Le Premier ministre d’Espagne, Pedro Sánchez a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il allait rester à son poste. Et ce, à la suite de l’ouverture d’une enquête préliminaire, finalement classée sans suite, concernant sa femme.
Pedro Sánchez reste au pouvoir malgré le scandale
“J’ai décidé de continuer” a déclaré le Premier ministre d’Espagne, Pedro Sánchez, à l’issue de cinq jours de suspense.
Le dirigeant socialiste de 52 ans restera donc au pouvoir, en dépit de la “campagne de discrédit” dont il accuse l’opposition de droite.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au mardi 16 avril. Ce jour-là, un tribunal madrilène annonce ouvrir une enquête préliminaire contre son épouse, Begoña Gomez. A l’origine de cette plainte ? L’association d’extrême droite Manos limpias (« mains propres ») qui l’accuse de trafic d’influence et de corruption en entreprise.
Dès lors, bien qu’il devait commencer la campagne des élections régionales du 12 mai en Catalogne, Pedro Sánchez met en pause toutes ses activités publiques.
« Nous oublions souvent que derrière les hommes politiques se trouvent des personnes. Et moi, je n’ai pas honte de le dire, je suis un homme profondément amoureux de ma femme, qui subit (cette) boue répandue sur elle », explique-t-il alors dans une longue lettre publiée sur le réseau social X. De manière très claire, il annonce également aux Espagnols son projet de démissionner. Son objectif est, selon lui, de sécuriser sa famille.
Le Parti socialiste entre tourmente et soulagement face à la décision de Pedro Sánchez
Très inquiets par cette lettre, les sympathisants du Parti socialiste décident, samedi 27 avril, de manifester par millier afin de l’implorer de rester.
Puis, lundi 29 avril, c’est le coup de théâtre. Après cette période consacrée à une « profonde réflexion », Pedro Sánchez s’exprime à l’occasion d’une « allocution institutionnelle » au palais de la Moncloa, sa résidence officielle à Madrid.
Pendu à ses lèvres, le peuple espagnol l’écoute expliquer qu’il souhaite finalement rester au pouvoir. Pedro Sánchez affirme qu’il n’a pas agi de la sorte par « calcul politique » et invite le pays à se lancer dans « une réflexion collective » sur la polarisation de la vie politique.
L’objectif ? Lutter contre « la désinformation de diriger le débat ». « Ou nous disons ”Assez !” ou la dégradation de la vie publique conditionnera notre avenir et nous condamnera. »
Les opposants de Pedro Sánchez montent au créneau
Dès le lendemain, sur la radio Cadena Ser, Pedro Sánchez affirme avoir été « mal pendant ces cinq jours », avoir « douté » et « pensé à abandonner ».
Aussi, dans une interview à la télévision publique, il explique que sa femme lui a demandé de ne pas abandonner. « Elle a été la première à me dire de ne pas démissionner. »
Du côté des dirigeants de droite, cet événement a suscité un certain scepticisme. Plusieurs d’entre eux, comme Isabel Diaz Ayuso, figure montante de la droite espagnole, ont caractérisé la décision de Pedro Sánchez de « blague ».
De son côté, le leader de l’opposition de droite, Alberto Núñez Feijóo, a accusé le Premier ministre espagnol de s’être « moqué des Espagnols ». « Un chef du gouvernement ne peut pas se donner en spectacle comme un adolescent afin que tout le monde se mette à lui courir après en l’implorant de ne pas partir et de ne pas se fâcher », a-t-il précisé.
L’enquête sur l’épouse de Pedro Sánchez est suspendue
Mais alors de quoi Begoña Gómez a-t-elle exactement été accusée ? L’enquête contre l’épouse de Pedro Sánchez, concernait, selon le média en ligne El Confidencial, ses relations avec le groupe touristique espagnol Globalia. Ce groupe se veut être parrain de la fondation dans laquelle elle travaillait, au moment où Air Europa, compagnie aérienne appartenant à Globalia, négociait avec le gouvernement de Pedro Sánchez l’obtention d’aides publiques.
Et selon l’AFP, cette compagnie a effectivement perçu, en novembre 2020, 475 millions d’euros. Une somme issue d’un fonds de 10 milliards visant à épauler les entreprises stratégiques fragilisées par la pandémie de Covid-19.
Néanmoins, des dizaines d’autres ont suivi, parmi lesquels ses concurrents comme Iberia, ou encore Volotea. Voilà pourquoi, dès jeudi 25 avril, le ministère public a demandé « l’annulation de la procédure » et « le classement sans suite de l’affaire ».
Aussi, l’association « Manos limpias » a également reconnu s’être appuyée uniquement sur des articles de presse afin de lancer ces accusations.
En attendant, de manière intentionnelle ou non, l’avertissement de la démission de Pedro Sánchez semble avoir ébranlé les sondages. Selon le Centre démocratique national espagnol, après l’annonce de sa pause, le Parti socialiste a devancé de dix points le Parti populaire en termes d’intentions de vote.
Notons enfin que ces dernières semaines, plusieurs chefs de gouvernement ont démissionné. Le Premier ministre bulgare Nikolai Denkov a présenté sa démission le 5 mars tandis qu’en Irlande, le Premier ministre irlandais est parti du gouvernement le 20 mars.