Les chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont récemment annoncé leur engagement à accélérer la construction de l’autoroute Abidjan-Lagos, un projet d’infrastructure crucial visant à relier les villes et les ports dynamiques de l’Afrique de l’Ouest. La Banque Africaine de Développement (BAD) joue un rôle de premier plan dans la mobilisation des financements pour cette initiative transformative.
Le Rôle Pivotal de la BAD
La BAD a déjà montré son engagement envers le projet en contribuant de manière substantielle à hauteur de 25 millions de dollars pour la phase préparatoire. De plus, lors du Forum d’Investissement en Afrique (AIF) en 2022, la BAD, en collaboration avec ses partenaires, a réussi à mobiliser de manière impressionnante 15,6 milliards de dollars de financements. Ce soutien financier constitue une étape importante pour concrétiser l’autoroute Abidjan-Lagos.
Poussée des Dirigeants Régionaux pour le Progrès
Lors d’une réunion tenue le 9 juillet 2023, en marge du sommet de la CEDEAO à Bissau, les dirigeants du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Nigeria et du Togo, les pays que l’autoroute traversera, ont exhorté la Commission de la CEDEAO à accélérer l’étude détaillée du projet, la stratégie financière et de mise en œuvre, ainsi que la production de la documentation nécessaire pour lancer la construction.
Ces dirigeants ont en outre instruit la Commission de la CEDEAO à collaborer étroitement avec la Banque de Développement de la CEDEAO (BIDC), la BAD, d’autres partenaires de développement et le secteur privé pour mobiliser les ressources nécessaires à cette ambitieuse entreprise d’infrastructure.
Création de l’Autorité de Gestion du Comité Abidjan-Lagos (ALCoMA)
En signe de leur engagement indéfectible, les dirigeants ont décidé d’établir le siège de l’Autorité de Gestion du Comité Abidjan-Lagos (ALCoMA) en Côte d’Ivoire. L’ALCoMA, composée de représentants de la CEDEAO et des pays bénéficiaires, sera chargée de superviser et de gérer le projet.
Les Institutions de Financement du Développement Unies
En réponse à ces développements, une table ronde des institutions de financement du développement a été organisée le 26 septembre 2023, au siège de la BAD à Abidjan. L’objectif principal de cette table ronde était de fournir aux institutions de financement du développement régionales et internationales des informations actualisées sur le projet et de mesurer l’intérêt des investisseurs, en alignant celui-ci sur les recommandations et les exigences exprimées lors de l’AIF 2022. Par ailleurs, les études techniques du projet devraient être finalisées en octobre 2023.
Signification et Impact du Projet
Le projet de l’autoroute Abidjan-Lagos prévoit une autoroute de 1 081 kilomètres reliant cinq pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria. Il s’agit d’une priorité clé énoncée dans la “Vision 2050” de la CEDEAO et il est également inclus dans le Plan d’Action Prioritaire du Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA) de l’Union Africaine, que la BAD met en œuvre activement.
Ce corridor reliera les principaux ports et les zones urbaines vitales telles que Lagos, Abidjan, Accra, Cotonou et Lomé. Il promet de stimuler le commerce et l’intégration en Afrique de l’Ouest, en offrant notamment aux pays enclavés tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad un accès aux ports maritimes par le biais de liaisons avec d’autres corridors le long de l’axe nord-sud.
De plus, l’autoroute dynamisera le réseau de transport de l’Afrique de l’Ouest, y compris les routes, les chemins de fer, les ports et les aéroports. Elle viendra compléter le corridor Enugu-Bamenda, qui relie le sud-est du Nigeria en Afrique de l’Ouest au sud-ouest du Cameroun en Afrique centrale, accélérant considérablement la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf).
L’autoroute débutera à Bingerville, dans la banlieue est d’Abidjan, et se terminera à Mile 2 (Eric Moore) à Lagos.
Ce trajet représente un remarquable 75 pour cent des activités commerciales en Afrique de l’Ouest, le secteur des transports contribuant de 5 à 8 pour cent du PIB de la région. On s’attend à ce que le projet joue un rôle clé dans le développement économique et la création d’emplois, profitant particulièrement aux femmes et aux jeunes.