Priscillia Ludosky figure sur la liste de Marie Toussaint, candidate des Écologistes pour les élections européennes. Cette colistière, ancienne figure du mouvement des Gilets jaunes, nous a raconté son parcours en tant que militante et ses axes de travail dans le cadre de la campagne.
Priscillia Ludosky, comment avez-vous rencontré Marie Toussaint ?
“Comme Marie Toussaint, je suis très implantée dans le monde militant-es. Et ce notamment depuis 2018. À cette période, j’ai lancé une pétition autour de la taxe carbone qui a fait office de levier pour le mouvement des Gilets jaunes. ” Explique Priscillia Ludosky
L’année d’après, je me suis rendue à l’inauguration d’une base militante qui avait pour vocation de réunir des militant-es engagés autour des questions environnementales. C’est là que j’ai rencontré Marie avec qui j’ai eu une discussion déterminante pour la suite de notre collaboration.
Marie m’a alors demandé si les personnes engagées dans le mouvement des Gilets jaunes se sentaient concernées par l’environnement. Elle a eu la bonne surprise de découvrir que c’était le cas.
Je lui ai en effet raconté que je rencontrais de nombreux Gilets jaunes au sein des manifestations pour le climat. Certains me disaient qu’ils militaient avec des associations locales lorsque d’autres me racontaient, par exemple, avoir été malades du fait de la pollution.
Comme moi, Marie avait, tout au long de son parcours recueilli des témoignages de personnes ayant enduré des violences environnementales.
Nous avons donc eu l’idée d’écrire un livre de témoignages mettant en valeur une lutte par région. L’idée était de démontrer que les violences environnementales ont un impact sur la vie des gens au quotidien. Nous avons aussi décrit les espoirs de ces personnes.”
Les Gilets jaunes sont-ils lié à l’inaction climatique selon Priscillia Ludosky?
“J’explique dans la pétition lancée sur la taxe carbone que, si les automobilistes polluent, c’est parce qu’ils ont été incités à acheter des véhicules sous prétexte que le Diesel ne polluait pas. ” Commence Priscillia Ludosky.
“Aussi, certaines personnes vivent dans des zones au sein desquelles il n y a pas d’alternatives de transports. Ils n’ont donc pas le choix que de se véhiculer. C’est d’ailleurs pourquoi le mouvement des Gilets jaunes a fortement pris en dehors de la région Île-de-France. ”
“Aussi, beaucoup de gens m’écrivaient en me disant qu’ils n’avaient pas le choix que d’avoir plus d’une voiture par ménage. En effet, en grandissant, leurs enfants doivent se déplacer en dehors de leur territoire afin de se rendre sur leur lieu de travail.” Ajoute Priscillia Ludosky.
“En bref, les gens se sont retrouvés avec des véhicules pris à crédits. Et ils doivent payer des taxes, qui elles, ne cessent d’augmenter. De plus, nous les culpabilisons au lieu de les accompagner dans la transition écologique.
J’ai ainsi questionné la manière dont nous créons une mesure écologique au détriment des plus précaires. Et ce, sans responsabiliser les plus gros pollueurs que sont les grandes entreprises. Ce sont des mesures punitives… mais toujours pour les mêmes. On demande par exemple de ne pas polluer alors que les jets privés ne sont pas interdits !
Il faut aussi savoir que le kérosène n’est pas taxé par exemple… Voilà autant de raisons qui créent un lien évident entre le parti Les Écologistes et les Gilets jaunes.“
Qu’est-ce qui a incité Priscilla Ludosky à rejoindre Les Écologistes ?
“Je suis très critique de l’organe politique. Je pense que ce n’est pas un secret. Mais ce que j’ai trouvé intéressant dans la démarche des écologistes est la remise en question de leur fonctionnement.
En témoigne la création des états généraux de l’écologie, un processus lancé en 2023. Il s’agit de comités qui réunissent des personnes membres et non membres du parti. J’ai vu dans ce projet, auquel j’ai participé, un premier signe d’ouverture de la part du parti.
Au final, depuis 5 ans, je travaille avec des militant-es des écologistes sans être dans le parti.
Nous avons par exemple créé des actions de désobéissances civiles ensemble.
Aussi, le mouvement des Gilets jaunes et les écologistes ont travaillé sur des sujets communs. Parmi eux, la taxation verte, les questions de fiscalité (en général), ou encore la TVA réduite sur les produits biologiques et les produits de première nécessité.”
Quels sujets portera Priscillia Ludosky dans le cadre de la campagne des élections européennes ?
“Naturellement, les questions environnementales sont le fil rouge. Mais il y a trois axes précis sur lesquels je travaille. Premièrement, les questions démocratiques, et, plus spécifiquement, la démocratie participative. Un point très important du mouvement des Gilets jaunes. L’idée étant de donner plus de pouvoir aux citoyens au sein du parlement.
Le deuxième volet concerne les questions environnementales et sociales dans les Outre-mer. Je travaille avec des associations locales sur ces sujets. Il faudrait qu’il y ait une meilleure représentation de ces territoires. Mais aussi que les acteurs locaux puissent s’exprimer dans un espace dédié.
Troisième axe : les violences policières. À ce niveau-là, il y a de plus en plus de répressions. Selon les chercheurs, la France est le pays d’Europe qui tue le plus dans le cadre de mouvements sociaux ou d’interpellations.
J’ai envie de faire un état des lieux des pratiques du maintien de l’ordre dans les 27 pays membres afin de mettre en lumière celles de la France. Déjà en 2019, le pays avait été épinglé par L’ONU. Puis, de nouveau, en 2023. “ déclare Priscilla Ludosky.