Pour Alexandre Bompard, PDG de Carrefour et président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), l’idée d’une taxe européenne de 2 euros sur les colis provenant de plateformes chinoises comme Shein et Temu frôle l’absurde. Ce mercredi matin, invité sur RTL, il n’a pas mâché ses mots. “Deux euros sur ce type de colis, c’est une plaisanterie” dit-il.
L’Union européenne envisage d’imposer ces frais sur chaque envoi de faible valeur arrivant depuis la Chine. En 2024, environ 4,6 milliards de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été expédiés vers l’Europe, dont plus de 91% depuis la Chine.
Concrètement, cela représente plus de 145 colis par seconde. Alexandre Bompard pense que cette taxe n’aura aucun effet réel sur le flot incessant de commandes qui inondent le marché européen.
“Rendons-leur la vie difficile”
Si rien n’est fait rapidement, ce sont des pans entiers du commerce et de la distribution qui risquent de disparaître. À ses yeux, la situation est alarmante pour les fabricants de jouets, les acteurs du textile, les petits commerces et les enseignes spécialisées. Ils sont tous fragilisés par la concurrence directe de ces géants chinois qui cassent les prix.
Pour stopper cette invasion de colis à bas coût, Alexandre Bompard estime qu’il faut agir de façon beaucoup plus ferme. La France dispose déjà de nombreux services de contrôle et administrations capables d’intervenir.
Il dit qu’il faut les mobiliser pendant trois mois pour effectuer des vérifications systématiques sur ces colis, plutôt que de concentrer leurs efforts sur les petites et moyennes entreprises françaises. Il insiste : “Arrêtons d’embêter nos PME et contrôlons ces envois massifs. Il faut leur compliquer la tâche.“
Passer du 2 euros à la taxe Trump
Mais pour le patron de Carrefour, la mesure la plus efficace serait d’instaurer une taxe massive sur la valeur des colis importés de Chine. Il évoque une taxe “à la Trump“, en référence au président américain. Alexandre Bompard imagine un prélèvement équivalent à 100% de la valeur des marchandises.
Il précise ne pas être un partisan du trumpisme, mais il considère qu’une telle mesure aurait un réel impact. Pour lui, il existe une limite à la recherche du prix le plus bas. Si acheter toujours moins cher conduit à la disparition d’entreprises locales, à la destruction de milliers d’emplois et à un coût écologique démesuré, alors le prix final payé par la société est bien trop élevé.
Alexandre Bompard indique qu’il faut agir immédiatement. “Pas l’année prochaine, pas dans deux ans. Il faut le faire dès maintenant, parce que chaque jour des acteurs du commerce et de la distribution ferment leurs portes“, a-t-il averti.
La France n’est pas la seule à s’inquiéter. En Grèce, les commerçants appellent également Bruxelles à avancer la mise en place de ces frais supplémentaires pour protéger leur économie.