Dans une évolution révolutionnaire, le géant de l’énergie qatarien, détenu par l’État, a lancé une nouvelle entreprise pour amplifier la production du plus grand champ de gaz naturel du monde, dans le but de répondre à la demande croissante de gaz qatarien à la suite des perturbations géopolitiques. Le projet implique la construction d’un terminal d’exportation sur la côte nord-est de l’émirat du Golfe, renforçant ainsi la position du Qatar en tant que premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL).
Expansion pour répondre à la demande
La demande croissante de gaz qatarien a augmenté alors que les nations européennes se retrouvent en train de remplacer les livraisons de gaz russes perdues, suite à la décision du président Vladimir Poutine de lancer une guerre à grande échelle en Ukraine au début de l’année dernière. Le Qatar, déjà un acteur redoutable sur le marché du GNL, est sur le point de renforcer considérablement ses capacités de production en développant le champ North, un réservoir de gaz sous-marin qui s’étend sur le territoire iranien.
Pose de la première pierre à Ras Laffan
La grande cérémonie d’inauguration a eu lieu à Ras Laffan, la base de traitement du gaz située à 80 kilomètres (50 miles) au nord de Doha. Son Altesse le Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, l’émir du Qatar, a présidé l’événement, signifiant l’engagement de la nation à renforcer son secteur de l’énergie. Le Cheikh Tamim a déclaré que ce projet faisait partie intégrante de leur stratégie visant à renforcer le rôle du Qatar en tant que producteur mondial de GNL.
Un bond en avant pour le leadership énergétique du Qatar
Le ministre de l’Énergie du Qatar, Saad al-Kaabi, a exprimé son optimisme quant au projet, le qualifiant de “bond en avant pour le leadership de notre pays dans le domaine de l’énergie”. En augmentant la production dans le champ North, le Qatar prévoit d’augmenter sa production de GNL de 60 % ou plus, atteignant une impressionnante production de 126 millions de tonnes par an d’ici 2027. Le GNL issu de cette expansion devrait entrer en service en 2026.
Répondre à la demande mondiale
Les principaux marchés pour le gaz qatarien ont traditionnellement été les pays asiatiques, dirigés par la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Cependant, l’Europe s’est de plus en plus tournée vers le Qatar comme source alternative d’approvisionnement en gaz à la lumière des tensions géopolitiques persistantes impliquant la Russie. Patrick Pouyanne, président de TotalEnergies en France, a souligné l’importance de l’expansion du champ North, la qualifiant de “projet énorme” arrivant à un moment crucial où la demande européenne en GNL est en hausse.
“Nous avons besoin de plus d’approvisionnement. C’est clair. Pourtant, le marché est fragile”, a déclaré Pouyanne. “Ce projet est majeur et apportera un certain soulagement à ce marché”, a-t-il ajouté.
Partenariats internationaux
TotalEnergies en France a joué un rôle substantiel dans l’expansion du champ North, signant un accord de 1,5 milliard de dollars avec QatarEnergy, sécurisant une participation de 9,3 % dans le projet North Field South du Qatar, la deuxième phase de l’expansion. Cela a suivi l’investissement de plus de 2 milliards de dollars de Total pour une part de 25 % dans la première phase, North Field East, en juin 2022.
À noter que le Qatar a conclu en juin 2022 un accord significatif de 27 ans pour fournir quatre millions de tonnes de gaz par an à la China National Petroleum Corporation, égalant les termes d’un accord de 2022 avec Sinopec de Chine, marquant une étape historique dans l’industrie. Des acteurs majeurs de l’énergie à l’échelle mondiale, tels que Shell au Royaume-Uni, ENI en Italie et les géants américains ConocoPhillips et ExxonMobil, se sont également associés au Qatar dans cette entreprise ambitieuse.
Position de premier plan du Qatar
Le Qatar figure fièrement parmi les principaux producteurs mondiaux de GNL, aux côtés des États-Unis, de l’Australie et de la Russie. Qatar Energy estime que le champ North détient environ 10 % des réserves mondiales de gaz naturel connues, consolidant ainsi sa position en tant qu’acteur clé du paysage énergétique mondial.