19 mars: enseignants en grève
Les huit syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, Fédération Autonome, FO, l’UNSA, Solidaires, Snes-FSU) ont appelé les agents de la fonction publique à se mobiliser le mardi 19 mars pour demander une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail.
Au total, 5,7 millions d’agents de la fonction publique ont répondu à cet appel pour protester contre le refus du gouvernement d’apporter des améliorations salariales et des conditions de travail.
Bien que rare, cette unité intersyndicale dans l’appel à la grève, les organisations représentatives s’attendaient à un taux de grévistes plus faible par rapport aux manifestations contre la réforme des retraites début 2023. Isabelle Vuillet de la CGT a déclaré : “La mobilisation est inégale selon les régions, elle est plus forte dans les métropoles. Nous constatons une forte mobilisation de collègues dans les collèges, notamment dans les réseaux d’éducation prioritaire, qui protestent contre la politique du choc des savoirs”.
Un autre syndicat, majoritaire dans le premier degré, la FSU, a tiré la sonnette d’alarme : “L’école est au bord de l’effondrement”. Le secrétaire général de la Fédération Syndicale Unitaire, Benoît Teste, a expliqué que “l’école manque de tout, en commençant par des salaires décents et dignes”. Il a associé la “dégradation des conditions de travail” à la “crise du recrutement” et aux “conditions de rémunération”. Le syndicat, soulignant la vétusté des établissements en Seine-Saint-Denis, a noté une forte mobilisation dans ce département, avec de nombreuses écoles fermées.
Les syndicats réclament de nouvelles augmentations salariales après des hausses de 3,5 % et 1,5 % accordées en 2022 et 2023. Cependant, le gouvernement s’engage à réaliser des économies budgétaires de 10 milliards d’euros en 2024 et le double en 2025.
Pourquoi les enseignants sont-ils en grève en France?
Les enseignants français sont en grève pour protester contre le phénomène d’épuisement professionnel, communément appelé burn-out, qui touche un nombre croissant d’entre eux. Cette mobilisation met en lumière les différences entre les sexes dans la perception et l’expérience du burn-out, ainsi que l’influence du contexte d’enseignement.
La profession enseignante est reconnue pour ses défis, et les risques de burn-out sont exacerbés par les exigences professionnelles croissantes. Avec 17% de burn-out chez les professeurs, les études ont également montré que les enseignantes sont plus vulnérables au burn-out que leurs homologues masculins.
En effet, elles signalent souvent des niveaux plus élevés d’épuisement émotionnel et une dépersonnalisation accrue par rapport aux enseignants masculins. De plus, les enseignantes du primaire semblent être les plus touchées par ce syndrome.
Au-delà des différences de genre, le contexte d’enseignement joue également un rôle significatif dans le développement du burn-out. Les conditions de travail varient d’un pays à l’autre, ce qui peut influencer la perception des enseignants à l’égard de la profession.
Par exemple, en France, le nombre d’élèves par classe est relativement élevé, tandis qu’en Suisse, il est généralement plus faible. Les enseignants d’éducation physique et sportive ont souvent des charges de travail différentes par rapport aux enseignants dans d’autres disciplines.
De plus, des études ont montré que la motivation autonome des enseignants peut jouer un rôle dans la prévention du burn-out. Les enseignants qui se sentent plus autonomes dans leur travail sont moins susceptibles de souffrir d’épuisement professionnel. Par conséquent, il est essentiel de prendre en compte les facteurs motivationnels dans la conception des politiques visant à améliorer les conditions de travail des enseignants.
La grève des enseignants français met en lumière les défis auxquels ils sont confrontés en termes de santé mentale et de bien-être au travail. Pour résoudre ce problème, des mesures doivent être prises pour réduire les risques de burn-out, en tenant compte des différences de genre et des spécificités du contexte d’enseignement.
Cela pourrait inclure des initiatives visant à renforcer la motivation autonome des enseignants et à améliorer leurs conditions de travail.
Selon l’étude menée par Emma Guillet-Descas et Vanessa Lentillon-Kaestner de l’Université Lyon 1 Claude Bernard et de la Haute École Pédagogique du canton de Vaud à Lausanne, en Suisse, les enseignantes françaises sont plus vulnérables au burn-out que les enseignants suisses et les enseignants français de sexe masculin.
Et il ressort de l’étude que les enseignants masculins d’éducation physique et sportive semblent avoir un risque de burn-out moins élevé que les enseignants dans d’autres disciplines, surtout chez les femmes. L’étude a également révélé que les risques de burn-out semblent différer selon des facteurs individuels tels que le sexe et la motivation, qui sont accentués ou atténués en fonction des contextes d’enseignement.
Auteur / autrice
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Hazal Köse est diplômée en 2023 de la licence en Langue et Littérature Françaises. Elle a également suivi une mineure en langue et littérature anglaise et a obtenu un diplôme de premier cycle en Médias et Communication. Depuis le début de ses études, elle a acquis de l'expérience en stage dans diverses institutions publiques, organisations non gouvernementales et think tanks. Elle parle turc, anglais et français.
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