Lisbonne est sous le choc. Quinze personnes ont trouvé la mort et au moins dix-huit ont été blessées, hier en fin de journée, lorsque le funiculaire de la Glória a déraillé avant de s’écraser contre un immeuble, tout près de l’avenue de la Liberté. Cette ligne, l’une des plus emblématiques de la ville, transportait aussi bien des habitants que des touristes venus du monde entier.
Les services d’urgence ont travaillé toute la nuit pour dégager les passagers coincés dans les décombres. Des témoins ont décrit une scène de panique, certains affirmant avoir vu la rame filer à toute allure, « sans freins », avant de heurter le bâtiment avec une force brutale.
Lisbonne meurtrie
« On a tous commencé à courir, persuadés qu’elle allait percuter la rame d’en bas », raconte Teresa d’Avó, témoin de l’accident. « Mais elle a déraillé dans le virage et s’est écrasée sur le côté. »
Abel Esteves, 75 ans, était avec sa femme et son petit-fils dans le wagon inférieur. « J’ai dit à ma femme : ‘On va tous mourir ici’. On l’a vue dévaler la pente à une vitesse folle avant de disparaître de notre champ de vision. Puis il y a eu un bruit énorme. »
Les autorités portugaises ont lancé plusieurs enquêtes : la compagnie de transport Carris, l’autorité nationale de sécurité des transports et la police criminelle examinent les causes possibles. Les premiers éléments évoquent une rupture du câble de traction, ce qui aurait rendu impossible le freinage de la rame.
Carris assure pourtant que toutes les opérations de maintenance prévues avaient été respectées, avec des vérifications quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles. Mais certains syndicats rappellent que des problèmes de tension du câble avaient été signalés par les conducteurs ces derniers mois.
Réactions officielles et journée de deuil
Le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, s’est rendu à l’hôpital auprès des blessés. « C’est un moment tragique pour la ville », a-t-il déclaré. Le gouvernement portugais a décrété une journée de deuil national et suspendu l’activité des deux autres funiculaires de la capitale pour inspection.
Le président Marcelo Rebelo de Sousa a exprimé sa « solidarité et sa compassion » envers les familles. Le Premier ministre Luis Montenegro a parlé de « l’une des plus grandes tragédies humaines de notre histoire récente » et a promis que l’enquête serait menée rapidement.
Un symbole brisé
Le funiculaire de la Glória fut mis en service en 1885 puis électrifié trente ans plus tard ; il est devenu une véritable icône de Lisbonne. Sa rame jaune, gravissant les 275 mètres qui relient la place des Restauradores au quartier animé du Bairro Alto, attire chaque année des millions de visiteurs.
Beaucoup de Lisboètes y sont attachés. « Je passe devant tous les jours, c’est un symbole de la ville », confie Eliane Chaves, une Brésilienne installée depuis vingt ans à Lisbonne, les larmes aux yeux. « On dit que c’est de la négligence, mais ce n’est pas vrai. Les contrôles sont réguliers. C’est un accident, comme il en arrive en avion ou en voiture. »
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a adressé ses condoléances. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s’est dit « horrifié par ce terrible accident ». Même le pape François a envoyé un message de soutien et de bénédiction aux victimes et aux secouristes.


