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Le dérèglement climatique et son rôle dans les guerres

Marc DuprePar Marc Duprejeudi, 05 juinAucun commentaire6 Min Temps de lecture
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Des combattants en Afrique subsaharienne - les conflits seraient-ils motivés par des conditions climatique de plus en plus rudes?
Des combattants en Afrique subsaharienne - les conflits seraient-ils motivés par des conditions climatique de plus en plus rudes?
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Les guerres civiles sont en hausse en Afrique subsaharienne. Tensions ethniques, rivalités, corruption? Toutes les questions sont bonnes à poser.

Les scientifiques se penchent de plus en plus sur les liens entre changement climatique et instabilité.

La Dr Sara Balestri, professeure assistante en politique économique à l’Université de Pérouse, explore les mécanismes indirects à l’œuvre et surtout le rôle du dérèglement climatique, de l’insécurité alimentaire et des violences communautaires.

Le dérèglement climatique parvient à dérégler la paix

Selon Sara Balestri, on assiste aujourd’hui à un retour en force des conflits civils. Elle explique :

« Le nombre de conflits civils est à nouveau en augmentation, en particulier dans certaines régions comme l’Afrique subsaharienne. »

Ce qu’elle souligne ici, c’est que la violence interne aux États n’est pas un phénomène du passé. Elle revient, souvent sous de nouvelles formes, dans des régions déjà fragilisées par la pauvreté, la mauvaise gouvernance ou encore les effets du colonialisme. Et ce regain de violence se superpose à un autre facteur de stress : le climat.

« Les impacts du climat deviennent plus fréquents et moins prévisibles. Les risques pour la sécurité humaine augmentent, en particulier pour les populations les plus vulnérables. »

Autrement dit, le climat ne provoque pas directement des guerres, mais il crée un terrain de plus en plus instable. Inondations, sécheresses, perte de terres arables : tous ces bouleversements pèsent lourdement sur les conditions de vie. Balestri insiste d’ailleurs sur la façon dont cela désorganise l’économie rurale, cœur vital de nombreuses sociétés du Sud global :

« Dans les zones rurales, le changement climatique transforme les moyens de subsistance, compromet la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la stabilité économique. »

Ici, l’analyse est limpide : si les gens ne peuvent plus cultiver, ni nourrir leur famille, ni gagner leur vie, cela crée un terrain fertile pour la frustration, la colère… et parfois le passage à la violence.

Elle s’appuie pour cela sur les données de l’UCDP, un observatoire réputé sur les conflits. Et elle montre une évolution importante de ces violences :

« Une part importante de ces conflits est constituée de conflits internes internationalisés, c’est-à-dire impliquant des acteurs ou des zones transfrontalières. »

Concrètement, cela signifie que des puissances extérieures ou des groupes armés étrangers sont de plus en plus impliqués dans les luttes locales. On passe donc d’un conflit « domestique » à des affrontements beaucoup plus imbriqués dans des logiques régionales, voire mondiales.

Le climat comme multiplicateur de tensions (et non comme déclencheur)

Un point important sur lequel Sara Balestri insiste, c’est la nuance nécessaire dans l’interprétation des liens entre changement climatique et violence. Elle rejette l’idée simpliste selon laquelle une hausse des températures déclencherait mécaniquement des conflits :

« Ce n’est pas l’augmentation de la température moyenne en elle-même qui génère des conflits, mais plutôt l’impact de cette hausse, par exemple sur la production agricole et les moyens de subsistance. »

Autrement dit, le climat agit comme un catalyseur, pas comme une allumette. Ce sont les effets concrets – baisse des rendements, insécurité alimentaire, migrations forcées – qui viennent alimenter les tensions déjà présentes.

Elle résume bien ce rôle indirect du climat :

« Le changement climatique et la variabilité climatique peuvent influencer le risque de conflits violents, mais cette relation est complexe, indirecte, et fortement dépendante du contexte. »

Cela permet aussi d’expliquer pourquoi deux pays touchés par la même sécheresse n’évoluent pas de la même façon : tout dépend des institutions en place, du niveau d’inégalités, du rôle des élites locales, etc. C’est ce que Balestri exprime quand elle dit :

« Les pays soumis à des impacts climatiques similaires connaissent des trajectoires très différentes en termes de conflits civils. »

On comprend ici que les conflits ne naissent pas d’un choc climatique en soi, mais de la manière dont les sociétés y répondent — ou pas.

Autre difficulté : la notion même de « conflit » est sujette à débat entre chercheurs.

« Il n’existe pas de définition unique du terme “conflit”, ce qui conduit les bases de données à coder différemment les événements. »

Cela montre combien la recherche dans ce domaine est délicate et parfois fragmentée, même si un consensus commence à émerger sur un point-clé :

« Il existe une association systématique entre changement climatique et conflit. »

Et surtout, le climat est désormais reconnu comme un « multiplicateur de menaces » : il ne crée pas les tensions, il les amplifie, souvent au pire moment dans les régions fragiles et pauvres en ressources.

L’agriculture, point clé

Le lien le plus tangible entre dérèglement climatique et instabilité, pour Sarah Balestri, se joue dans le secteur agricole. Un secteur à la fois vital, fragile… et souvent négligé par les politiques de prévention des conflits.

« Il est à la fois très vulnérable aux impacts climatiques et profondément ancré dans les systèmes économiques, sociaux et environnementaux susceptibles d’engendrer ou d’éviter les conflits. »

Elle travaille actuellement sur un projet de recherche comparant l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est, deux régions où l’agriculture pluviale domine – c’est-à-dire une agriculture dépendante des pluies et donc particulièrement exposée à la variabilité climatique.

Deux mécanismes principaux de tensions ont été identifiés :

  1. La compétition pour les ressources :

« Le changement climatique induit une rareté des ressources renouvelables comme l’eau, les terres ou les pâturages, ce qui intensifie la pression et les tensions pour y accéder. »

Dans des régions où l’accès à ces ressources n’est pas toujours équitable ou protégé par l’État, cela peut rapidement dégénérer en conflits entre communautés ou groupes armés.

  1. La chute des rendements agricoles :

« Lorsque les rendements diminuent, les revenus chutent, les prix montent, et le coût d’opportunité de rejoindre un conflit diminue pour les agriculteurs et les éleveurs. »

Autrement dit, si votre gagne-pain s’effondre, vous êtes plus facilement tenté d’accepter de l’argent ou un statut social en rejoignant un groupe armé. La violence devient alors une stratégie de survie.

Dans ce contexte, Balestri attire l’attention sur une forme de violence souvent sous-estimée : la violence communautaire, qui se produit entre groupes non étatiques mobilisés autour d’identités partagées.

« La violence communautaire est susceptible d’augmenter à cause de la concurrence entre groupes pour des moyens de subsistance menacés par le climat. »

Enfin, son travail se base aussi sur l’indice ND-GAIN de l’Université de Notre-Dame, qui combine exposition, sensibilité et capacité d’adaptation au changement climatique. Ce qui permet d’évaluer dans quelle mesure les populations seront capables — ou non — d’encaisser les chocs à venir.

« Une vulnérabilité accrue au climat augmente la précarité des moyens de subsistance traditionnels et réduit le coût d’opportunité de la mobilisation violente. »

Afrique subsaharienne agriculture dérèglement climatique sarah balestri
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