Israël fait face à des critiques publiques.
Benjamin Netanyahou plus contesté que jamais. Le gouvernement du Premier ministre israélien fait face depuis dimanche 31 mars à la plus grande mobilisation contre lui depuis le 7 octobre et le déclenchement de la guerre à Gaza.
Après Tel Aviv, c’est devant le Parlement de Jérusalem que des proches d’otages et leurs nombreux soutiens réclament la démission de leur Premier ministre.
La figure de proue du gouvernement d'Israël est plus que jamais contestée.
Nombre de proches d’otages retenus à Gaza ont de nouveau manifesté depuis une semaine devant le Parlement israélien (la Knesset) à Jérusalem. Ils demandent inlassablement au Premier ministre, Benyamin Netanyahou, de démissionner, accusé d’avoir « trahi » la confiance populaire. Certains y passent même la nuit dans des tentes. Entre deux interventions, les participants crient « Élections maintenant ! », actionnent des vuvuzelas si assourdissantes que nombre d’entre eux sont munis de bouchons d’oreilles.
« Vous menez une campagne contre moi, contre les familles d’otages, vous vous êtes retournés contre nous. Vous nous appelez traîtres quand VOUS êtes le traître, un traître à votre peuple, à vos électeurs, à l’État d’Israël », a crié au micro Einav Zangauker. Son fils Matan est retenu dans la bande de Gaza depuis l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre, qui a déclenché une guerre dans la bande de Gaza.
« Tous les otages reviendront dans des cercueils »
L’ancien Premier ministre travailliste Ehud Barak a appelé à sa suite à « des élections maintenant ! » : « L’entrée à Rafah (de l’armée, promise par le gouvernement, NDLR) se produira dans quelques semaines mais l’élimination du Hamas dans quelques mois, et d’ici là tous les otages reviendront dans des cercueils », a-t-il prévenu, jugeant que « même si la libération des otages implique un cessez-le-feu, le Hamas peut être écrasé ».
« Nous sommes sur la bonne voie pour remettre Israël sur les rails. 100 000 personnes devant la Knesset », avait-il écrit lundi sur le réseau social X en postant une photo d’une « ville de tentes ».
Après des semaines de manifestations tous les samedis à Tel-Aviv, les camps des antigouvernementaux et des familles d’otages ont uni leurs forces pour crier leur colère chaque soir depuis dimanche devant la Knesset.
Des heurts entre manifestants et policiers se sont produits mardi soir alors que la foule se dirigeait vers le domicile de Benjamin Netanyahou dans le quartier aisé de Réhavia, rapporte The Times of Israel. Une vidéo publiée sur X par un journaliste du quotidien Haaretz montre Ayala Metzger, belle-fille d’une otage du Hamas, être traînée et évacuée par les forces de l’ordre.
Merav Svirsky a perdu ses parents le 7 octobre dans le massacre du kibboutz Beeri, son frère Itay a été kidnappé et tué en captivité. Pour elle, le Premier ministre « doit partir ». « J’ai été naïve, je n’avais pas compris que notre Premier ministre n’était pas intéressé par leur retour, pour des raisons politiques », a-t-elle témoigné devant les manifestants, souvent très émus.
A 72 ans, Gilad Graber, ancien pilote et combattant de la guerre israélo-arabe de 1973, a dormi dans les tentes sur le site. Il participait déjà, avant la guerre, aux manifestations contre la réforme judiciaire décriée du gouvernement de M. Netanyahou.
Tricoter une écharpe rouge et blanche de 70 km
Nurit Steinfeld, retraitée de 72 ans, elle, y tricote avec d’autres une écharpe rouge (pour la colère) et blanche (pour la paix), symbole aussi d’une attente interminable. Objectif : tricoter 70 km, comme la distance entre Gaza et la Knesset. Ils en sont désormais à 30 km.
« C’est une façon de nous exprimer dans ces temps très difficiles », a-t-elle expliqué à l’AFP, disant son « sentiment que ce pays pourrait ne pas exister encore très longtemps, parce que nous nous sentons menacés de l’extérieur mais surtout de l’intérieur, avec une moitié du pays soutenant un gouvernement que j’estime criminel, corrompu ».
Colère devant le Parlement
« Beaucoup d’entre nous se sentent pris en otages (…). Des deux côtés on ne nous écoute pas, on préfère s’entretuer », a-t-elle ajouté.
Pour une autre mère de famille, son fils Matan fait partie des 250 otages enlevés par le mouvement islamiste palestinien Hamas. Quelque 134 d’entre eux se trouvent encore dans le territoire palestinien.
« Vous avez la responsabilité du 7 octobre de toutes les manières possibles, vous êtes un obstacle à un accord sur les otages, vous ne nous laissez pas le choix, il faut que vous cédiez la place. Et nous continuerons à vous poursuivre et vous n’aurez ni jour ni nuit, tant que mon fils Matan n’aura ni jour ni nuit », a dit Mme Zangauker devant le Parlement.
Pour Omri Rotem, 31 ans, qui accompagne un char pour la paix avec rameaux d’oliviers et dessins de colombes, « tous les grands accords de paix arrivent après des guerres. Pourquoi ne pas saisir cette chance et mettre un terme à tout ça maintenant ? »
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Auteur / autrice
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Diplômée d’une licence de langues, d’un Master Science Po - études politiques et journalisme et d’un Master d’histoire de la Russie, Louison est journaliste politique pour Le Parisien Matin. Elle est spécialisée dans les relations internationales et travaille avec des magazines locaux.
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