Après plusieurs mois d’un conflit dévastateur, Israël et le Hamas ont accepté un cessez-le-feu en plusieurs phases, négocié par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis.
Ce plan visait à mettre une fin certaine aux hostilités et à amorcer un processus de reconstruction de la bande de Gaza. Pourtant, la réalité d’un échec plane au-dessus de ce cessez-le-feu, et l’équilibre fragile de cet accord est sans cesse remis en question par des actions militaires et des désaccords politiques.
Un cessez-le-feu qui aurait pu marcher, en théorie.
Le cessez-le-feu repose sur trois phases essentielles : la première a permis la libération de certains prisonniers et la livraison de premiers secours.
C’est l’application de la deuxième phase qui reste incertaine, en raison du blocage israélien des marchandises qui rentrent dans Gaza et mes frappes aériennes ponctuelles qui ravivent les tensions. Les négociations pour la troisième phase, un retrait progressif de l’armée israélienne et une reconstruction massive de l’enclave palestinienne, s’annoncent encore plus ardues.
L’un des points d’achoppement majeurs du processus de paix actuel est le rejet par Israël et les États-Unis d’un plan proposé par les nations arabes pour la gestion post-conflit de Gaza. Ce projet, soutenu par la Ligue arabe, prévoit une administration transitoire par un comité d’experts indépendants et la présence de forces de maintien de la paix internationales. Il s’oppose frontalement à la vision israélienne et américaine qui privilégie un contrôle strict des flux d’armes et une restructuration du territoire sans véritable autonomie pour les Palestiniens.
Washington et Tel-Aviv estiment que ce plan ne prend pas en compte les réalités sécuritaires de la région. Les expériences passées de missions internationales en Cisjordanie, au Liban ou en Syrie ont montré leurs limites face aux groupes armés locaux. L’ONU, qui dispose déjà de forces de maintien de la paix dans la région, n’a pas toujours réussi à empêcher les violences, ce qui alimente le scepticisme des décideurs israéliens et américains.
Une autre option discutée discrètement en coulisses serait de confier la gestion de Gaza à un pays voisin, comme l’Égypte. L’Égypte, tout comme la Jordanie auparavant, a déjà refusé d’assumer un tel fardeau en raison des risques de troubles internes et des tensions diplomatiques que cela engendrerait.
Des violences qui ne se sont jamais arrêtées et ont menacé cet accord dès sa négociation.
Ce matin, un bombardement israélien à Rafah a tué trois Palestiniens. Ce raid aérien est intervenu en réponse à une incursion présumée d’un drone en territoire israélien, selon les autorités de Tel-Aviv.
Le blocus imposé par Israël pour faire pression sur le Hamas complique davantage les négociations. En empêchant l’acheminement de certaines marchandises, Tel-Aviv cherche à obtenir des garanties supplémentaires sur la démilitarisation de Gaza. De son côté, le Hamas insiste sur l’ouverture totale des points de passage et l’entrée sans restriction de l’aide humanitaire.
Dans ce contexte, l’implication de médiateurs internationaux sera peut-être la seule garantie qu’un cessez-le-feu n’échoue pas complètement. L’Égypte et le Qatar jouent un rôle clé dans les pourparlers et tentent d’obtenir des concessions des deux côtés. Le Qatar, en particulier, s’appuie sur ses liens avec le Hamas pour faciliter un dialogue constructif et l’Égypte met en avant ses relations avec Israël et les pays arabes pour servir d’intermédiaire.
Comment parler de la reconstruction de Gaza lors de ce cessez-le-feu?
Une autre problématique de ce cessez-le-feu est la reconstruction de Gaza. L’Égypte a proposé un plan de 53 milliards de dollars où l’on reconstruirait les infrastructures détruites, sans déplacer la population palestinienne. Il propose la construction de 200 000 unités de logement préfabriquées et la réhabilitation de 60 000 maisons endommagées.
La concrétisation de ce plan dépend de nombreux facteurs comme, par exemple, le financement international et des conditions politiques. Les pays occidentaux comme la France hésitent à contribuer massivement tant que le Hamas contrôle une partie de la région, craignant que l’aide ne serve à réarmer le groupe. Israël veut, bien entendu, imposer un cadre strict pour superviser toute reconstruction, ce qui limiterait la souveraineté palestinienne sur ce processus.
Il y a également Donald Trump qui a sous-entendu que Gaza pourrait devenir Cannes 2.0 et donc un lieu qui serait plus ou moins contrôlé par les Occidentaux. Cette perspective rappelle que l’aide humanitaire n’est jamais entièrement charitable.