Récemment, les visas H1B ont été remis en cause aux États-Unis. Etonnamment, cela a bien un lien avec Elon Musk, qui a défendu le droit de travailleurs étrangers de proposer leurs services aux entreprises comme SpaceX. Ces visas permettent à des travailleurs étrangers qualifiés de venir temporairement travailler sur le sol américain. À l’origine, le programme vise à combler des lacunes dans le marché du travail américain en attirant des talents exceptionnels que les employeurs locaux ne parviennent pas à recruter.
Beaucoup accusent le système d’être détourné de son objectif initial. De nombreuses offres d’emploi, facilement accessibles aux travailleurs américains (blancs), sont désormais destinées à des étrangers bénéficiant de ces visas, souvent en raison de leur coût salarial inférieur.
Des postes peu spécialisés, tels que des cuisiniers, des enseignants de golf ou des agents d’entretien, figurent pourtant parmi ceux pourvus via le programme H1B.
Elon Musk affirme tout et son contraire au sujet de ces visas H1B
Elon Musk est bien sûr PDG de Tesla et SpaceX, mais également fervent partisan du mouvement “America First” (L’Amérique avant tout) soutenu par Donald Trump a indiqué que ses entreprises dépendent fortement de travailleurs étrangers qualifiés, beaucoup étant embauchés grâce aux visas H1B.
Cela a généré une vague d’indignation, puisque son alignement avec le camp politique de Trump l’oblige à composer avec une base conservatrice qui perçoit l’immigration comme une menace pour les emplois américains.
Musk a publiquement défendu le programme H1B, tout en reconnaissant ses failles et certains abus du système. Il a suggéré des réformes comme une augmentation significative du salaire minimum pour les titulaires de ces visas et l’introduction d’un coût annuel pour leur maintien, pour échapper à l’esclavagisme de travailleurs qui dépendent de ces visas. Selon lui, ces mesures rendraient l’embauche de travailleurs étrangers plus coûteuse que celle de travailleurs américains, dissuadant ainsi les abus patronaux.
« Le programme est cassé et a besoin d’une réforme majeure. Il suffirait d’augmenter les salaires minimums et d’ajouter un coût annuel pour corriger les abus », a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter).
Le mouvement MAGA (Make America Great Again) a protesté contre ces suggestions un peu “tièdes”: Comment un pionnier du développement technologique et de l’Amérique pour les Américains peut-il soutenir les visas H1B au détriment des américains nés et élevés aux Etats-Unis?
D’un côté, les puristes prônent une limitation drastique de l’immigration, souhaitant que les États-Unis n’acceptent que des individus exceptionnellement qualifiés ou bien personne. De l’autre, les partisans d’une ligne plus modérée, dont Musk fait partie, soulignent que certains secteurs clés, notamment la technologie, souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre locale suffisamment qualifiée et motivée.
Cette fracture s’est accentuée après que Musk a comparé l’embauche de talents étrangers à celle d’athlètes de haut niveau dans le sport. « Si vous voulez que votre équipe gagne le championnat, vous devez recruter les meilleurs talents où qu’ils soient », a-t-il affirmé.
Mais cette comparaison à une équipe de sport n’a pas convaincu tout le monde. Des critiques ont fusé, notamment sur des comptes conservateurs, accusant Musk de favoriser une « invasion » de travailleurs indiens au détriment des Américains. Certains commentaires se sont également teintés de racisme, pointant directement les travailleurs d’origine indienne comme responsables de l’érosion des opportunités pour les locaux.
Le paradoxe est frappant : Elon Musk, lui-même immigré sud-africain ayant bénéficié d’un visa H1B pour entrer aux États-Unis, est aujourd’hui un fervent défenseur de ce programme. Il affirme que de nombreux succès américains, y compris ceux de Tesla et SpaceX, sont dus à des talents étrangers.
« Les H1B ont permis à des personnes exceptionnelles, moi inclus, de contribuer massivement aux États-Unis », a-t-il déclaré.
Cette défense vigoureuse du programme l’a mis en porte-à-faux avec une partie de sa base politique. Les conservateurs dénoncent Musk comme un opportuniste, privilégiant ses intérêts commerciaux au détriment de la protection des travailleurs américains.
Pourquoi Musk défend-t-il vraiment les H1B?
Analyser les coûts liés à l’embauche d’un ingénieur américain diplômé d’une Ivy League et ceux d’un ingénieur indien recruté via un visa H1B pour SpaceX révèle la vraie raison derrière le soutien d’Elon Musk. Comme le pensent ses détracteurs, il s’agit surtout pour le PDG de se fournir une main d’oeuvre presque esclave.
Tout d’abord, le salaire de base d’un ingénieur américain issu d’une Ivy League se situe généralement entre 150 000 et 200 000 USD par an, en raison de la réputation et de l’élite de leur formation.
Un ingénieur indien recruté avec un visa H1B coûte souvent entre 70 000 et 100 000 USD par an, bien que ce montant puisse augmenter selon la région et la spécialisation, mais reste inférieur au coût d’un ingénieur américain.
Les charges sociales et les avantages sociaux diffèrent également. Les ingénieurs américains exigent souvent des avantages sociaux complets, incluant des plans de retraite généreux (401k), des assurances santé premiums, puisqu’ils n’ont pas de sécurité sociale similaire à la France, et parfois des bonus ou des actions de l’entreprise, ce qui peut augmenter les coûts salariaux de 20 à 40 %. En comparaison, les ingénieurs étrangers recrutés sous visa H1B entraînent des frais liés à la gestion du visa, oscillant entre 4 000 et 10 000 USD, mais leurs avantages sociaux sont généralement standardisés et donc moins coûteux.
En termes de mobilité, un diplômé d’Ivy League bénéficie d’un pouvoir de négociation élevé en raison de la forte demande pour ce type de profil, ce qui pousse souvent les entreprises à offrir des compensations et des conditions attractives. À l’inverse, les ingénieurs étrangers sous visa H1B, liés à leur sponsor pour leur maintien aux États-Unis, ont une capacité de négociation plus limitée. Cela les rend plus stables économiquement pour l’employeur, car moins susceptibles de quitter leur poste rapidement ou de demander des augmentations.
La productivité perçue est un autre facteur clé. SpaceX, comme d’autres entreprises de haute technologie, recherche des ingénieurs prêts à travailler de longues heures dans des environnements exigeants. Les titulaires de visa H1B, conscients des implications de leur situation migratoire, pourraient être plus enclins à s’adapter à ces attentes sans demander une compensation immédiate équivalente à celle d’un ingénieur américain diplômé d’une Ivy League.
L’embauche d’ingénieurs étrangers présente aussi des avantages indirects. En diversifiant ses talents tout en réduisant ses coûts, SpaceX peut limiter les pressions sociales autour des augmentations salariales ou des conditions de travail, notamment en s’appuyant sur un modèle où les employés étrangers servent de base compétitive.
Pour SpaceX, embaucher un ingénieur indien sous visa H1B pourrait réduire les coûts totaux de 30 à 50 % par rapport à un ingénieur américain diplômé d’une Ivy League. Beaucoup d’internautes ont rappéle que la raison derrière la création de ces visas n’est pas l’absence de talent local mais une volonté patronale d’exploiter la misère de travailleurs étrangers en les laissant travailler 80h par semaine avec un salaire plus faible qu’ils n’offrent aux citoyens américains.
Cette réalité économique nous rappelle que les entrepreneurs comme Elon Musk ont beau être brillants, leur volonté d’aider le peuple s’arrête là où les bénéfices de leur entreprise commencent.