En 2024, la Russie a infligé à Google une amende sans précédent, atteignant des sommets astronomiques : deux sextillions de roubles, soit un montant impossible à imaginer en termes financiers, même au niveau global.
Cette sanction découle du non-respect par Google d’une injonction des autorités russes l’obligeant à restaurer les chaînes YouTube de médias proches du gouvernement, bloquées en vertu des sanctions américaines. Ce montant colossal, rapporté par l’agence de presse russe Tass, vise officiellement à permettre à Google de réintégrer le marché russe, un enjeu devenu symbolique dans un contexte de tensions politiques croissantes.
Un montant sans précédent et des proportions inimaginables pour Google
La somme demandée — deux sextillions de roubles ou deux milliards de millions de milliards — est telle qu’aucune entreprise ne pourrait la payer. Pour comparaison, la capitalisation boursière d’Alphabet, maison-mère de Google, atteint environ 2 000 milliards de dollars, et le PIB mondial est estimé par le FMI à 110 000 milliards de dollars. Ces chiffres montrent clairement que la somme réclamée dépasse de très loin les capacités financières non seulement de Google, mais de l’économie mondiale.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a commenté cette amende en reconnaissant la nature “symbolique” de cette somme inédite. Il a affirmé que l’objectif est de rappeler à Google qu’il doit respecter la liberté d’expression des médias russes sur ses plateformes. La Russie a reproché à Google d’avoir bloqué plusieurs chaînes de médias d’État, comme RT et Sputnik, dès l’invasion de l’Ukraine en 2022. L’injonction de juillet 2024 visait à rétablir l’accès à une vingtaine de chaînes supplémentaires, suite aux blocages initiaux motivés par des sanctions américaines contre la Russie.
Selon la justice russe, cette amende pourrait continuer d’augmenter de manière exponentielle si elle n’est pas payée, doublant chaque jour en cas de non-règlement. Cette disposition accentue le caractère provocateur de cette décision, que des experts perçoivent comme une réponse politique plus qu’une mesure financière réaliste. Roman Yankovsky, expert de l’Institut d’éducation HSE, a souligné qu’il est clair que Google ne paiera jamais cette pénalité. La Russie semble plutôt vouloir exercer une pression sur le géant américain en soulignant son contrôle grandissant sur l’Internet local.
Un bras de fer entre la Russie et Google
Google semble peu préoccupé par un impact financier direct sur ses résultats. Dans son dernier rapport trimestriel, l’entreprise mentionne des “litiges en cours” en Russie, tout en estimant qu’ils n’auront pas de répercussions significatives sur ses profits. Après l’invasion de l’Ukraine, Google a officiellement fermé sa filiale en Russie, mettant un terme à ses activités locales. Cette situation complexe laisse peu de chances de voir le géant du numérique revenir en Russie, à moins d’un accord improbable entre les deux parties.
Pour les autorités russes, l’enjeu va au-delà du simple contentieux financier ; il s’agit de souligner une volonté politique de contrôler les plateformes en ligne étrangères opérant sur son territoire. En multipliant les pressions, le Kremlin cherche à redéfinir les règles du jeu sur Internet en limitant les influences occidentales. Cette position s’est intensifiée avec la guerre en Ukraine, où la Russie a restreint l’accès à plusieurs plateformes étrangères, comme Facebook et Instagram, accessibles uniquement via VPN.
Pour le moment, la Russie renforce ses restrictions numériques en interdisant progressivement l’accès à plusieurs plateformes occidentales. La situation de Google illustre cette tendance à censurer et contrôler les sources d’information extérieures pour encadrer le discours public en Russie. Avec cette amende record, Moscou pourrait surtout chercher à limiter le rôle des géants technologiques étrangers dans la diffusion de contenus susceptibles de nuire à ses intérêts politiques.
Cette amende astronomique de deux sextillions de roubles représente moins une sanction réaliste qu’une déclaration de guerre symbolique au contrôle de l’information par les entreprises étrangères.