En 2022, le marché de la proptech en Afrique a levé 16,7 millions de dollars, une progression significative par rapport aux 3,8 millions de 2019, d’après un rapport d’Estate Intel. Bien que ce chiffre demeure modeste en comparaison aux 18,2 milliards de dollars du marché mondial, il reflète l’essor des technologies dans le secteur immobilier sur le continent.
Ariel Dossa, PDG d’Armag Afrique – une entreprise de promotion et de construction immobilière basée à Cotonou, au Bénin – met en lumière comment ces innovations transforment l’achat, la location et la construction de biens. Dans un contexte d’urbanisation rapide et d’une classe moyenne en pleine expansion, Armag Afrique se positionne sur la durabilité et l’efficacité pour répondre aux besoins croissants du marché.
Ariel Dossa nous parle d’un marché fleurissant mais épineux
Le continent est vaste et diversifié, avec des marchés immobiliers différents d’un pays à l’autre. Mais quel état des lieux pouvez-vous en faire globalement ? Quelles tendances se dessinent ?
“En effet, le continent présente une grande diversité sur le marché immobilier. Du nord au sud, de l’est à l’ouest. Mais certaines tendances se dégagent. Quasiment partout sur le continent, on observe une démographie croissante, et donc une urbanisation croissante également. On voit aussi une classe moyenne en expansion, dû notamment à la forte croissance économique qu’à connu le continent ces dernières décennies, et un intérêt croissant des investisseurs étrangers. Et donc le continent étant majoritairement jeune, il existe une demande soutenue pour des logements abordables et durables.
Et les marchés sont de plus en plus connectés grâce à la technologie qui évolue de manière exponentielle. Tout ceci contribue donc à une évolution rapide du secteur presque partout sur le continent.”
Quelles sont les opportunités d’investissement immobilier actuellement ?
“Elles sont nombreuses. Nos économies étant toutes dans un besoin d’industrialisation, autant les secteurs résidentiels, commerciaux, qu’industriels, offrent des perspectives intéressantes, des infrastructures modernes. Et le développement proptech attire aussi pas mal d’investisseurs.“
Selon la Banque Africaine de Développement, le secteur immobilier en Afrique connaît une croissance annuelle d’environ 10% depuis plusieurs années. Comment expliquer un tel entrain ?
“Cette croissance soutenue s’explique par la combinaison de facteurs tels que l’urbanisation rapide, la démographie, la demande croissante de logements, l’augmentation de la classe moyenne surtout, et l’intérêt des investisseurs nationaux et étrangers aussi. Et de plus en plus de pays disposent d’une bonne gouvernance. Et certains gouvernements favorisent le secteurs de l’immobilier en mettant en place des politiques d’incitation tout en réglementant le secteur.“
Quels sont les pays les plus dynamiques ?
“Plusieurs pays se démarquent par leur dynamisme sur le marché, notamment en Afrique anglophone ; le Nigéria, le Ghana, le Kenya, l’Ethiopie ; et en Afrique francophone il y a la Côte d’Ivoire qui bénéficie d’une croissance économique robuste et d’un environnement favorable aux affaires“
L’enjeu sécuritaire est un critère d’attractivité. Quels pays se démarquent sur ce point ?
“En termes de sécurité, des pays comme le Botswana, le Rwanda, le Ghana et le Sénégal sont considérés comme relativement stables et attrayants. Les pays ayant une alternance politique et une stabilité démocratique surtout, sont souvent ceux qui bénéficient le plus d’attractivité.“
Les startups de la proptech en Afrique offrent une gamme de solutions technologiques telles que des plateformes de recherche, de location et de vente immobilière en ligne, immobilière. Comment la technologie et l’innovation façonnent-elles le secteur immobilier en Afrique ?
“Il existe depuis plusieurs années une réelle intégration de la technologie et l’innovation. Cela transforme le secteur en améliorant l’accessibilité, la transparence et surtout l’efficacité. Des plateformes en ligne simplifient les transactions et facilitent la recherche de biens immobiliers, ce qui répond aux besoins d’une population de plus en plus connectée. C’est aussi le cas de la construction avec différents moyens et techniques de construction, par exemple les maisons préfabriquées, la technologie 3D.“
L’accès au financement reste un défi majeur pour de nombreux Africains qui souhaitent acheter un logement. Comment les banques et les institutions financières prennent le relais sur cette problématique ?
“En proposant des produits commerciaux adaptés, en grande partie des prêts hypothécaires abordables et des solutions de financement innovantes qu’on voit de plus en plus sur plusieurs marchés. De plus m, des partenariats public-privé sont de plus en plus mis en place pour faciliter l’accès au logement. Et les États aussi prennent part à cette dynamique.“
La demande de logements en Afrique est en constante augmentation en raison de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide. D’après les Nations Unies, la population urbaine africaine devrait doubler d’ici 2050. Comment faire face ?
“Je pense qu’il est essentiel de promouvoir des politiques d’urbanisation planifier de vrais plans de développement des villes sur le long terme, de développer des infrastructures adéquates et de soutenir la construction des logements abordables et durables pour ces classes moyennes. Il faut aussi stimuler l’innovation technologique. Et donc le rôle des États est capital notamment à travers des partenariats public/privé.“
Comment les politiques gouvernementales et les réglementations influencent-elles le marché ?
“Leur rôle est crucial dans le marché immobilier. Particulièrement dans la coopération d’ensembles économiques ou de marchés communs dans lesquels des réglementations sont similaires et concourent à régler des problématiques communes aux pays.
Et donc les gouvernements encouragent les investissements, en mettant en place des politiques d’incitation fiscale par exemple, en simplifiant les procédures administratives aussi, et en garantissant la sécurité des transactions immobilières. Les réglementations visant à protéger les propriétés aussi sont également cruciales pour renforcer la confiance des investisseurs. Et la technologie a son rôle à jouer dans tous ces aspects.“
Quels impacts peuvent avoir l’urbanisation rapide, la croissance de la classe moyenne et l’augmentation des investissements directs étrangers sur le marché immobilier africain ?
“Globalement ces trois phénomènes ont un impact positif sur le marché. Ils contribuent à améliorer les conditions de vie, et de fait stimulent la demande de logements en créant des opportunités d’investissement diverses et variées, qui favorisent le développement d’infrastructures urbaines et modernes surtout. Cependant il est impératif de gérer cette croissance de manière durable pour éviter les défis liés à l’urbanisation non planifiée.“