Avez-vous déjà aperçu ce symbole? La main de Fatma, aussi appelée « main de Hamsa » ou « Khamsa », est un symbole en forme de main avec cinq doigts étendus, souvent orné d’un œil au centre de la paume. Elle est très répandue dans les cultures arabes et juives comme amulette protectrice, censée éloigner le mauvais œil et apporter bonheur et chance.
On la trouve sous forme de bijoux, décorations murales, et autres objets d’art, particulièrement en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et dans des communautés diasporiques de ces régions. Elle est aussi populaire dans les accessoires modernes pour son aspect symbolique et esthétique.
Que représente la Main de Fatma?
On distingue l’appellation « main de Fatma » et « khamsa », la première étant plus proche d’une appellation coloniale et la deuxième étant plus respectueuse de l’origine du symbole. « Khamsa » désigne le chiffre cinq, comme les cinq doigts de la main. Il représente la protection, notamment des plus faibles, c’est-à-dire des femmes, des femmes enceintes et des enfants.
Emblématique des pays musulmans, la main, ou « tasfut » pour les Amazigh, l’est plus encore des pays du Maghreb.
Elle incarne une affirmation culturelle et religieuse. La main est aussi appelée « Main de Dieu ».
La Khamsa, un signe non exclusivement musulman
On retrouve la Khamsa en Afrique du Nord mais également en Méditérannée orientale. Si l’on associe souvent la main à l’islam, les Juifs du Maghreb aussi en ont fait un signe familier. Elle symbolise la protection pour eux également. En Israël, le symbole est visible au sein des communautés venues des pays musulmans.
Christine Michaud et Thomas De Koninck dans “Le Petit Prince est toujours vivant” expliquent: « Les cultures arabe, juive et indienne l’illustrent bien avec l’un des plus célèbres symboles de protection appelé la « main de Fatima (Hamsa) ou la « main de Dieu ». Les juifs la nomment aussi la « main de Myriam » ou la « main de Marie ».
Cette protection sacrée du Moyen-Orient est représentée par une main avec un œil en son centre. Évoquant les bénédictions, le pouvoir et la force, elle a pour rôle de défendre l’homme du mauvais œil. »
Le mauvais œil reste une notion que comprennent et que partagent de multiples peuples, notamment en Europe de l’Est, dans les pays méditéranéens, en Afrique du Nord et en Orient.
C’est cet oeil, conscient ou non, que peuvent poser les autres sur nous et de qui peuvent naître jalousie, convoitise et haine. Cet œil, que l’on retrouve très souvent dans le vocabulaire musulman moderne, mais dont la croyance est plus issue de la culture que de la religion, est redouté. Et de lui, les croyants doivent se préserver. La main remplit symboliquement cette fonction.
Présente bien avant l’avènement de l’Islam, la main reste un symbole profondément lié à la région du Maghreb. On retrouve plusieurs mains sur les stèles de Tanit, déesse protectrice de Carthage dans l’Antiquité. On en trouve même une dans la plus vieille synagogue du monde, à Doura Europos (Syrie).
L’arrivée des monothéismes a encouragé un syncrétisme progressif au tour du symbole de la main, en faisant un symbole dans lequel se retrouvent de nombreuses religions polythéistes ou non et spiritualités.
Un symbole ésotérique et spirituel interdit en islam ?
Si elle est désignée par rapport à ce contre quoi elle lutte, la main de Fatma est aussi censée apporter bonheur, paix et prospérité. La main est une main d’invocation pour la clémence et la miséricorde de Dieu. Son utilisation s’approche davantage de l’utilisation d’une amulette de nos jours, pour profiter constamment, à l’extérieur, comme dans la maison, des bienfaits et de sa protection.
Plus qu’un objet cultuel et religieux, elle est davantage un objet ésotérique et spirituel par essence, notamment utilisée dans la kabbale juive, branche mystique du judaïsme.
La main n’est pas un symbole religieux et elle est d’ailleurs majoritairement rejetée par les religions monothéistes, y compris en islam. Beaucoup de musulmans vont considérer ce symbole comme étant contraire à l’islam, une forme de « shirk », se rapprochant davantage de la superstition et de l’adoration païenne.
Il n’y a cependant pas de contre-indication officielle concernant la main dans la communauté musulmane puisqu’elle reste pour cette dernière un symbole culturel.
La main de Fatma est un bijou physique, spirituel et littéraire.
Si vous pensiez que la main de Fatma n’était qu’un simple symbole que vous pouviez acheter sous forme de bracelet, détrompez-vous.
De nombreux auteurs nous rappellent la puissance de la main de Fatma grâce à leurs oeuvres qui utilisent ce symbole.
“La main de Fatima” d’Ildefonso Falcones, par exemple, est un roman historique qui explore les tensions culturelles et religieuses entre chrétiens et musulmans dans l’Espagne du XVIe siècle. Le récit suit Hernando, un jeune musulman d’origine mixte, qui navigue dans un monde marqué par les conflits religieux et les guerres de l’Inquisition. Porté par un symbole de protection, la main de Fatma, Hernando est tiraillé entre ses deux héritages et cherche à apporter la paix entre les communautés.
Falcones dépeint un tableau réaliste de l’Espagne de cette époque, ancré dans des détails historiques tout en abordant les thèmes de l’amour, de la foi et de l’identité. À travers Hernando, le roman explore les dilemmes et les sacrifices liés aux conflits de loyauté et de croyance, utilisant la main de Fatma comme un symbole d’espoir et de résilience face aux épreuves.