Le visage de Mazen Abu Siam est marqué de rides d’inquiétude lorsqu’il évoque les événements tragiques de l’attaque du Hamas du 7 octobre sur Israël et l’impact dévastateur qu’elle a eu sur sa communauté. Siam, vétérinaire, activiste bédouin et membre du conseil municipal de Rahat, brosse un tableau sombre de l’assaut sur Israël et des graves conséquences qu’il a eu sur les Bédouins du Negev.
Tragédie sans Précédent Frappe le Samedi
“Heureusement, cela s’est produit un samedi, le Sabbat. Si l’attaque avait eu lieu en semaine, il y aurait eu beaucoup plus de victimes bédouines dans le kibboutz, peut-être même des dizaines. C’est sans précédent dans notre histoire,” explique Siam.
L’attaque du Hamas a fait un lourd tribut aux Bédouins du Negev, un peuple nomade traditionnellement pastoral, désormais installé principalement dans le désert du Negev, dans le sud d’Israël. Douze membres de la communauté de Siam ont été tués, sept sont actuellement retenus en otage et des dizaines d’autres ont été blessés lors de l’attaque qui a eu lieu ce samedi fatidique.
Tragédie en Cours : Des Roquettes qui Ciblent les Innocents
“La première roquette tirée par le Hamas est tombée ici, à Hura. Elle a tué un garçon de 5 ans. Une autre a tué quatre enfants à deux kilomètres d’ici, blessant le reste de la famille. La troisième a tué une femme et sa grand-mère,” dit Siam, allongé sur des coussins brodés dans une tente bédouine soutenue par une structure métallique moderne en contradiction apparente avec les intérieurs traditionnels.
Le récit silencieux de Siam des pertes en vies humaines et des otages est soudainement interrompu par le rugissement assourdissant des avions de chasse F-16 qui passent au-dessus. La bande de Gaza n’est qu’à 40 kilomètres à peine, et il s’est habitué aux bruits de la guerre.
Des Établissements Bédouins ‘Non Reconnus’ en Situation de Vulnérabilité
Les Bédouins du Negev étaient particulièrement vulnérables à l’attaque du Hamas, selon Siam. “Ces personnes vivaient dans des maisons de fortune. Elles n’ont pas d’abri pour se protéger, nulle part où se réfugier. Contrairement à nos villes, elles n’ont pas de sirènes pour les avertir lorsque des roquettes sont tirées. Elles ne savent même pas qu’une attaque a lieu,” explique-t-il.
Les Bédouins arabes d’Israël ont longtemps subi des discriminations de la part de l’État, selon les groupes de défense des droits de l’homme. Depuis les années 1970, ils ont été chassés de leurs terres pastorales et privés d’accès à celles-ci, pour être entassés dans des établissements, dont beaucoup ne sont pas officiellement “reconnus” et sont soumis à des expulsions, contrairement à ceux construits par des citoyens juifs, selon Human Rights Watch.
Bon nombre de ces établissements illégaux, construits avec les matériaux disponibles, n’ont pas accès à l’eau courante ni à l’électricité. Les habitants dépendent de l’énergie solaire en l’absence d’électricité fournie par l’État.
Campagne pour les Services de Base : Un Sursaut d’Espoir
L’attaque meurtrière du Hamas a poussé des volontaires et des leaders communautaires à l’action. “Face à l’urgence de la situation, nous nous sommes engagés à aider les personnes les plus pauvres de la communauté,” explique Siam.
Les volontaires de la communauté comprennent des résidents comme Farhan Abu Riach, qui a dirigé une initiative humanitaire privée, transformant une partie de sa maison en entrepôt de fortune. Les dons proviennent d’amis juifs de Tel-Aviv, montrant l’unité en temps de besoin.
Message de Paix au Milieu de l’Horreur
Oday Samanah, un jeune homme énergique, gère l’opération dans cette ville d’environ 20 000 habitants. Il souligne l’importance de la coexistence et de la paix en ces temps difficiles. “Nous sommes au milieu de cette horreur, mais je veux transmettre un message de coexistence et de paix. Arabes, Juifs. Les extrémistes des deux côtés veulent que nous nous battions. Nous pouvons toujours vivre ensemble. Je pense que nous devons saisir l’occasion de cette crise pour être plus forts ensemble,” déclare Samanah.
Ce message de paix est également repris par Siam. “Je suis un Arabe, un musulman, un Israélien. Je suis bouleversé par toute la violence que j’ai vue des deux côtés. Nous ne devons jamais attaquer des femmes, des enfants, ceux qui ne sont pas impliqués dans un conflit. D’un côté comme de l’autre. La guerre n’est jamais la solution à rien. Nous devons nous parler pour trouver des solutions,” dit-il.
Regard vers l’Avenir : Le Dialogue Plutôt que la Violence
Pour les Bédouins du Negev, il est impossible de choisir un camp entre leurs frères juifs et palestiniens. Siam souligne l’importance du dialogue et de la recherche de solutions à long terme. Il espère que la communauté internationale, y compris les États-Unis, la Chine et l’Europe, travaillera ensemble pour trouver un chemin vers la paix et la liberté pour le peuple palestinien.
Cet article met en évidence la résilience et la compassion de la communauté bédouine du Negev face à l’adversité, ainsi que son engagement inébranlable en faveur de la coexistence pacifique.