici exclus, notamment dans les pays émergents en Afrique ou en Amérique latine.
Brian Jacobsen, économiste chez Annex Wealth Management indique que cette innovation va entraîner une baisse de la demande pour les puces haut de gamme ainsi qu’une réduction des besoins en centres de données et en énergie et que cela va stimuler le développement de nouvelles applications à moindre coût.
Certains utilisateurs évoquent la possibilité que DeepSeek soit une “illusion“, c’est à dire un outil conçu pour déstabiliser les marchés occidentaux sans véritable potentiel à long terme. Même si cette hypothèse se confirmait, les perturbations provoquées montrent déjà l’efficacité stratégique de cette annonce.
D’ailleurs, lorsque Le Parisien Matin a fait un tour sur le site de DeepSeek, une annonce précisait que nous ne pouvions pas esssayer le service dû à de nombreuses cyber-attaques qui ont déjà été lancées sur le site.
L’Europe, quant à elle, reste largement absente de cette course technologique. Les critiques pointent des régulations restrictives et un manque d’investissement dans des projets d’IA compétitifs. Les efforts de l’Union européenne se concentrent principalement sur la réglementation des technologies existantes, comme la standardisation des chargeurs USB-C, au détriment du développement d’un écosystème technologique et l’entrepreneuriat local.
En France, l’IA “Albert” a été déployée pour les fonctionnaires. Encore une fois, ce genre de projet ne permet pas à l’hexagone de se faire une place sur le podium en termes d’innovation puisque cette IA est restreinte au gouvernement.
Ce retard contraste avec les ambitions affichées des États-Unis et de la Chine, laissent l’Europe vulnérable face aux avancées étrangères dans des domaines stratégiques de la high-tech.