La décision américaine de suspendre les livraisons d’armes à l’Ukraine a relancé l’idée que la France devait se remilitariser et augmenter son budget défense pour ne pas dépendre de l’Amérique en ce qui concerne des conflits présents et futurs.
Antoine Armand, député macroniste et ancien ministre de l’Économie, a réaffirmé hier matin sur Public Sénat que l’augmentation des dépenses de défense était une “nécessité”. Une stratégie qui pose la question du financement, alors que le gouvernement cherche à dégager des marges budgétaires à travers des coupes potentielles dans les dépenses sociales, de santé et une remise en question du temps de travail des enseignants et fonctionnaires des collectivités locales.
Une Europe face à elle-même et qui doit repenser son buget militaire
La Maison Blanche ayant cessé toute aide militaire à l’Ukraine, l’Europe se retrouve confrontée à une situation où elle doit repenser sa dépendance militaire et ses relations outre-Atlantique. “Faire, non pas contre eux, mais sans eux“, explique Antoine Armand, en rappelant qu’il y a une “tendance lourde de l’isolationnisme américain” que Donald Trump pourrait amplifier en reprenant “les mots de Poutine“. Le défi est immense pour l’Europe, qui doit prouver sa capacité à soutenir Kyiv sans l’appui logistique et financier des États-Unis. “L’Europe est en capacité d’aider l’Ukraine, nous sommes plus forts que nous le croyons”, affirme-t-il avec optimisme.
Mais alors que la France s’engage à renforcer ses capacités militaires, la question du financement reste au coeur du sujet – Comment allons-nous faire? L’ancien ministre de l’Économie rappelle que la Loi de programmation militaire (LPM) votée au Parlement prévoit un investissement massif dans la défense. Ursula von der Leyen a quant à elle annoncé un plan de soutien à la défense européenne de 800 milliards d’euros.
Pour dégager les fonds nécessaires, Antoine Armand propose de s’attaquer à certaines dépenses publiques. “Est-ce que vous pouvez imaginer un pays qui a 3 300 milliards de dette, 6 % de déficit et qui continue à embaucher davantage de fonctionnaires ?” interroge-t-il. Il plaide ainsi pour une réduction des dépenses sociales et de santé, et appelle à revoir “les gains administratifs” et “l’efficience“.
Dans ce contexte, le temps de travail des enseignants et des fonctionnaires locaux est aussi dans le viseur. “Les instituteurs, les professeurs ont des temps de travail qui méritent d’être regardés“, avance-t-il. L’objectif serait de rationaliser les ressources tout en assurant une meilleure rémunération aux agents publics.
Une Europe prête à réagir face à Trump ?
Un autre front inquiète l’ancien ministre de l’Économie : la guerre commerciale que Donald Trump pourrait relancer. Il met en garde contre une augmentation des droits de douane qui aurait des conséquences négatives pour les Français et les Européens. “Les premiers perdants seront les Français, les Européens et les Américains eux-mêmes“, prévient-il, appelant l’Union européenne à réagir de manière “immédiate et ferme, sans rentrer dans la surréaction“.