L’Éthiopie avance à grands pas pour transformer son système de santé et le rendre compétitif à l’échelle mondiale. C’est le message qu’a martelé Amarech Bekalo, présidente de la commission de l’Industrie et des Mines à la Chambre des représentants du peuple, lors de l’inauguration de la nouvelle usine Qeteran Manufacturing Medical Equipment Trading PLC dans la zone économique spéciale de Kilinto.
Cette usine privée, dédiée à la fabrication de kits médicaux, symbolise la nouvelle ambition du pays : produire localement pour répondre à ses propres besoins et réduire la dépendance aux importations. L’État, de son côté, multiplie les soutiens au secteur privé pour encourager la production nationale de médicaments et de matériel médical.
« Nous voulons bâtir un système de santé solide, fondé sur la qualité et la compétitivité internationale », a affirmé Amarech Bekalo, qui vante les « résultats impressionnants » obtenus ces dernières années.
Des usines qui vont répondre à ce besoin
Le ministre d’État à la Santé, Frehiwot Abebe, a rappelé que cette politique s’inscrit dans le cadre des réformes économiques engagées par le gouvernement. Ces réformes ont ouvert la voie à une plus grande implication du secteur privé dans la production pharmaceutique et médicale.
Le pays compte aujourd’hui 22 000 établissements de santé, et la demande en équipements est immense. D’après Abdulkadir Galgalo, directeur général du Ethiopian Pharmaceutical Supply Service (EPSS), la priorité est désormais d’assurer une qualité conforme aux normes internationales.
« Ces nouvelles usines joueront un rôle clé pour répondre aux besoins du pays tout en garantissant un haut niveau de sécurité et d’efficacité », a-t-il déclaré.
Le mouvement Made in Ethiopia, lancé il y a quelques années, a stimulé la création d’entreprises dans la santé, la biotechnologie et la fabrication d’équipements médicaux.
Une usine emblématique à Kilinto
L’usine inaugurée à Kilinto illustre cette dynamique. Avec un investissement de 500 millions de birrs, Qeteran Manufacturing emploie déjà 150 personnes et prévoit d’élargir sa production à plusieurs types de tests médicaux.
Son directeur général, Atakure Ayalew, estime que le site deviendra « un acteur incontournable » du diagnostic médical en Afrique de l’Est.
Pour Tolossa Bedada, directeur général de la zone économique spéciale de Kilinto, ce projet confirme la montée en puissance de l’industrie locale. « De plus en plus d’entreprises éthiopiennes rejoignent le secteur, encouragées par les politiques de soutien et la demande croissante en produits de santé », a-t-il expliqué.
Enfin un peu de reconnaissance pour l’Éthiopie
Les efforts du pays commencent à être reconnus au-delà de ses frontières.
Le professeur Biniam Tilahun a félicité l’Éthiopie pour avoir atteint le niveau 3 de maturité dans la classification mondiale des autorités de régulation de l’OMS. Seules quelques nations africaines ont obtenu ce statut.
Cette certification renforce la réputation de l’Éthiopie et garantit la qualité des médicaments produits et transportés, souvent par Ethiopian Airlines, qui avait joué un rôle central dans la distribution des vaccins contre la COVID-19.
Vaincre le paludisme
Le 18 septembre 2025, le pays a lancé son premier vaccin contre le paludisme dans la région du Sud-Omo, à Turmi.
Ce vaccin sera distribué avec des moustiquaires imprégnées d’insecticide dans 58 districts fortement touchés. En tout, 186 000 doses et 12 millions de moustiquaires seront déployées, dans le cadre d’une campagne menée avec les Centers for Disease Control Africa (CDC Africa).
« L’introduction du vaccin est un moment historique pour notre pays », a déclaré Agonafer Tekalegne, directeur national de Malaria Consortium Ethiopia. « C’est un pas de plus vers un futur où aucun enfant ne mourra du paludisme. »
L’événement a réuni des représentants du ministère de la Santé, des autorités régionales, ainsi que des partenaires internationaux comme l’OMS et le Malaria Consortium.
Dr Dereje Dhuguma, secrétaire d’État à la Santé, a dit que le vaccin, combiné aux autres mesures de prévention, « peut transformer la lutte contre la maladie ».
Le pays fait face à une situation préoccupante : plus de 7,3 millions de cas et 1 157 décès liés au paludisme ont été recensés l’an dernier. Les flambées épidémiques menacent d’effacer les avancées durement obtenues.
Pour contenir la maladie, Malaria Consortium a déployé une campagne de 18 mois qui a touché 1,7 million de personnes dans les régions les plus exposées. L’organisation collabore depuis longtemps avec le ministère de la Santé sur la prévention du paludisme et d’autres maladies tropicales négligées, en intervenant souvent dans des zones difficiles d’accès.
L’Éthiopie se positionne donc comme un modèle pour le continent.
Le Dr Hamid Jafari, coordinateur régional de l’OMS, s’est félicité de la coopération croissante entre les pays de la Corne de l’Afrique pour éradiquer la polio et renforcer la santé publique.
« L’Éthiopie montre qu’en misant sur l’innovation, la collaboration régionale et la souveraineté sanitaire, on peut transformer durablement la santé en Afrique », a-t-il résumé.


