Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a vivement critiqué la France pour avoir fourni une aide militaire à l’Arménie, mettant en garde contre le risque de déclenchement d’un nouveau conflit dans le Sud du Caucase. Les tensions sont apparues lors d’un appel téléphonique entre le président Aliyev et le président du Conseil européen, Charles Michel, au cours duquel Aliyev a exprimé son mécontentement à l’égard de l’implication de la France dans la région.
Les Préoccupations et Accusations d’Aliyev
Lors de l’appel téléphonique, le président Aliyev a souligné son insatisfaction quant à l’exclusion de l’Azerbaïdjan de la récente déclaration quadrilatérale impliquant l’Arménie. Il a déclaré : “Inclure l’Azerbaïdjan dans la déclaration quadrilatérale sans la participation de l’Azerbaïdjan à Grenade n’était pas la bonne approche.” Il a estimé que cette approche était préjudiciable à la paix et à la stabilité de la région.
La France avait récemment confirmé son intention de fournir des équipements militaires à l’Arménie dans le cadre de contrats futurs visant à renforcer les capacités de défense de l’Arménie. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait fait cette annonce lors de sa visite à Erevan le 3 octobre. Le président français Emmanuel Macron avait critiqué l’Azerbaïdjan, suggérant que les actions de Bakou semblaient violer le droit international.
Le président Aliyev a condamné la fourniture d’armes par la France à l’Arménie, la qualifiant de tentative d’enflammer un nouveau conflit plutôt que de promouvoir la paix. Il a averti que si un nouveau conflit éclatait dans la région, la France en porterait la responsabilité.
De plus, Aliyev a exprimé son désaccord avec la déclaration anti-azerbaïdjanaise du Parlement européen, qu’il a qualifiée de xénophobe et de chauviniste. Il a souligné que de telles actions ne contribuaient pas à la paix et à la stabilité dans le Sud du Caucase.
Les Efforts de l’Union européenne pour la Normalisation
Jeudi, l’Union européenne a invité les dirigeants de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie à des pourparlers de paix à Bruxelles, prévus pour la fin octobre. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a réitéré l’engagement de l’UE envers le processus de normalisation arméno-azerbaïdjanais.
Cependant, le président Aliyev a choisi de ne pas participer à la réunion trilatérale prévue pour protester contre le soutien militaire et diplomatique récent de la France à l’Arménie. Cette décision a entraîné l’annulation de la réunion tant attendue, qui était initialement prévue pour inclure les dirigeants de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie, de l’Allemagne, de la France et du président Michel.
Hikmat Hajiyev, conseiller en politique étrangère du président Aliyev, a révélé que Bakou avait proposé la participation de la Turquie et de l’Espagne à une réunion de planification, mais que la France avait rejeté la proposition. La réunion devait initialement se tenir en marge du sommet de la Communauté politique européenne, une initiative dirigée par le président Macron et qui invitait les dirigeants de plus de 40 pays européens.
L’Appel de l’Iran à la Paix et à l’Intégrité Territoriale
Pendant ce temps, l’Iran, un acteur de longue date dans le conflit du Karabakh, a exprimé son soutien aux efforts de l’Azerbaïdjan visant à reconquérir des territoires perdus et à restaurer son intégrité territoriale. Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Mohammad Baqeri, a souligné que les actions de l’Azerbaïdjan visaient à retrouver son intégrité territoriale et à assurer la coexistence pacifique des minorités dans la région.
L’Iran a encouragé l’Azerbaïdjan et l’Arménie à mettre fin aux hostilités et à mettre un terme à la présence de forces étrangères dans la région. Le gouvernement iranien cherche à transformer les frontières en des frontières économiques plutôt que militaires, conformément à la politique de “bon voisinage” du président Ebrahim Raisi.
Lors de réunions avec des responsables de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, les responsables iraniens ont souligné l’importance de résoudre les problèmes liés au Karabakh par le dialogue et ont insisté sur la nécessité d’éliminer la présence de forces militaires étrangères dans la région.
En conclusion, la mise en garde du président Aliyev à l’égard de la France concernant l’aide militaire à l’Arménie a exacerbé les tensions dans le Sud du Caucase. L’annulation de la réunion trilatérale à Bruxelles met en lumière les défis pour parvenir à une paix durable et à la stabilité dans la région. L’appel de l’Iran en faveur d’une résolution pacifique et de l’intégrité territoriale souligne la complexité de la situation dans le conflit du Karabakh.