Avec un chiffre d’affaires estimé à 88 milliards de dollars en 2023, le marché du café représente 8% du marché des « boissons », toutes catégories confondues. D’après Statista, Il est prévu que ce secteur grandisse de 26% d’ici 2028. Et pour cause, 2,3 millions de tasses de café seraient consommées chaque minute dans le monde.
En Amérique du Sud, le réchauffement climatique pourrait réduire de 88% les surfaces de production de café d’ici 2050. Ce constat alarmant résulte d’une étude menée en 2017 par des scientifiques du Cirad en France et du Smithsonian Tropical Research Institute au Panama.
Il est à noter qu’en 2020, sur les 10 premiers pays producteurs, 5 étaient sud-américains. Dès lors, la chute de la production de café envisagée par les scientifiques mettrait en péril des millions d’exploitations locales.
Le marché du café, une chaîne de valeur déséquilibrée
Le marché mondial du café repose sur une chaîne de valeur profondément déséquilibrée. Le Cirad indique que sur les 11 millions d’hectares cultivés dans le monde, 70 % de la production provient de petites exploitations familiales de moins de 5 hectares. Ces producteurs, pourtant essentiels à la chaîne de production, reçoivent une part très faible de la valeur ajoutée du produit final. Plus inquiétant encore, le Ministère de la Transition Écologique décrète qu’en 20 ans, la part de valeur perçue par les pays producteurs (producteurs, intermédiaires et négociants) a diminué de plus de 30%.
Le Brésil, premier producteur mondial, fournit en moyenne 3 millions de tonnes de café par an (soit 40% de la production mondiale en 2022), suivi par le Vietnam avec 1,5 million de tonnes, et la Colombie avec 43 000 tonnes.
Ce sont les géants de la torréfaction et de la distribution qui monopolisent la majeure partie des bénéfices. Parmi les plus influents, on trouve Starbucks (24 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2021), Nestlé (5,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022), Lavazza, Illy et Carte Noire. Mais les défis auxquels sont confrontés les producteurs ne sont pas qu’économiques. Les conditions de travail dans les plantations de café sont souvent précaires, car marquées par des salaires excessivement bas, l’absence de sécurité sociale, et dans certains cas, l’exploitation des enfants.
La production de café est aussi l’ennemie de la cause environnementale.
La production de café est à l’origine d’une grande partie de la déforestation en Amérique Latine et ce, en particulier, dans les régions tropicales. Selon le Ministère de la Transition Écologique, l’Union européenne est responsable de 44 % de la déforestation liée à la production de café. On estime ainsi que 7% de la déforestation importée par l’UE est due au café, soit presque autant que pour le cacao.
Avec 11 millions d’hectares de plantations dans plus de 50 pays tropicaux, la pression sur les écosystèmes est considérable. Paradoxalement, en contribuant au réchauffement climatique, la production de café compromet ses propres conditions de culture. Les experts estiment que la hausse des températures et la disparition des abeilles pollinisatrices affecteront sévèrement les rendements des plantations. Les pays d’Amérique centrale, comme le Nicaragua, le Honduras et le Venezuela, sont particulièrement vulnérables à ces changements.
La hausse des températures et les conditions météorologiques extrêmes menacent les cultures, notamment celles du caféier Arabica (55% des productions mondiales de café), très sensible aux variations climatiques. La culture en monoculture intensive, sans rotation des cultures, appauvrit également les sols en minéraux essentiels, rendant la terre moins fertile au fil des années. L’usage excessif de pesticides et de fertilisants chimiques menace la biodiversité des sols et contamine les nappes phréatiques. Ces pratiques d’agriculture intensive ne permettent pas la régénération naturelle du sol, ce qui entraîne des phénomènes d’érosion et une perte de la qualité des terres agricoles.
Cette production nécessite une quantité importante d’eau, que ce soit pour l’irrigation des plantations ou pour le traitement des grains de café. On estime que la production d’un kilogramme nécessite environ 140 litres d’eau. Dans certaines régions d’Amérique du Sud où l’eau est particulièrement rare, la surproduction peut entraîner des problèmes de stress hydrique.